Mayotte : faible taux de participation à la législative partielle et multiplication des barrages [SYNTHESE]

Election législative partielle à Mayotte
La poursuite des barrages, la prise de position du collectif des citoyens de Mayotte incitant la population à boycotter le scrutin et les pluies diluviennes n’ont dont pas favorisé la participation des Mahorais aux urnes. 

#1 Faible taux de participation

Dans la première circonscription de Mayotte, 38 000 électeurs étaient appelés à se rendre aux urnes ce dimanche pour élire leur député alors que le mouvement contre l’insécurité se poursuit depuis un mois.

Dans ce contexte, les derniers chiffres de la participation ne sont donc pas très élevés. A 19h00 (17h00 à Paris), le taux de participation indiqué sur Mayotte La1ère se montait à 30,35% sur l'ensemble de la circonscription. En juin 2017, ce taux se montait au premier tour à 42,28%. 



La plupart des élus et les organisateurs du mouvement avaient demandé samedi le report du scrutin mais le préfet de Mayotte Frédéric Veau leur a opposé une fin de non-recevoir.

Les organisations syndicales et le collectif des citoyens de Mayotte ont donc incité la population à boycotter le scrutin. Ecoutez Salim Nahouda de l’intersyndicale à l’origine du mouvement contre l’insécurité au micro de Kalathoumi Abdi Hadi de Mayotte La 1ere :

Salim Nahouda


Pour exprimer leur mécontentement certains Mahorais sont allés voter, mais ont décidé de glisser dans l’urne un bulletin avec l’inscription du mot « Sécurité ». C’est le cas de Ditoua Foundi, un électeur interrogé par Aurélien Février de Mayotte La 1ere :

Ditoua Foundi


#2 Sabotages, barrages et débrouille

La matinée a donc débuté dans une certaine confusion. L’accès à plusieurs bureaux de vote a été empêché par des sabotages obligeant la gendarmerie à intervenir. Exemple ici à Acoua :

Mais surtout, les barrages se sont multipliés à Mayotte dont certains sauvages. La circulation reste donc très compliquée sur l’île. Des arbres ont été abattus pour empêcher les électeurs de se rendre aux urnes. Regardez ci-dessous le reportage de Mayotte La1ère :

Les services de transport maritimes ne fonctionnent pas très bien non plus en raison du mouvement populaire contre l’insécurité. Du coup, un système de « débrouille » s’est mis en place pour transporter des personnes entre la Petite et la Grande Terre :


#3 Pluies diluviennes et glissement de terrain

Dans la matinée, de très fortes pluies se sont abattues sur Mayotte, en particulier sur la Petite Terre. L’île subit les effets de la dépression Eliakim. Ces fortes précipitations ont provoqué un important glissement de terrain à Majicavo Koropa. Il n’y a pas de victimes à déplorer.


Cette météo capricieuse couplée aux difficultés de circulation n'a pas favorisé pas la participation des électeurs au vote à l’élection législative partielle de la première circonscription de Mayotte.

#4 Législative partielle, pourquoi ?

Les électeurs doivent choisir entre huit candidats pour le siège de la première circonscription, dont les deux finalistes de juin. Ramlati Ali, devenue la première femme mahoraise députée, avait alors été élue sous l'étiquette PS avant de siéger au groupe LREM à l'Assemblée nationale.

L'élection de Ramlati Ali a été annulée par le Conseil constitutionnel le 19 janvier après un recours de son opposant, l'avocat Elad Chakrina (LR. Par ailleurs, Ramlati Ali a été mise en examen le 14 février pour complicité de fraude électorale dans une affaire de procurations litigieuses lors du précédent scrutin. Ayant fait appel de cette décision, elle se représente sans étiquette.

La surprise est venue mercredi de la présidente du Front national Marine le Pen, qui a appelé à voter pour le candidat LR, démarche inédite pour le parti d'extrême droite. Les Républicains se sont désolidarisés de ce soutien.

"Je tiens à préciser que je ne partage pas les idées du Front national (...) Je note juste que Mme Le Pen fait le constat de ce qui se passe à Mayotte", a déclaré Elad Chakrina, interrogé vendredi par l'AFP.


Parmi les autres candidats figurent Bacar Ali Boto (SE), premier adjoint au maire de Mamoudzou, Daniel Zaidani, ancien président du Conseil général, mis en examen en février 2017 pour détournement présumé de fonds publics dans l'exercice de ses fonctions, Abdullah Mikidadi (LFI), Mouta Bacar (Parti Social Mahorais), Alexandre Alcuyet (Union Populaire Républicaine) et Dinouraini Boina (SE).