Les retenues collinaires de Combani et Dzoumogné peinent à se remplir, avec le risque d'une nouvelle crise de l'eau à Mayotte

La retenue collinaire de Combani ce jeudi 6 février, remplie à un tiers de ses capacités
Si les fortes précipitations qui ont marqué le début du mois ont permis d'améliorer la situation, le déficit de pluie dans le Nord et le centre se fait sentir. Les retenues collinaires de Combani et Dzoumogné ne sont remplies qu'à plus d'un tiers de leurs capacités.

Malgré les événements climatiques traversée par Mayotte ces derniers mois, les retenues collinaires paraissent bien vides. Celles de Dzoumogné et Combani ne sont remplies qu'à 45% et 30% de leurs capacités, alors que l'an dernier elles affichaient un taux de remplissage de 100% et 60% à la même période.

Des précipitations disparates

Si le département a connu une pluviométrie normale au début de la saison des pluies en novembre, ce n'était pas le cas dans le nord du département. En janvier, toute l'île a subi une baisse de 30% des précipitations. La tempête Dikeledi a apporté une quantité importante d'eau, mais principalement dans le Sud qui a été inondé. 

Depuis, les fortes précipitations qui ont frappé Mayotte début février ont permis de rééquilibrer cette situation. Il est tombé l'équivalent de deux semaines de pluies en quatre jours, faisant gagner 50 cm aux retenues. Si les prochaines semaines s'annoncent conformes aux normales de la saison, le remplissage des sites de Combani et Dzoumogné inquiète. Ces sites permettent d'alimenter le département en saison sèche, quand les rivières se tarissent et les captages baissent en production.

Un tonneau des Danaïdes

Alors que Mayotte a déjà été traversée fin 2023 par une crise de l'eau, les conditions ont changé : la végétation a été dévastée par le cyclone Chido. Les racines, qui permettent de faciliter l'infiltration de l'eau dans les nappes, ont été arrachées et le couvert végétal balayé. Sans forêt pour retenir l'humidité, l'air est plus chaud et sec, l'eau s'évapore ainsi plus rapidement.

Le département fait aussi face à un problème de sous-dimensionnement de ses infrastructures : la consommation quotidienne d'eau est de 46.000 mètres cubes d'eau et dépasse les 40.000 mètres cubes d'eau produits par jour. Avec la croissance démographique, la consommation augmente en moyenne de 5% par an, devenant un tonneau des Danaïdes pour les acteurs du secteur. Pour compenser, depuis plus d'un an, des tours d'eau sont en vigueur. Actuellement les habitants sont alimentés à raison d'un jour et demi d'ouverture pour un jour et demi de coupure.

Le plan eau 2024-2027

Le gouvernement a rappelé dans le cadre du plan Mayotte Debout les objectifs de bâtir une troisième retenue collinaire et une usine de dessalement à Ironi Bé. La production attendue est de 10.000 mètres cubes d'eau. Cela permettrait tout juste de revenir à l'équilibre quand l'usine verra le jour, fin 2025, même si ce ne sont pas les seuls projets dans les tuyaux.

Un plan eau a été établi pour la période 2024-2027 pour gérer la ressource hydrique dans le département. Il comprend également un plan de réparation des fuites, de modernisation du réseau ainsi que les campagnes de forages. La 6e campagne est toujours en cours, et porte ses fruits avec notamment la mise en service fin décembre du forage de Combani, le plus performant de l'île avec une production de 1.680 mètres cubes d'eau par jour. En parallèle, les équipes du bureau de recherches géologiques et minières préparent les prospections de la 7e campagne de forage.

Pour accompagner la mise en place de ce plan eau, la préfecture a annoncé le 21 janvier la nomination comme "expert de haut niveau" d'Yves Kocher, ingénieur en chef spécialisé dans ces questions. Il a été notamment été durant plus de 9 ans le directeur général des services du syndicat des Eaux de Vienne.