Les commerçants "non-essentiels" peinent à se relever à Mayotte depuis le cyclone Chido

Dans ce magasin de décoration intérieure à Dzoumogné, les clients se font rare depuis le passage du cyclone Chido
Le cyclone Chido a mis à terre le milieu économique mahorais. Si certains secteurs ont retrouvé des clients, les entreprises dites "non-essentielles" sont à la peine. En cette période de crise, difficile de vendre du divertissement ou de la décoration.

Abdouzoubeir Rouchdi parcourt du regard son magasin : des éléments de décoration intérieure colorés élégamment disposés, mais pas un client à l'horizon. Il en avait une quinzaine par jour avant le passage du cyclone Chido, depuis cinq personnes en moyenne lui achètent des produits. "On a ouvert il y a un an, on a eu les barrages, c'était compliqué, mais on s'est relevé. Et maintenant c'est le cyclone", résume ce responsable du magasin Ocean Déco à Dzoumogné. "C'est dur, heureusement qu'on a des clients fidèles."

Une partie des dégâts causés par le cyclone Chido

Il doit également faire avec les dégâts laissés par Chido. Une partie de la boutique a été inondée, jusqu'à 3.000 euros de produits ont été perdus. Le commerçant se sent désemparé entre une assurance qui tarde à l'indemniser et des difficultés pour se réapprovisionner. "Je ne sais pas à quelle porte toquer pour bénéficier d'aides. Je me sens délaissé, mais bon c'est le sentiment qu'ont à peu près tous les commerçants actuellement", ajoute-t-il.

 "On comprend que les gens préfèrent reconstruire"

Cette situation est partagée au QG des gamers, dans le quartier des Hauts-Vallons à Mamoudzou. L'ambiance est moins calme et élégante, au milieu des néons et des bornes d'arcade crachant musiques et bruitages pour attirer les amateurs de jeux vidéo, s'ils étaient présents. "On comptait sur les vacances pour faire tourner la salle, mais avec ce qu'on vient d'avoir, ça a été catastrophique", résume le gérant Karim Abderemane. Il a conscience de ne pas être "essentiel", la catégorisation établie durant le Covid restant ancrée dans les mémoires. "On comprend que les gens préfèrent reconstruire et s'acheter à manger", ajoute le commerçant.

Depuis le passage du cyclone, l'État a notamment annoncé un allégement de la fiscalité avec la mise en place d'une zone franche globale et le déploiement d'une aide d'urgence. Un décret a été publié pour cela le 14 janvier. Les entreprises, créées avant le 31 octobre 2024 peuvent bénéficier d'une compensation pour les mois de décembre et de janvier à hauteur de 20% du chiffre d'affaires mensuel de 2022. Cette aide est versée automatiquement, elle est de 1.000 euros minimum et est plafonnée à 20.000 euros.