En 2024, seulement 4,9% des 200 000 élèves inscrits au brevet des collèges ont réussi les examens. Seuls 36% d'entre eux ont passé l'épreuve de mathématiques et 50% l'épreuve d'espagnol, la langue étrangère obligatoire enseignée dans les écoles de la Caraïbe anglophone.
La chute libre des résultats a commencé en 2020
Les rares fois que le Conseil des Épreuves de la Caraïbe (CXC), responsable des programmes scolaires et la mise en place des épreuves du brevet et du baccalauréat, a soumis les résultats du brevet au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), le constat a été alarmant.
En 2022, parmi près de 80 pays, la Jamaïque arrive à la 61e place en lecture, 62e place en mathématiques et 59e en sciences.
En 2024, à la Dominique, environ 2 élèves sur 3 ont échoué aux épreuves de mathématiques.
Chaque année depuis 2018, près de 12 000 élèves n’obtiennent pas le brevet. C'est un vrai handicap pour ceux et celles qui veulent intégrer le monde professionnel où l'anglais et les mathématiques sont obligatoires.
Selon un rapport Lilia Burunciuc, directrice à la Banque Mondiale des pays caribéens, les problèmes dans les établissements scolaires de la Caraïbe sont systémiques.
Les élèves quittent le primaire en échec scolaire. Ils n'arrivent pas à suivre le cursus du collège.
Il existe des inégalités entre les établissements scolaires. Dans les zones défavorisées, les écoles sont sous-financées, les classes surchargées et les enseignants manquent de formation. Les niveaux de la violence sont souvent élevés.
Au Guyana, où il n’y a pas assez de places dans les collèges, les élèves de 6e sont parfois obligés de rester dans les classes du primaire.
Avec les pétrodollars, le gouvernement commence un vaste programme d'investissement dans les infrastructures scolaires.
Les enfants placés dans les écoles dites élitistes, avec l'accès aux leçons privées, vont réussir. L’égalité des chances est loin d’être acquise dans la Caraïbe.
Les collégiens de la Jamaïque en visite au siège du CXC à Barbade.
Un appel à la réforme scolaire
Il y a également des manquements au sein du CXC, Conseil des Epreuves de la Caraïbe (Caribbean Examinations Council).
Depuis 5 ans, Paula-Anne Moore, coordinatrice du Groupe de parents de Barbade, demande une réforme du CXC.
Dans une tribune publiée dans le quotidien Barbados Today, Moore a demandé l'intervention de Mia Mottley, Premier ministre de Barbade, l'actuel président de la CARICOM.
L’administration des épreuves du brevet et du bacclaureat est partagée par le CXC et les ministres d’Éducation de la CARICOM, la Communauté Caribéene. Mais quand les problèmes arrivent personne ne veut assumer la responsabilité ou prendre les decisions.
Paula-Anne Moore, coordinatrice du Groupe de parents de Barbade
Selon Paula-Anne Moore, cette crise est symptomatique de "l’érosion des sociétés caribéennes touchées par des crises économiques, l’émigration, la qualité de l'enseignement, l’absentéisme et même l'incompétence des dirigeants."
Depuis 1979, le CXC, filière de la Communauté caribéenne, organise les épreuves scolaires dans 16 pays anglophones. Le CSEC, Certificat d'enseignement secondaire, est l’équivalent du brevet des collèges. La CAPE, l’Épreuve des compétences avancées équivaut au baccalauréat.