La tension est montée d’un cran dans l'après-midi au tribunal correctionnel de Fort-de-France, alors que Rodrigue Petitot, leader du RPPRAC, a été de nouveau interrogé à la barre. Sous le feu des questions de Me Arneton, l'un de ses avocats, il a maintenu ses positions.
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Plaidoiries offensives des parties civiles
Me Alban-Kévin Auteville, avocat du préfet Jean-Christophe Bouvier, a ouvert les hostilités. Dans une plaidoirie ciselée, il a défendu l’importance de protéger les espaces privés de toute intrusion.
La protection que l'on attache au domicile ne s'entend pas qu'à ce qui est clos, mais aussi aux allées, aux dépendances etc.
Me Alban-Kévin Auteville,avocat du préfet Jean-Christophe Bouvier
À propos de l’échange tendu entre son client et Rodrigue Petitot le 11 novembre dernier, il a lancé :
Était-il nécessaire, pour défendre une cause, de violer le domicile de M. Bouvier ?
Me Alban-Kévin Auteville,avocat du préfet Jean-Christophe Bouvier
L’avocate des policiers impliqués dans l’affaire, Me Muriel Renar-Legrand, a enchaîné avec une plaidoirie tout aussi incisive : "M. Petitot a choisi l'intrusion violente, les outrages et la rébellion les 11 et 12 novembre 2024", déclare-t-elle, accusant également le prévenu d’avoir "résisté et ameuté les personnes alentour" lors de son interpellation.
La défense contre-attaque : dénonciation des "mensonges institutionnels"
Avant ces plaidoiries, Me Germany, autre avocat de Rodrigue Petitot, avait déjà planté le décor, en dénonçant hors de l'enceinte "un tissu de mensonges institutionnels" de la part du préfet et des policiers.
Les vidéos qu’on a visionnées montrent beaucoup de mensonges de la part du préfet et des policiers. Je crois que ça affaiblit l’État de droit et l’institution judiciaire. Aujourd’hui elle pourrait gagner un peu de son honneur, qui a été salit et entachée par les mensonges de ces gens qui ont prêté serment.
Me Georges-Emmanuel Germany,(interrogé par Mike Irasque)
Me Germany a également fustigé selon lui, une volonté politique de judiciariser son client, ce qu’il attribue "peut-être aux ordres de plus haut, de ministres d’extrême droite".
C’est un coup porté aux Martiniquais qui souffrent, mais qui se sont toujours relevés, et qui sauront se battre aux cotés de Rodrigue Petitot.
Me Germany,(au micro de Mike Irasque)
"C'est le procès de l'atteinte à l'autorité de l'Etat"
Le parquet n’a pas fléchi face à la défense. "Les faits commis le 11 novembre 2024 étaient proprement inacceptables", a lancé sa représentante.
Celle-ci a requis au nom du ministère public, une peine de 30 mois de prison, dont 15 avec sursis et une période probatoire de deux ans. La procureure a aussi insisté pour que la peine ne soit pas inférieure à 15 mois ferme.
Le parquet a demandé en outre, une interdiction formelle pour l’accusé de se rendre à la résidence préfectorale, ainsi que la réparation des dommages qu’il aurait causés aux policiers impliqués.
De fidèles soutiens à l'extérieur
Durant les débats, plusieurs centaines de personnes ont donné de la voix à l'extérieur du palais jusqu'en milieu de soirée, à l'issue de la plaidoirie des avocats de Rodrigue Petitot.
La défense a plaidé la relaxe
C'est vers 18h45 que les 3 avocats du prévenu ont à leur tour été entendus par le tribunal. Ils ont tenté de démontrer que les infractions reprochées à leur client "ne sont pas constituées", comme l'a souligné Me Bellemare.
"M. le préfet n'a pas été intimidé car rien d'intimidant ne s'est passé", a soutenu de son côté Me Arneton à propos de l'altercation verbale du 11 novembre dernier à la résidence préfectorale.
Arguments à l'appui, Me Germany quant à lui, a dénoncé des "mensonges éhontés" de la part de plusieurs personnes (selon lui, l'ancien préfet de l'île, son directeur de cabinet et des policiers), pour accuser Mr Petitot.
Vous allez commettre une injustice si vous suivez les réquisitions du ministère public" !
Me Germany (à l'endroit du président du tribunal)
Vers 21h45, le tribunal a choisi de renvoyer sa décision au vendredi 24 janvier prochain. Dans l'intervalle, celui qui est encore présumé coupable, a regagné sous bonne escorte sa cellule à la maison d'arrêt de Ducos, où il est en détention provisoire depuis le 29 novembre dernier.