Plus de sept semaines après le passage du cyclone, les dégâts provoqués par Chido sont encore bien visibles chez Moumine Ali. Cet habitant de M'tsapéré a réparé avec des planches et des bâches son plafond, comme il le montre aux équipes de la fondation des architectes de l'urgence. "Les parties de toits en tôle, le plafond, il y a un peu de dégâts sur l'électricité, la cuisine est abîmée, les meubles, le bureau, l'ordinateur", énumère-t-il comme une litanie, alors que la pluie continue de s'infiltrer dans son salon.
Il est loin d'être le seul : la fondation a diagnostiqué un échantillon de 2.300 bâtiments et s'est appuyée sur des photos satellites pour estimer les ravages provoqués par le cyclone, dans le but de chiffrer la reconstruction du département. Les architectes gardent le chiffre confidentiel, il sera destiné aux pouvoirs publics, mais le ministre des Outre-mer Manuel Valls a déjà annoncé que le montant dépassera les trois milliards d'euros.
30.000 logements à recréer
Selon la fondation, 30.000 logements sont à recréer à Mayotte. Un chantier qui prendra de 5 à 10 ans pour une reconstruction durable. "Il y a des constructions qui fonctionnent contre les cyclones, avec des ancrages plus forts, des fixations spécifiques, il y a des bâtiments qui ont tenu, des toitures qui ont résisté", explique Caroline Aubry, la coordinatrice des architectes de l'urgence pour Mayotte. "Là ce qui est important, c'est de reconstruire avec des choses qui peuvent résister aux cyclones et aux séismes."
Si les architectes vont quitter le département, le travail de traitement des données se poursuit. "Il fallait d'ici fin janvier estimer les dégâts, donc comment on revient à avant Chido, pour fin février il faut l'estimation d'une reconstruction qui soit plus adéquate", ajoute-t-elle. Reste à savoir si le gouvernement aura les finances pour cela, alors que le gouvernement joue son avenir sur l'examen du projet de loi de finances.