6 000 tonnes de déchets qui auraient dû être exportés ou traités par les infrastructures locales. Depuis le 4 février, ils sont tout simplement brûlés à Hajangua et génèrent des fumées qui inquiètent les habitants. Face à cette situation, la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) a lancé une campagne d’analyse de la qualité de l’air, confiée à l’observatoire Hawa Mayotte.
Un suivi en différé
Bruno Brouard-Foster, directeur de Hawa Mayotte, explique la mise en place du dispositif de surveillance, "Suite au cyclone Chido, un grand nombre de déchets ont été accumulés sur l’île. La préfecture de Mayotte a décidé d’en brûler une partie sur le site de Hajangua. La DEAL nous a mandatés pour suivre cette campagne de brûlage. Nos moyens de mesure ayant été très affectés, nous avons mis en place des dispositifs de mesure intégrative, c’est-à-dire en différé, et non en temps réel."
Plusieurs capteurs ont été installés à différents endroits pour analyser la pollution engendrée par ces incinérations. "Sur environ sept à huit emplacements, nous avons installé des capteurs mesurant différents polluants comme l’acide chlorhydrique ou les oxydes d’azote. Trois capteurs de poussières ont également été positionnés en fonction des vents dominants. Malheureusement, nous sommes en période de transition climatique et les vents tournent dans le mauvais sens pour le village d’Hajangua."
Un risque immédiat pour la santé
Si la collecte des données est toujours en cours, Bruno Brouard-Foster rappelle que les fumées issues de la combustion de déchets sont nocives. "Depuis plusieurs années, notre message est clair, dès qu’il y a des fumées, il y a des polluants de l’air, et ils sont nocifs pour la santé, quels qu’ils soient. Quand on brûle un mélange de plastiques et de déchets ménagers, il y a un véritable cocktail chimique qui se dégage."
Les effets sur la population peuvent être immédiats, surtout chez les personnes les plus fragiles, "cela peut provoquer des toux, des maux de tête, des irritations. Et les effets n'apparaissent pas après plusieurs années comme la cigarette, par exemple, là les effets sont immédiats."
Une solution par défaut ?
Si le brûlage des déchets ménagers est interdit en France, la préfecture a accordé une dérogation dans ce contexte de catastrophe naturelle. Une pratique qui a déjà été observée sur d’autres territoires insulaires après des cyclones ou des ouragans.
"À Saint-Martin, après un ouragan, ils ont procédé de la même manière. Il y a aussi eu des cas similaires à La Réunion. Dans les territoires isolés, évacuer ces déchets est extrêmement difficile et coûteux, d’autant plus qu’ils sont souvent souillés, mélangés à de la terre et des branchages, ce qui rend le tri impossible."
Si cette solution a été privilégiée faute d’alternative rapide, ses conséquences sur la santé et l’environnement restent une préoccupation majeure pour les habitants d’Hajangua.
Les résultats des analyses de cette campagne seront communiqués par Hawa Mayotte à la DEAL une fois les 6 000 tonnes de déchets brûlés. D'ici là, la vigilance demeure de mise, notamment pour les personnes les plus vulnérables.