Sa bio précise qu’il a commencé la photographie artistique et professionnelle en s’installant à Paris. Mais en y réfléchissant bien, Marvin Bonheur réalise qu’il avait déjà un appareil photo dans les mains, dès son enfance : Maman confiait en effet à ses enfants des appareils jetables pour documenter leurs vacances !…
Autodidacte, anti-codes, Marvin Bonheur y voit là les vraies origines de son attrait pour l’image. Là , et aussi dans les souvenirs d’enfance au cœur d’une banlieue du 9-3, le fameux 93, appellation chiffrée du département de la Seine-Saint-Denis.
Dans le podcast L’Oreille est hardie, Marvin Bonheur décrit tout son chemin professionnel pavé d'images, qui croise ses considérations et introspections personnelles (ses origines, ses prises de conscience et ses combats…) :
Là où tout a commencé
C’est une fois installé à Paris que Marvin a commencé, à travers le regard des autres, à prendre conscience de son "identité" de banlieusard (avec tous les clichés qui vont avec : "que de la délinquance, des quartiers chauds et insalubres", etc…) puis plus tard encore, de celle d’homme noir.
D’où l’idée de retourner sur les lieux de son enfance et photographier - et donc documenter - la vraie vie quotidienne de ces quartiers qu’il connaît par cœur. Travail incessant depuis une dizaine d’années et qui aboutira à la parution de ce livre La trilogie du bonheur qui recense une bonne partie de ses photos comme autant de regards colorés, positifs et constructifs sur ces quartiers de la Seine-Saint-Denis…
L'Oreille... et l'oeil !
Du 9-3 aux Etats-Unis ou en Chine, en passant par la Martinique, Mayotte ou Londres, à suivre, en images, le parcours et les espoirs du photographe Marvin Bonheur, recueillis lors de cette rencontre orchestrée lors d’une expo de ses photos à La Montgolfière à Paris, par Emmanuelle de Reynal :
La Martinique et Mayotte en révélateurs
Outre ce 9-3 fondamental dans la vie et le travail du photographe, deux terres d’Outre-mer comptent aussi énormément pour Marvin Bonheur. D’abord, une exploration intime de sa Martinique - où il revenait déjà très régulièrement depuis son enfance avec ses parents fonctionnaires en congés bonifiés…
Besoin ou opportunité, toujours est-il que les deux se sont confondus en parcourant l’île de son œil de photographe jusqu’à en tirer des images qui ramènent l’homme, l’antillais banlieusard, vers son identité caribéenne. Et il n’y a qu’à voir les photos issues de sa série réalisée en Martinique pour s’en convaincre.
L’autre terre, Mayotte, loin des réalités de la Seine Saint-Denis ou des Antilles, lui a apporté autre chose. Il a découvert cette terre de l’Ocean indien, lors d’un travail de résidence où certaines réalités de la vie mahoraise lui sont apparues : il en parle plus précisément dans le podcast L'Oreille est hardie.
Mais c’est pourtant dans ce là -bas, éloigné de tous ses repères qu’il dit avoir pris conscience de sa négritude, peut-être plus encore que lors de ses déplacements et séjour dans la Caraïbe ou ailleurs dans le monde. Une expérience qu’il fixera dans une série intitulée Mayotte, au pays imaginaire (en référence au pays imaginaire dans Peter Pan et aux enfants livrés à eux-mêmes…).
Bonheur pour tout le monde
Et Marvin court le monde, appareil photo au poing, avec un indéniable talent pour fixer sur pellicule ces banlieues qui se ressemblent toutes et sont toutes différentes. Detroit, Londres, Aulnay-sous-bois, mêmes combats ? Pas tout à fait, tout de même…
Mais les photos de Marvin Bonheur révèlent les similitudes de vie, de couleurs, de décors, de jeunesses entre ces villes visitées. Avec un point commun intéressant souligné par son regard posé sur les communautés noires du monde. Un choix inconscient au premier abord puis, avec l'expérience, davantage dirigé et réfléchi, et qui coïncidera aux combats désormais menés par le jeune artiste.
Les objectifs de Marvin Bonheur
L’année devrait être riche pour le photographe : outre la sortie de son livre - qui compile toutes les séries photographiques consacrées à sa chère banlieue qui l’a vue naître - livre en trois chapitres intitulé La trilogie du bonheur (notez le double sens du titre !…) -, Marvin Bonheur poursuit son exploration du monde avec des projets (livres et expos) qui lui feront faire quelques allers-retours entre Détroit, Chicago et New York aux Etats-Unis et Shanghai en Chine, excusez du peu… Il espère également figurer dans une exposition au Musée de l’immigration à la Porte Dorée à Paris au cours de cette année 2025.
Les initiatives se multiplient, donc permettant à Marvin Bonheur de poser son regard artistique un peu partout sur la planète, lui qui n’a aucune intention de se détourner de ses racines... Et c’est ce qui fait aussi le charme de son travail.
Retrouvez le photographe Marvin Bonheur dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
"La trilogie du bonheur" de Marvin Bonheur est publié chez Cé éditions