Les élus politiques peuvent-ils éviter une grave crise ?

La grève des salariés de la CTM et la difficulté d'établir le dialogue entre les parties en conflit, tendent la situation économique, sociale et politique en Martinique, d'autant que des rumeurs de grèves dans d'autres secteurs sont persistantes...
Depuis le mercredi 13 avril 2016, plus de 70% des salariés de la Collectivité Territoriale de Martinique sont en grève, notamment pour des questions d’organisation, de fonctionnement, d'effectifs et de carrières des agents dans une administration désormais unique. Une grève étonnamment dure dès le début du mouvement avec des blocages des entrées des collèges, lycées et autres bâtiments administratifs de la CTM, à l'aide de cadenas.

Où est Claude Lise ?

Face aux grévistes, l’interlocuteur c'est Alfred Marie-Jeanne, président du Conseil Exécutif et chef des services, selon la loi du 27 juillet 2011*, relative à la Collectivité Territoriale de Martinique. Le président du Conseil Exécutif est bien seul face aux grévistes. Cet aspect de la loi ne lui permet pas (sur le papier) de se faire accompagner par le président de l’Assemblée*, en l'occurrence Claude Lise, ancien président du Conseil Général qui connaît bien les salariés de l'ex institution. 

Davantage d'écoute

Les ex salariés du Conseil Général, environ 3000, sont plus nombreux que les ex salariés du Conseil Régional (près de 900). Ils auraient davantage de difficultés à se fondre dans cette imposante administration. Pour avoir entendu certains d'entre eux, ils expriment le besoin d'être écoutés et entendus. Mais pour l'instant le président du Conseil Exécutif, fort d'une incontestable victoire en décembre 2015, fait preuve de fermeté. Mais la fermeté est-elle suffisante dans ce contexte ?

Alfred Marie-Jeanne peut-il gérer la situation avec seulement une "garde rapprochée" de 4 personnes, ou doit-il prendre conseil auprès d'autres élus aussi expérimentés qui composent sa coalition, RDM-la droite-PCM-Martinique Écologie-Palima...?

Des rumeurs de grève...

L'avènement de la CTM suscite une forte attente car elle exerce toutes les compétences de l'ancien Conseil Général et de l'ancien Conseil Régional (logement, politique sociale, soutien à l'économie, gestion des collèges et des lycées...). Force est d’admettre que quatre mois après sa mise en place (18 décembre 2015) la phase d’apprentissage institutionnel, s’annonce plus longue et se révèle plus laborieuse que prévu.

Aujourd'hui l'administration de la CTM est à l'arrêt. Des dossiers sont davantage en souffrance, collégiens et lycéens voient poindre l'arrivée des examens alors que certains établissements scolaires étaient encore interdits d'accès par les grévistes, en fin de semaine dernière...

Régler le conflit au plus vite à la CTM est impératif d'autant que des rumeurs de grève se font entendre au sein de secteurs économiques importants de la vie locale, notamment dans le domaine des transports, où les conflits ne sont jamais entièrement résolus...




*Loi du 28 juillet 2011 sur les attributions du président du Conseil Exécutif, en matière de gestion du personnel
« Art. L. 7224-12. − Le président du conseil exécutif est seul chargé de l’administration. Il délègue par arrêté, sous sa surveillance et sa responsabilité, l’exercice d’une partie de ses fonctions à chaque conseiller exécutif. Ces délégations subsistent tant qu’elles ne sont pas rapportées.

« Art. L. 7224-13. − Le président du conseil exécutif est le chef des services de la collectivité territoriale de Martinique. Il peut, sous sa surveillance et sa responsabilité, donner délégation de signature en toute matière aux responsables desdits services.
« Il gère les personnels de la collectivité dans les conditions prévues par la loi no 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale.


Répartition des rôles entre le président de l'Assemblée et le président du Conseil Exécutif
*La CTM est structurée autour d’une organisation bicéphale n’impliquant aucun lien de subordination hiérarchique entre le président du conseil exécutif et le président de l’assemblée, lesquels sont d’ailleurs placés au même rang d’un point de vue protocolaire.