VIDÉO. En quête d'un avenir, la précarité étudiante en Martinique

Reportage Tom Gagnou. ©Martinique la 1ère
Les étudiants étrangers sont nombreux chaque année à venir étudier depuis l’Afrique jusqu’en Martinique, mais pour certains d’entre eux l’aventure étudiante loin de sa famille vire au cauchemar. Mal-logement, frais d’inscription trop élevés, difficulté à joindre les deux bouts… Il faut être courageux pour vouloir continuer.

"C'est ici que je vis", indique Rassoul, 22 ans. Il habite dans ce petit deux-pièces avec un autre étudiant qui dort dans la cuisine. En plus d'être exiguë, l'appartement est insalubre.
Il dort dans une chambre sans fenêtres avec pour seule aération un petit ventilateur. Les deux étudiants déboursent 600 euros par mois à un bailleur martiniquais.

Ce n'est pas aéré, il y a de la moisissure partout. Avec mon collègue qui vit juste à côté, il n'y a pas d'intimité. On se débrouille, mais c'est vraiment difficile.

Rassoul, étudiant étranger au campus de Schoelcher

Arrivé en septembre dernier pour étudier les mathématiques, le jeune Sénégalais doit en plus s'acquitter des frais d'inscription de l'université qui s'élèvent à 2880 euros. Sans certificat de scolarité, il ne peut ni étudier correctement ni travailler pour s'acheter à manger. Loin de sa famille et sans aucune source de revenus, il n'arrive plus à joindre les deux bouts.

La chambre de Rassoul.

Actuellement, nous avons terminé notre semestre. Je ne suis même pas officiellement un étudiant. Je n'ai pas accès à la plateforme des étudiants. Ce n'est vraiment pas facile. Ce que j'ai dépensé pour arriver ici, c'est vraiment beaucoup de sacrifices. La famille en Afrique a beaucoup sacrifié pour moi. C'est déjà difficile pour payer le loyer, les inscriptions, je n'en parle même pas... c'est vraiment difficile. Je ne sais même pas comment je vais faire pour payer cette somme colossale.

Comme Rassoul, ils sont plusieurs dizaines d'étudiants étrangers africains en situation précaire. Ils peuvent compter sur les fidèles de la Mosquée de Balata. Plusieurs fois par semaine à l'occasion de la prière, ils se réunissent et se soutiennent.

Chacun apporte ce qu'il peut financièrement, prépare des repas ou ils font des dons, des offrandes, les aides pour le transport, la recherche de travail. Nous ne pouvons pas fermer les yeux. Nous sommes obligés de faire quelque chose, une action sinon ce n'est pas humain.

Yazan Mansour, secrétaire du centre culturel islamique de Martinique

Chaque année, 800 étudiants étrangers viennent étudier en Martinique. Depuis 2018, ils doivent s'acquitter de droits d'inscriptions différenciés établis par le Ministère de l'Enseignement supérieur. Une source de revenus importante pour les universités, environ 200 000 euros par an pour le campus de Schoelcher. Certains étudiants sont exonérés, mais il faut répondre à des critères bien précis.

Les étudiants qui présentent des notes de très bon niveau sont exonérés. Il y a une commission d'exonération qui se réunit chaque année. Elle s'est réunie cette année et elle a exonéré les étudiants internationaux qui disposaient d'un parcours relativement brillant. Malheureusement, il y a des étudiants qui n'ont pu bénéficier de cette exonération parce que leur parcours n'était pas brillant. Ce sont ces étudiants qui sont aujourd'hui en difficulté.

Pascal Saffache, professeur des universités au campus de Schoelcher

Les étudiants qui comme Rassoul n'ont pas été exonérés ont jusqu'à fin février pour régler leurs frais d'inscription sous peine d'être radiés de l'université.