Loi d'urgence Mayotte : "C'est incompréhensible qu'il n'y ait pas un seul mot sur l'environnement", s'étonne Nailane Attoumane Attibou

Nailane Attoumane Attibou, secrétaire générale de la FMAE (Fédération Mahoraise des Associations Environnementales)
Nailane Attoumane Atibou, le secrétaire générale de la FMAE, Fédération Mahoraise des Associations Environnementales, était l'invité du Zakweli ce vendredi.

Les vestiges de "Mon île propre"

Nailane Attoumane Attibou était venu sur le plateau de Zakweli début décembre pour lancer "Mon île propre". Une opération de nettoyage à grande échelle sur l'ensemble de l'île mais dont les bienfaits ont été balayés par le cyclone Chido quelques jours après.

Plus d'un mois après Chido, le secrétaire général de la FMAE explique que, "maintenant, il y a encore plus de travail à faire et il y a urgence aussi, urgence pour l'environnement (...). J'invite tout le monde à ne pas attendre que les forces publiques se mobilisent mais que tout le monde aide à sortir tous les déchets de son côté".

Chido, quel bilan pour la nature mahoraise ? 

Il est également revenu sur les impacts de Chido sur la nature de manière générale, une nature déjà fragile qui a révélé ses failles ces dernières semaines, "on a ces deux cyclones qui ont accéléré les choses et qui nous permettent de tout voir. On se rend compte aussi qu'on n'a pas de fôret à Mayotte et là ça n'a fait que précipiter la situaton."

"On aurait dû avoir une cohésion, une émulation pour reconstruire ce territoire mais je trouve que ça tarde à venir"

Nailane Attoumane Attibou

Malgré des initiatives populaires pour réhabiliter l'île, difficile d'envisager un retour à la normale sans un élan général. "Les gens sont dans une situation de panique, tout le monde court pour suaver l'île mais on a du mal à voir une réelle coordination. On aurait dû avoir une cohésion, une émulation pour reconstruire ce territoire mais je trouve que ça tarde à venir", a-t-il déclaré. 

L'environnement grand absent de la loi d'urgence Mayotte

Face à l'urgence de la situation, le secrétaire général de la FMAE a fait part de son regret au sujet du projet de loi d'urgence. "C'est incompréhensible qu'il n'y ait pas un seul mot pour l'environnement dans cette loi (...) On a quelques élus qu'on a rencontrés qui ont essayé de faire remonter des choses mais ils n'ont pas eu le temps ni l'opportunité de disucter concrètement".

Il soutient qu'un gros plan de réhabilitation serait utile puisque "le pire est devant nous parce qu'on n'a plus de forêt, ça présage énormément de dangers". Et même si ces arbres vont reprendre, il va falloir du temps. Nailane Attoumane Attibou a insisté sur l'importance de la préservation des espaces qui "risquent de devenir des champs de manioc ou de bananes".

"Il faut que tout le monde fasse un effort. Qu'on ait un effort accru sur la préservation de ces terres. On est sur une île qui pousse très vite mais pas forcément la forêt, il va falloir un certain temps avant que la forêt repousse."

Nailane Attoumane Attibou

Les makis, victimes collatérales de Chido

Bien que discrets, les makis sont au coeur de préoccupations de la FMAE depuis le cyclone. "Les makis ce sont des animaux qui se déplacent en hauteur, ils ne savent pas se déplacer sur terre et ils n'ont pas intégré le déplacement des voitures". 

La FMAE invite les usagers à redoubler de vigilance sur la route et les autorités à prévoir des plans pour faciliter les passages des makis sur les routes. 

Enfin, Nailane Attoumane Attibou a rappelé le bon comportement à avoir avec ces animaux. "On invite les gens à éviter de les nourrir. Ces makis ont pu survivre parce qu'ils se débrouillent. Si on les nourrit, on va avoir des makis qui vont venir tout sacager par besoin de nourriture grâce à l'homme. Il faut qu'ils gardent cet instinct pour chercher leur nourriture. Les makis s'adaptent, ils mangent des feuilles mais il faut faire attention pour que nos bonnes intentions ne deviennent pas le danger de demain".