La vie est trop chère en Martinique, comme dans toutes les collectivités d’Outre-mer. C’est un fait, économiquement prouvé. Le coût de la vie a toujours été plus élevé depuis que ces territoires appartiennent à la France. C’est un fait, historiquement vérifié. Les prix de tous les produits et de tous les services disponibles dans nos pays vont rester encore longtemps à niveau élevé. C’est un fait, politiquement attesté.
L’équilibre économique, social et politique dans nos différents pays passe nécessairement par la persistance des prix élevés de tout ce que nous achetons et consommons. Il vaut mieux que chacun de nous en ait pleinement conscience afin de cesser de se faire des illusions sur une prochaine baisse durable des prix. Cette revendication, juste et compréhensible, n’est pas à l’ordre du jour.
Notre modèle de société, notre schéma de développement économique et nos institutions politiques demeurent indépassables parce que nous n’avons pas de modèle de rechange à leur opposer. Ces modèles et schémas se situent dans le long processus de notre histoire. Nous ne pouvons pas y renoncer, pour le moment.
Nos élites ne proposent aucun modèle alternatif
Nos élites économiques, politiques et intellectuelles n’ont pas encore produit des idées, des programmes et des projets foncièrement différents de ceux que nous connaissons. Ce temps viendra peut-être. Pour le moment, les contestations du système dans lequel nous évoluons portent sur les corrections des inégalités qu’il génère, et non sur l’élaboration d’une autre manière de vivre, travailler, produire et prospérer au pays.
Sans revenir sur le passé, il convient de rappeler que chacun de nos territoires a toujours eu une place clairement assignée au sein du vaste empire, puis de la république. Les Antilles, la Guyane, la Réunion et les archipels du Pacifique ont été tour à tour colonies de peuplement, colonie de production, base militaire et marché d’écoulement de la production industrielle et agricole européenne.
A quoi sert son Outre-mer à la France?
Au fil du temps, l’importance géostratégique et l’utilité économique de l’Outre-mer ont considérablement diminué, le monde ne cessant d’évoluer. Pourtant, les liens de domination entretenus depuis de nombreuses décennies avec la France perdurent. Le maintien de ces liens historiques, que nul ne remet vraiment en cause hormis en Nouvelle-Calédonie, implique la persistance de notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Le cas de la Martinique est éloquent. Notre économie se caractérise par un marché étroit de moins de 400.000 consommateurs, empêchant l’expansion de notre production agricole et industrielle. Ce qui nous contraint à l’achat massif de tout ce que nous ne produisons pas. La richesse n’étant pas créée sur place, le chômage reste trop élevé et les salaires trop faibles.
Vu ses pouvoirs, la commission d’enquête parlementaire portée par nos députés pourra mettre en exergue cette dépendance mortifère. Ce qui lui permettra d’ouvrir des perspectives de réflexion afin d’enclencher cette nécessaire révolution économique et politique qui nous donnera les moyens de réduire la cherté de la vie. Ne doutons pas qu’elle travaillera en ce sens, en démontrant ainsi toute son utilité.