"On a passé la nuit ici, le gouvernement nous a laissés là, on a nulle part où aller", se désole Nixon. Il fait partie des 300 migrants, principalement des demandeurs d'asile et des réfugiés, évacués du collège de Kwalé ce lundi 3 février. Ils ont été laissés au niveau du parc de Passamainty, et se sont rassemblés depuis devant les locaux du village relais de Coallia, à Tsoundzou. "Le soir, c'est dangereux de passer la nuit à la rue, il y a les délinquants, on a préféré venir ici", précise-t-il. Ils espèrent aussi pouvoir y loger. "On nous a dit que des gens allaient bientôt voyager."
Un volontaire d'une association est passé en voiture déposer des cartons de compotes et de nourriture déshydratée. "On croyait que le gouvernement allait nous aider, mais on a personne, on est au bord de la route comme des chiens", peste un migrant. Selon nos informations, une vingtaine de personnes ont été prises en charge en charge par l'association Coallia. "Les publics vulnérables, familles, enfants, femmes seules avec enfant se sont vus proposer une solution de prise en charge", précise la préfecture sans préciser le nombre de personnes concernées.
"des migrants que je devrai relâcher dans la nature"
"La préfecture nous a dit qu'il n'y avait pas de solution pour nous, les célibataires", résume un migrant. "J'ai passé la nuit sous un arbre. La protection que donne la France, c'est seulement pour les familles ou aussi pour les célibataires ?" Suite au passage du cyclone Chido, de nombreux migrants étaient hébergés dans des établissements scolaires avant d'être réunis au collège de Kwalé le lundi 20 janvier. Ce jour-là, le préfet prévoyait de les rassembler dans un camp en tente situé dans le gymnase en chantier de Kawéni, sur le chantier du renouvellement urbain.
La municipalité s'y était opposée ainsi qu'un collectif d'habitants qui avaient bloqué la route nationale pour dénoncer ce projet. Le préfet, François-Xavier Bieuville, s'était alors rendu sur place pour négocier. Il avait expliqué qu'il s'agissait d'une solution temporaire le temps de faire des aménagements pour installer ailleurs des sanitaires et des tentes, "des choses qui permettent de recevoir du monde." Le représentant de l'État avait alors mis en garde : "ce temps-là, si je ne l'ai pas, on se retrouve dans une situation bloquée, avec des migrants que je devrai relâcher dans la nature parce que je n'ai pas d'autre choix."