Journée mondiale contre le cancer en Martinique : "on s'est lourdement équipé" d’après les spécialistes locaux

L'"accélérateur de particules" installé à l'hôpital Clarac de Fort-de-France, un nouvel équipement "pour lutter contre le cancer".
Le 4 février est reconnu comme chaque année, journée mondiale contre le cancer. Avec 1 600 nouveaux cas comptabilisés par an, la Martinique n’est pas épargnée par les ravages de cette très lourde pathologie. Parmi les tumeurs les plus fréquentes, il y a celle du sein chez les femmes et celles de la prostate ou du testicule chez les hommes. C'est l'occasion de faire un état des lieux dans l'île en ce début d’année 2025.

En Martinique, on compte près de 1 600 nouveaux cas de cancer par an, pour un peu plus de 700 décès. S’agissant du traitement des cancers féminins, fin 2024, une nouvelle unité de soins a vu le jour à la MFME (Maison de la Femme, de la Mère et de l’Enfant).

Celle-ci a permis d'améliorer la prise en charge de façon significative, explique le docteur Mehdi Jean-Laurent ; il est chef de service à l’unité de chirurgie gynécologique et mammaire au Centre Hospitalier Universitaire de Martinique.

L'une des problématiques dans les circuits de cancérologie en Martinique, c'était le capacitaire de l'hôpital Clarac, avec une quinzaine de postes pour réaliser les chimiothérapies. Aujourd'hui, ce service arrive à ses limites et la mise en traitement posait des difficultés, c'est-à-dire la période entre la décision de traitement systémique de chimiothérapie et le début effectif du traitement était devenu trop long pour nos patients (…). On est passé de plus de 2 mois à moins de 2 semaines depuis l'ouverture de cette unité. Le délai [de prise en charge], quel que soit le cancer, est un critère qualité, directement associé à l'espérance de vie.

Mehdi Jean-Laurent

Le cyclotron : un plus ?

On a changé de siècle clairement ! Lorsqu'on vous dépiste un cancer, quel qu’il soit, on a besoin de faire un bilan de la maladie ; c’est-à-dire de savoir si on a affaire à une maladie localisée, ou est ce qu'on est déjà à un stade dit métastatique.

M. Jean-Laurent

"On s'est lourdement équipé"

Et donc aujourd'hui, l'examen de référence c'est le tep-scanner et pour avoir un tep-scanner, il faut la machine, puis il faut fabriquer les traceurs, ce qu'on appelle le cyclotron. Nous étions l'une des dernières régions à ne pas avoir notre équipement. Du coup, on s'est lourdement équipé, puisque maintenant il est devenu l'un des plus grands centres d'Europe.

M. J-L

Quid des soins de support ?

Les traitements sont lourds et on s’est aperçu qu’il fallait d’une prise en charge globale des patients, afin d’améliorer leur qualité de vie et l'observance, c'est-à-dire il faut qu'ils finissent leur traitement, ce qu'on appelle les soins de support. C’est de l'activité physique adaptée sur prescription, ça peut être de la nutrition pour améliorer l'état nutritionnel des malades, ça peut être un accompagnement psychologique… c'est tout ce qui tourne autour des traitements classiques, pendant et après la prise en charge de leur cancer.

Mehdi Jean-Laurent,

chef de service à l’unité de chirurgie gynécologique et mammaire au CHU de Martinique (au micro de Grégory Gabourg)

Le Cyclotron en Martinique

Chez les hommes, parmi les cancers les plus fréquents sur le territoire, on distingue ceux de la prostate, du colon ou encore du sein. Moins répandu, celui du testicule, dont 3 Martiniquais se sont fait opérer en 2024 dans l’île. L’urologue Johan Rose dite Moderstine, indique l’un des facteurs de risque.

Globalement il n'y a pas de facteur spécifique en dehors de ce qu'on appelle une cryptorchidie. C'est le fait que le testicule ne soit pas complètement descendu, tout simplement parce que la fabrication de spermatozoïdes doit se faire à environ 36° et non pas 37°. Donc le meilleur moyen d’obtenir 36°, c'est d'éloigner le testicule du ventre. La nature a décidé de nous les mettre à distance et si jamais ce testicule ne descend pas totalement, il reste bloqué à un endroit sur ce trajet. Ce testicule cryptorchide est reconnu comme facteur de risque pouvant aboutir à un cancer.

Johan Rose dite Moderstine,

au micro de Xavier Chevalier

Du nouveau dans l’accompagnement des patients

En novembre 2024, KAYSO, une nouvelle société spécialisée dans le secteur de la santé, a été fondée "pour offrir aux patients ultramarins et à leurs familles, une assistance efficace et innovante dans le cadre de leur parcours de soins en France hexagonale". Cette plateforme téléphonique est accessible via un abonnement.

Nous sommes ravis de lancer KAYSO, start-up relevant de l’Economie Sociale et Solidaire. Nous croyons fermement que notre plateforme téléphonique est une approche innovante et qu’elle permettra de faciliter le parcours de soins des patients des Antilles-Guyane. Notre priorité est de leur apporter, grâce à nos services, la sérénité dont ils ont besoin pour aller mieux, profiter de leurs proches et se concentrer sur leur guérison. Notre objectif est d’offrir grâce à nos services une assistance, un accompagnement rigoureux et efficace.

Nathalie Chillan,

la fondatrice

Cette Journée du 4 février est aussi marquée en Martinique par la remise des "Prix Moris 2025", dont la cérémonie a lieu dans un hôtel de Fort-de-France. Ces prix "récompensent ceux dont l’engagement et l’innovation contribuent à faire avancer la lutte contre le cancer et à améliorer la qualité de vie des patients".

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