James Germain, le griot d’Haïti, s'est installé à la Martinique

James Germain
Depuis presque un an, le chanteur James Germain vit à Fort-de-France. Exilé de son pays natal, Haïti, la Martinique l’a accueilli avec beaucoup d’affection. Il veut mettre son talent à la disposition de son île d’adoption.

L’histoire d’amour entre James Germain et la Martinique a commencé en 1995. C’était à la sortie de son album "Kafou Minwi".

Il avait chanté "Mesi Bondye" avec Malavoi. La chanson, écrite par Frantz Casséus, le père de la guitare classique haïtienne, figure sur l’album Marronage de Malavoi.

 C’est la Martinique qui m’a adopté. Choisir un pays pour vivre, il faut que ça soit un endroit où on se sent bien.

James Germain

Le 18 mai 2024, il dépose ses valises à Fort-de-France. Il n’est plus l’artiste qui vient pour un spectacle, hébergé à l’hôtel et qui dîne au restaurant.

Il vit comme un Foyalais. Il apprend l'histoire de la Martinique à travers ses traditions comme le bèlè et le danmyé. 

Il fait ses courses au marché où il rencontre ses compatriotes.

Le 1er janvier, la fête de l’indépendance d’Haïti, il a passé la journée avec les membres d’une association haïtienne. Il a chanté. 

Les Haïtiens qui me reconnaissent viennent me parler. On voit les Haïtiens comme les personnes qui sont venus prendre le travail des Martiniquais. Mais un Haïtien veut s’intégrer et ils ne sont pas les gens qui viennent pour ne rien faire. Ce qui m’a impressionné lorsque je me balade dans la ville, c’est de voir que les Haïtiens ont ouvert des boutiques.

James Germain

James Germain pense que les Haïtiens sont un peu "renfermés à la Martinique" à cause de la méfiance à leur égard.

On n'a la même histoire et je pense qu'il faut donner une chance à quelqu’un qui vient. C’est un peuple qui se bat tous les jours. Cette résistance a fait qu’on tient malgré tout.

James Germain

Partager son savoir à la Martinique

James Germain, l’une des plus grandes voix d’Haïti, qui a chanté avec les meilleurs artistes de son pays et ailleurs, veut partager son savoir avec les Martiniquais.

Il se décrit comme un ambassadeur des rythmes sacrés des afros descendants.

Formé en chant classique et chant jazz, sa passion reste les chants Vodou.

En janvier 2025, dans le cadre de la semaine Fenêtre(s) sur Haïti à Tropiques Atrium, James Germain a réalisé, pour la deuxième fois, une master class. Chaque édition s’affichait complet.

C'était émouvant. Il y avait des personnes vraiment timides. Une dame que je pensais qui n'allait jamais ouvrir la bouche a fini par chanter au micro pour la première fois.

James Germain

James Germain et Christiane Emmanuel qui a participé à la master classe dans de cadre du festival Fenêtre(s) sur Haïti.

La musique est une mission

Pour James Germain la musique doit toujours raconter une histoire.

Parfois, il se lève avec une idée dans la tête. Cette inspiration, dit-il, vient de l’univers. Il faut simplement  "se mettre à disposition" pour l'entendre.

Chanter c’est beau, mais si c’est chanter pour chanter, j’aurai déjà laissé ce métier. Pour moi il s'agit d'une mission.

James Germain

En 2018, pendant une collaboration avec le DJ Boddhi Satva, les textes sont venus en chantant.

James Germain a vécu en Haiti où il est né en 1969, à Paris, à la République-Dominicaine et au Mali. Il a passé beaucoup de temps à Benin.

J’ai toujours été un exilé, de par mon histoire. La plupart d’entre nous ne connaissent pas nos origines, nos racines. Le fait d'avoir été en Afrique, au Benin, j'ai la sensation d’avoir trouvé une partie de James qui manquait.

James Germain

C’est une autre vie qui commence pour James Germain à la Martinique. Sa mission est de réunir les gens autour de la richesse de la culture caribéenne.