La maison d’Anfiati Ambdillah, autrefois fièrement dresée, repose aujourd'hui en un simple champ de ruines. Comme tant d'autres à Mayotte, elle a été balayée par le passage dévastateur de Chido. Tout une vie envolée, et avec elle des années de souvenirs.
Mais au-delà des maisons détruites, c'est un autre lieu essentiel à la comunauté qui a été touché, la madrassat Hidayatoun-Nissa de Chiconi, où femmes et enfants avaient pour habitude de se réunir, de se recueillir et d'apprendre le Coran ensemble.
"Notre madrassat a été emportée par Chido. Ici, on apprend le Coran, on apprend par coeur, les mamans comme les enfants. On est un peu déboussolées parce que tout a été emporté par le vent et on n'a plus de madrassat. On est un peu livrées à nous mêmes parce qu'on arrive plus à se poser comme avant pour apprendre", confie Anfiati Ambdilah.
Un élan de solidarité pour reconstruire
Malgré le choc, la communauté ne baisse pas les bras. Une nouvelle collecte a été organisée pour reconstruire un toit, cette fois en béton, plus résistant. Mais le travail est loin d'être terminé.
Anfiati ajoute, "la dalle est faite mais on a encore besoin d'aide, notamment pour l'électricité.
Pendant le ramadan, c'est une épreuve qui nous pousse à relever des défis. On ne se décourage pas et on continue à apprendre, même en visio
Anfiati Ambdillah peut heureusement s’appuyer sur les membres de l’association Madrassat Hidayatoun-Nissa de Chiconi - une organisation religieuse composée principalement de femmes. Elles ont trouvé refuge au deuxième étage de la mosquée du vendredi pour suivre leurs cours. Mais là encore, Chido a laissé sa marque...
"On avait refait le toit de tôles un mois avant Chido, on venait de le terminer mais il a été emporté. Grâce aux dons des fidèles, de Chiconi on va pouvoir reconstruire en béton", explique Oum Amna, bénévole de l'association.
Une foi plus forte que la tempête
Les enseignantes et les élèves de la madrassat s'adaptent. L'exercice du jour illustre bien leur détermination, une bénévole joue le rôle de la récitatrice, tandis qu'une autre, le Coran en main, vérifie chaque verset.
"Moi je garde le coran dans mes mains pendant que Anfiati récite les versets. Elle doit le faire par coeur et moi, mon rôle est de vérifier qu’elle ne fait pas d’erreur", résume une foundi.
Pour ces fidèles fortement affectées par le cyclone Chido, se tourner vers la religion leur donne la force de continuer.
La présidente de l'association reconnaît que, "se réfugier dans la foi est la meilleure façon de se rapprocher de Dieu, de se donner du courage et de trouver la paix intérieure".
Chido a emporté des toits, des murs et des souvenirs. Mais il n'a fait que renforcer la solidarité et la foi de celles et ceux qui, chaque jour, reconstruisent leur avenir, ensemble.