Mayotte: les barrages se poursuivent, opération de lutte contre l'immigration clandestine en cours

Les barrages mis en place par la population pour protester contre l'insécurité se poursuivaient jeudi matin à Mayotte, où une grande opération de lutte contre l'immigration clandestine était menée par les gendarmes.
Onze points de barrages ont été comptabilisés dans toute l'île. Une grande opération de contrôle par les gendarmes étaient en cours jeudi matin au nord de Mamoudzou, et 42 étrangers en situation irrégulière avaient été interpellés, selon un premier bilan des gendarmes.


La mairie de Mamoudzou paralysée

Pour la deuxième journée consécutive, la mairie de Mamoudzou est fermée. Des habitants bloquent les accès à la mairie pour dénoncer l'insécurité et les violences commises par des bande de jeunes délinquants qui sèment la terreur dans la commune. 


Quatre semaines de contestation

Mayotte est secouée depuis quatre semaines par un mouvement de contestation qui réclame des mesures contre l'insécurité et l'immigration. La ministre des Outre-mer Annick Girardin s'est rendue sur l'île en début de semaine et a annoncé lundi une première série de mesures pour la sécurité et contre l'immigration irrégulière.

Quinze mesures supplémentaires

Mardi, au bout de cinq heures de négociations avec l'intersyndicale et le collectif initiateurs du mouvement, 15 mesures supplémentaires réclamées par ce collectif ont été selon lui acceptées par le gouvernement. Parmi elles, la lutte contre les attestations d'hébergement et de paternité de complaisance, la mise en place de navires supplémentaires contre l'immigration
clandestine, la reconnaissance des associations luttant contre l'insécurité, la lutte contre l'habitat clandestin et le démantèlement des bandes, sources d'insécurité.

Valse-hésitation des organisateurs

Un des porte-parole de ce mouvement, Fatihou Ibrahime, avait alors salué "des avancées réelles" et indiqué que l'intersyndicale proposerait aux manifestants la levée des barrages. Mais ceux-ci sont maintenus et la grève générale se poursuit, ont annoncé mercredi les organisateurs, estimant que "des points manquaient" dans l'accord de principe trouvé avec Mme Girardin, notamment en matière de sécurité.

Retrouvez le reportage de Mayotte la 1ère sur l'opération de gendarmerie de ce matin :

 

Annick Girardin: il faudra du temps pour convaincre la base, le gouvernement tiendra ses engagements
La ministre des Outre-mer Annick Girardin s'est engagée mercredi soir à tenir les engagements pris la veille à Dzaoudzi pour Mayotte, même si les barrages "ne sont pas levés tout de suite", concédant que "ça va prendre du temps de décider la base" à lever les barrages routiers.

Interrogée lors de l'émission Quotidien sur TCM sur le maintien des barrages routiers mercredi, alors que la veille le ministère avait fait part d"un accord de principe" pour leur levée obtenu avec le collectif et l'intersyndicale à l'origine du mouvement qui paralyse l'île depuis un mois, Mme Girardin a estimé qu'"on a une telle colère, une telle peur que ça va prendre du temps" de mettre fin à la crise. "Quand la délégation de 30 personnes (qui a discuté avec elle mardi soir) retourne sur le terrain, la population n'est pas satisfaite, il faut faire le tour des barrages" pour expliquer les engagements du gouvernement, a-t-elle dit.

"Le retour sur le terrain (...) a peut-être été brutal parce qu'on n'a pas suffisamment expliqué ce qui a été mis" sur la table, a dit la ministre, estimant que peut-être "la base est plus dure" que les négociateurs. Pour autant, a affirmé la ministre, "même si l'intersyndicale ne lève pas les barrages tout de suite, moi je ferai ma part de l'engagement, moi je ferai en sorte, sauf si les barrages l'empêchent, que la sécurité soit retrouvée à Mayotte".

Interrogée sur une éventuelle visite sur place d'Emmanuel Macron, réclamée par certains manifestants, Mme Girardin a déclaré que "c'est lui qui le décidera mais ce n'est pas à l'ordre du jour aujourd'hui puisque j'ai d'abord un travail de ministre des Outre-mer à mener et que j'ai mis sur la table des propositions que pour ma part je mènerai".