Beaucoup d' habitants de Mayotte souffrent d' hypertension artérielle HTA. Certains négligent leurs traitements, d'autres consultent trop tard les médecins. Après notre article sur l'hypertension, cette tueuse silencieuse, voici la suite : l'hypertension artérielle et les troubles sexuels.
L'hypertension artérielle expose les patients à des troubles de l’érection.
Beaucoup d’études américaines ont montré un lien étroit entre dysfonction érectile et les facteurs de risque cardiovasculaire tels que le diabète, l’excès de cholestérol, le tabagisme et l’hypertension artérielle.
La prévalence des dysfonctions érectiles est nettement plus importante dans la population traitée pour hypertension artérielle HTA que dans la population générale. En fait, le trouble érectile serait un allié important tout comme l' HTA pour diagnostiquer une maladie vasculaire.
EMMANUEL TUSEVO : Docteur Xavier Luanika, avant d'entrer dans le vif du sujet d' aujourd'hui, pouvez-vous revenir sur l' essentiel de ce qu'il faut se rappeler sur l' hypertension artérielle ?
Docteur XAVIER LUANIKA : en audio
EMMANUEL TUSEVO : C'est quoi une dysfonction érectile?
Dr XAVIER LUANIKA : La dysfonction érectile est définie comme l’incapacité persistante ou récurrente pendant au moins 3 mois d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour une activité sexuelle.
La dysfonction érectile doit être connue et recherchée par le cardiologue car c'est un puissant facteur prédictif de maladie coronaire, surtout chez les hommes âgés de moins de 60 ans.
EMMANUEL TUSEVO : Qu'est-ce qu'une érection?
Dr XAVIER LUANIKA : Une érection est un phénomène complexe qui fait intervenir des facteurs psychologiques, hormonaux, neurologiques, vasculaires et tissulaires.
Anatomiquement, ce sont deux tubes situés sur les côtés de la verge ou corps caverneux qui sont qui sont responsables de l’érection. Cette structure est constituée des petits lacs sanguins (lacunes) délimités par des fibres musculaires dont l’état de contraction ou de relaxation détermine l’érection ou non.
Concrètement, le corps caverneux est semblable à une éponge. Lorsque les fibres musculaires sont contractés, l’éponge est serrée seule une quantité minuscule de sang peut rentrer dans les lacunes, alors il n’y a pas d’érection. Au contraire, quand elles sont relaxées l’éponge s’ouvre, les lacunes peuvent se remplir abondamment de sang pour atteindre l’état d’érection.
EMMANUEL TUSEVO : Quelle est la probabilité de survenue de troubles sexuels selon l’âge?
Dr. XAVIER LUANIKA : La probabilité de survenue de troubles sexuels augmente avec l’âge. Elle est doublée chez les patients ayant des troubles cardiovasculaires. Les facteurs de" risques sont également des facteurs qui ont un impact négatif sur la fonction érectile.
L'âge est un élément important dans la prise en charge du patient.
La prévalence avant 35 ans est inférieure à 3% et relève des cas particuliers : post traumatisme, antécédent familial ou personnel cardiovasculaire. entre 35 et 50 ans, la prévalence est plus importante 3à10%, l’étiologie vasculaire doit être évoquée mais pas en exclusivité.
Au delà de 50 ans, l’atteinte vasculaire domine et après 60 ans augmente à plus de 25%.
Certaines études disent qu'à un moyen âge de 69 ans, seuls environ 18% des sujets sans antécédents ne souffrent pas de troubles de l’érection.
EMMANUEL TUSEVO : Quels sont les autres troubles sexuels associés à une dysfonction d'érection?
Dr. XAVIER LUANIKA : Il faut savoir aussi que d' autres troubles sexuels peuvent souvent être associés à une dysfonction d' érection et qui sont à rechercher lors d' une prise en charge médicale du patient tels que trouble d' éjaculation, trouble du désir, des rapports douloureux et anomalie de morphologie de la verge.
EMMANUEL TUSEVO : La dysfonction érectile est-elle un marqueur de maladie cardiovasculaire?
Dr. XAVIER LUANIKA : Tout à fait !
Les deux cavités spongieuses dénommées corps caverneux à l’intérieur du pénis sont très riches en vaisseaux sanguins.Une dysfonction érectile peut être un des premiers signes précoces d’atteinte du système vasculaire. En effet, le trouble sexuel et les maladies cardiovasculaires sont intimement liés. Outre les facteurs de risque et les mécanismes physiopathologiques connus, de nombreux traitements utilisés dans l’une ou l’autre de ces pathologiques ont un retentissement.
EMMANUEL TUSEVO : Quel est l'impact du traitement sur la dysfonction érectile?
DOCTEUR XAVIER LUANIKA : Il est très difficile d’évaluer l’impact du traitement médical dans la survenue de cette maladie. La connaissance de ces anomalies est très largement partagée chez les médecins et les patients, en particulier concernant certains traitements antihypertenseurs.
Le patient ne doit jamais arrêter son traitement antihypertenseur mais doit consulter ou solliciter son médecin pour vérifier l’imputabilité du traitement pour l’arrêt ou non des médicaments "anti-érectiles" incriminés.
EMMANUEL TUSEVO : Quelle est la prise en charge de la dysfonction érectile?
Dr. XAVIER LUANIKA : Il convient de traiter le symptôme et la cause.
Plusieurs approches médicales peuvent être proposées, le recours à la chirurgie réparatrice est exceptionnel.
- Prendre en charge la santé non sexuelle : diabète, hypertension artérielle, excès de cholestérol, atteintes cardiovasculaires, apnées et troubles du sommeil, voire l’hygiène de vie en général: excès pondéral, sédentarité, alcoolisme, tabagisme, fatigue chronique, stress, autres addictions.
- Psychothérapie et sexologie peuvent être envisagées selon les cas.
- Le traitement d’aide à l’érection est très souvent pharmacologique.
Trois voies d’administration sont possibles pour le traitement médical: orale, intra caverneuse ou intra urétrale.
- L'approche mécanique avec pompe à vide qui aspire et maintient le sang à l’aide d’un anneau pénien ou un traitement chirurgical palliatif avec prothèses semi-rigides ou gonflantes sont plus rarement proposés.
Que faut-il retenir en conclusion ?
Force est de constater une frilosité réelle à aborder ou s’occuper de cette question de la dysfonction érectile dans nos consultations.
Pourtant, la demande est souvent peu exprimée d' autant que ce symptôme clinique est aussi un des témoins majeurs du risque cardiovasculaire.
Aujourd'hui, il faut savoir qu’il est possible d’améliorer la santé sexuelle donc la santé globale du patient et sa qualité de vie de couple, déjà polluée par de nombreuses contraintes.
A l’heure où de grands progrès ont été accomplis en termes d'allongement de la durée de la vie, il est temps de se préoccuper aussi de la qualité de vie sexuelle des cardiaques.
En 1992, des experts internationaux se sont rassemblés pour mieux identifier les causes médicales du trouble de l’érection et à cette occasion, ils ont décidé d’un accord de ne plus parler " d'impuissance". en effet, ce terme jugé trop péjoratif est désormais remplacé par " dysfonction érectile" ou plus simplement, trouble de l’érection.
Y a-t-il un historique de ce trouble sexuel ? Pourquoi on ne dit plus "impuissance «mais on dit "dysfonction érectile" ou " trouble de l’érection"
Au début des années 90, ainsi aux premières années du XX siècle, le terme d’impuissance désignait la dysfonction d’érection comme une maladie orpheline avec une physiopathologie très obscure, maléfique associée à un traitement fantaisiste.
Mais avec l’avènement de traitements médicaux efficaces et facile à prendre et à prescrire au milieu des années 90 ont fait passer la dysfonction d’érection de maladie, orpheline à celle de maladie universelle. De celui de malédiction imprévisible à celui d’indication d’état de santé cardiovasculaire.
Il faut savoir qu’en ce début du XXI siècle pour un cardiologue, la dysfonction d’érection est devenue un allié pour diagnostiquer une maladie vasculaire ou cardiaque car des sujets souffrant de dysfonction d’érection ont un risque plus élevé de faire un accident vasculaire dans les 10 années qui suivent le diagnostic.
Beaucoup d’études américaines ont montré un lien étroit entre dysfonction érectile et les facteurs de risque cardiovasculaire tels que le diabète, l’excès de cholestérol, le tabagisme et l’hypertension artérielle.
La prévalence des dysfonctions érectiles est nettement plus importante dans la population traitée pour hypertension artérielle HTA que dans la population générale. En fait, le trouble érectile serait un allié important tout comme l' HTA pour diagnostiquer une maladie vasculaire.
EMMANUEL TUSEVO : Docteur Xavier Luanika, avant d'entrer dans le vif du sujet d' aujourd'hui, pouvez-vous revenir sur l' essentiel de ce qu'il faut se rappeler sur l' hypertension artérielle ?
Docteur XAVIER LUANIKA : en audio
HTA
Dr XAVIER LUANIKA : La dysfonction érectile est définie comme l’incapacité persistante ou récurrente pendant au moins 3 mois d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour une activité sexuelle.
La dysfonction érectile doit être connue et recherchée par le cardiologue car c'est un puissant facteur prédictif de maladie coronaire, surtout chez les hommes âgés de moins de 60 ans.
C'est quoi la dysfonction érectile ?
Dr XAVIER LUANIKA : Une érection est un phénomène complexe qui fait intervenir des facteurs psychologiques, hormonaux, neurologiques, vasculaires et tissulaires.
Anatomiquement, ce sont deux tubes situés sur les côtés de la verge ou corps caverneux qui sont qui sont responsables de l’érection. Cette structure est constituée des petits lacs sanguins (lacunes) délimités par des fibres musculaires dont l’état de contraction ou de relaxation détermine l’érection ou non.
Concrètement, le corps caverneux est semblable à une éponge. Lorsque les fibres musculaires sont contractés, l’éponge est serrée seule une quantité minuscule de sang peut rentrer dans les lacunes, alors il n’y a pas d’érection. Au contraire, quand elles sont relaxées l’éponge s’ouvre, les lacunes peuvent se remplir abondamment de sang pour atteindre l’état d’érection.
C'est quoi une érection, docteur ?
EMMANUEL TUSEVO : Quelle est la probabilité de survenue de troubles sexuels selon l’âge?
Dr. XAVIER LUANIKA : La probabilité de survenue de troubles sexuels augmente avec l’âge. Elle est doublée chez les patients ayant des troubles cardiovasculaires. Les facteurs de" risques sont également des facteurs qui ont un impact négatif sur la fonction érectile.
L'âge est un élément important dans la prise en charge du patient.
La prévalence avant 35 ans est inférieure à 3% et relève des cas particuliers : post traumatisme, antécédent familial ou personnel cardiovasculaire. entre 35 et 50 ans, la prévalence est plus importante 3à10%, l’étiologie vasculaire doit être évoquée mais pas en exclusivité.
Au delà de 50 ans, l’atteinte vasculaire domine et après 60 ans augmente à plus de 25%.
Certaines études disent qu'à un moyen âge de 69 ans, seuls environ 18% des sujets sans antécédents ne souffrent pas de troubles de l’érection.
L' âge et les troubles sexuels
EMMANUEL TUSEVO : Quels sont les autres troubles sexuels associés à une dysfonction d'érection?
Dr. XAVIER LUANIKA : Il faut savoir aussi que d' autres troubles sexuels peuvent souvent être associés à une dysfonction d' érection et qui sont à rechercher lors d' une prise en charge médicale du patient tels que trouble d' éjaculation, trouble du désir, des rapports douloureux et anomalie de morphologie de la verge.
AUTRES TROUBLES SEXUELS
EMMANUEL TUSEVO : La dysfonction érectile est-elle un marqueur de maladie cardiovasculaire?
Dr. XAVIER LUANIKA : Tout à fait !
Les deux cavités spongieuses dénommées corps caverneux à l’intérieur du pénis sont très riches en vaisseaux sanguins.Une dysfonction érectile peut être un des premiers signes précoces d’atteinte du système vasculaire. En effet, le trouble sexuel et les maladies cardiovasculaires sont intimement liés. Outre les facteurs de risque et les mécanismes physiopathologiques connus, de nombreux traitements utilisés dans l’une ou l’autre de ces pathologiques ont un retentissement.
Médicaments et troubles sexuels
EMMANUEL TUSEVO : Quel est l'impact du traitement sur la dysfonction érectile?
DOCTEUR XAVIER LUANIKA : Il est très difficile d’évaluer l’impact du traitement médical dans la survenue de cette maladie. La connaissance de ces anomalies est très largement partagée chez les médecins et les patients, en particulier concernant certains traitements antihypertenseurs.
Le patient ne doit jamais arrêter son traitement antihypertenseur mais doit consulter ou solliciter son médecin pour vérifier l’imputabilité du traitement pour l’arrêt ou non des médicaments "anti-érectiles" incriminés.
Traitements
EMMANUEL TUSEVO : Quelle est la prise en charge de la dysfonction érectile?
Dr. XAVIER LUANIKA : Il convient de traiter le symptôme et la cause.
Plusieurs approches médicales peuvent être proposées, le recours à la chirurgie réparatrice est exceptionnel.
- Prendre en charge la santé non sexuelle : diabète, hypertension artérielle, excès de cholestérol, atteintes cardiovasculaires, apnées et troubles du sommeil, voire l’hygiène de vie en général: excès pondéral, sédentarité, alcoolisme, tabagisme, fatigue chronique, stress, autres addictions.
- Psychothérapie et sexologie peuvent être envisagées selon les cas.
- Le traitement d’aide à l’érection est très souvent pharmacologique.
Trois voies d’administration sont possibles pour le traitement médical: orale, intra caverneuse ou intra urétrale.
- L'approche mécanique avec pompe à vide qui aspire et maintient le sang à l’aide d’un anneau pénien ou un traitement chirurgical palliatif avec prothèses semi-rigides ou gonflantes sont plus rarement proposés.
Que faut-il retenir en conclusion ?
Force est de constater une frilosité réelle à aborder ou s’occuper de cette question de la dysfonction érectile dans nos consultations.
Pourtant, la demande est souvent peu exprimée d' autant que ce symptôme clinique est aussi un des témoins majeurs du risque cardiovasculaire.
Aujourd'hui, il faut savoir qu’il est possible d’améliorer la santé sexuelle donc la santé globale du patient et sa qualité de vie de couple, déjà polluée par de nombreuses contraintes.
A l’heure où de grands progrès ont été accomplis en termes d'allongement de la durée de la vie, il est temps de se préoccuper aussi de la qualité de vie sexuelle des cardiaques.
En 1992, des experts internationaux se sont rassemblés pour mieux identifier les causes médicales du trouble de l’érection et à cette occasion, ils ont décidé d’un accord de ne plus parler " d'impuissance". en effet, ce terme jugé trop péjoratif est désormais remplacé par " dysfonction érectile" ou plus simplement, trouble de l’érection.
Y a-t-il un historique de ce trouble sexuel ? Pourquoi on ne dit plus "impuissance «mais on dit "dysfonction érectile" ou " trouble de l’érection"
Au début des années 90, ainsi aux premières années du XX siècle, le terme d’impuissance désignait la dysfonction d’érection comme une maladie orpheline avec une physiopathologie très obscure, maléfique associée à un traitement fantaisiste.
Mais avec l’avènement de traitements médicaux efficaces et facile à prendre et à prescrire au milieu des années 90 ont fait passer la dysfonction d’érection de maladie, orpheline à celle de maladie universelle. De celui de malédiction imprévisible à celui d’indication d’état de santé cardiovasculaire.
Il faut savoir qu’en ce début du XXI siècle pour un cardiologue, la dysfonction d’érection est devenue un allié pour diagnostiquer une maladie vasculaire ou cardiaque car des sujets souffrant de dysfonction d’érection ont un risque plus élevé de faire un accident vasculaire dans les 10 années qui suivent le diagnostic.
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