Le sort de l’hôtel Batelière est désormais scellé, sans surprise majeure. Comme l’avait décidé le tribunal mixte de commerce de Fort-de-France le 18 octobre, la cour d’appel a retenu l’offre du groupe Karukéra (Creole Beach) et de la SARL Casbat-Groupe Cogit. Malgré l’appel interjeté par les anciens actionnaires du groupe Monplaisir et les efforts des salariés pour monter une Société Coopérative de Production (SCOP), les juges ont estimé que les garanties nécessaires pour la continuité de l’exploitation faisaient défaut.
Maître Pascale Mouriesse, avocate de la SA Caraïbes investissements du Groupe Monplaisir, a exprimé sa déception :
Bien évidemment que je ne suis pas satisfaite parce que nous avions montré à la cour que nous avions les moyens de poursuivre cette activité. Maintenant, la cour a estimé de confirmer la décision du tribunal mixte de commerce de Fort-de-France, c’est grave parce qu'on perd une entreprise et c’est surtout grave pour des salariés qui se retrouvent sans emploi.
Maître Pascale Mouriesse, avocate de la SA Caraïbe,au micro d'Irène Emonide et Patrice Château-Dégât
Une SCOP ambitieuse, mais rejetée
Les employés de l’hôtel avaient pourtant imaginé une SCOP, baptisée "Batelière Nouvelle Génération", dans l’espoir de sauver leur outil de travail. Composée d’une vingtaine de salariés, cette coopérative avait réussi à lever 5 millions de fonds pour proposer une offre de reprise. Cependant, la cour a jugé cette proposition économiquement non viable.
Maître Sylvette Romer, avocate de la SCOP, a regretté le verdict tout en saluant les efforts des salariés :
C’est une décision qui a des conséquences extrêmement graves pour la SCOP. Mais il faut que les salariés retiennent qu’ils ont pu monter un dossier de reprise avec des investissements assez importants. Malheureusement, la cour a estimé que notre offre n’était pas financièrement suffisante.
Maître Sylvette Romer, avocate de la SCOP,au micro d'Irène Emonide et Patrice Château-Dégât
"Des familles martiniquaises sur le carreau"
La décision de cession implique la liquidation de l’hôtel, qui sera rasé pour faire place à un nouvel établissement, à construire dans un délai de trois à cinq ans. Aucun des employés actuels ne sera repris dans ce nouveau projet, laissant 53 salariés sans emploi.
Maître Raphaël Constant, avocat des salariés, a exprimé son désarroi face à cette situation :
La cour d’appel a décidé de donner gain de cause aux sociétés Karukéra et Casbat. C’est une décision extrêmement négative pour les salariés parce qu’ils vont tous être licenciés dans les jours qui arrivent.
Maître Raphaël Constant, avocat des salariés,interrogé par Irène Emonide et Patrice Château-Dégât
Cette décision marque un tournant pour l’hôtel Batelière, autrefois fleuron de l’hôtellerie martiniquaise, et "laisse un goût amer" à ceux qui espéraient encore "un avenir meilleur".