Le projet de loi d'urgence pour Mayotte a été adopté sans grande surprise ce mercredi 22 janvier et sans grande difficulté : avec 446 voix pour, 2 voix contre et 110 abstentions. Le texte a été pourtant largement critiqué pour ses lacunes, mais il s'agit d'une première étape vers la reconstruction de Mayotte. "Il est dommage que l'agriculture n'ait pas été mentionnée, que la question de l'immigration et des bidonvilles n'y figurent pas. Il était surprenant de constater qu'il était question d'expropriation dans cette loi, mais les débats ont bien rectifié le tir", réagit Yasmina Aouny, écrivaine et porte-parole à Mayotte de la France Insoumise.
L'absence de mesures sur l'immigration
Plusieurs élus mahorais partagent cet avis : le soulagement que le texte ait été adopté sans l'article 10, une mesure très critiquée visant à faciliter les expropriations pour la construction d'ouvrages publics. "Je suis ravi de voir que nos parlementaires ont su travailler ensemble pour défendre Mayotte", se satisfait Daniel Zaidani, conseiller départemental et porte-parole de Marine Le Pen localement. "La question de l'immigration a été évoquée, ça a permis de faire comprendre ce qui se passe à Mayotte."
"Le choix a été fait de ne pas inclure un volet immigration, car ça allait cristalliser les débats alors que la loi doit être adoptée en urgence, je ne peux que regretter ce choix", explique Mariam Saïd Kalam, conseillère départementale et porte-parole de Renaissance. "Nous allons continuer à travailler avec nos parlementaires puis veiller à l'application de cette loi." Ils savent que cette déception n'est que de courte durée : le vrai dossier législatif pour la reconstruction du département viendra d'ici trois mois avec la présentation de la loi-programme pour Mayotte, censée répondre aux crises notamment sur ce volet.
"Une amorce pour la reconstruction"
"Malgré l'urgence, vous refusez de prendre à bras-le-corps le problème structurel que nous rencontrons et sur lequel nous vous alertons : la question du cadastre, du recensement et surtout la question de l'immigration clandestine", avait averti la députée Anchya Bamana, s'exprimant pour le groupe Rassemblement national avant le vote du texte et dénonçant un gouvernement "qui écoute d'une oreille pour mieux ignorer de l'autre."
"Cette loi d'urgence pour Mayotte n'est qu'un début, un texte technique qui n'est qu'une amorce pour la reconstruction", a ajouté avant le vote la députée Estelle Youssouffa, rapporteure du texte. "Je voterai pour cette loi d'urgence pour Mayotte, mais à ce jour, le gouvernement n'a annoncé aucun financement pour cette reconstruction." Elle a également appelé le Sénat à "protéger lui aussi les propriétaires mahorais", craignant que les sénateurs ne fassent revenir la mesure sur les expropriations supprimée par les députés.