C'est une forme de compte à rebours pour les habitants des logements informels à Dzoumogné, dans le quartier Hacomba. Environ 70 cases sont concernées par un arrêté de la préfecture ce vendredi 7 février "portant évacuation et destruction des constructions bâties illicitement." Les riverains concernés ont un mois et huit jours pour évacuer les lieux, ils seront informés une semaine avant l'opération de décasage de sa date et de la mise en place d'une permanence sociale, notamment pour proposer des solutions de relogement. Des propositions ont déjà été notifiées par l'ACFAV les 17 et 20 janvier.
Le périmètre de l'opération est défini par une carte, annexée à l'arrêté. Ce site servira ensuite à la construction d'une école de 26 classes. La commune de Bandraboua, qui fait "face à un besoin croissant de ses administrés en matière d'éducation", a adressé une demande à la préfecture pour libérer le foncier illégalement occupé, en vertu de la loi ELAN. L'État justifie aussi cette mesure par le rapport d'enquête d'insalubrité présenté en mai 2024 par l'Agence Régionale de Santé : les habitants n'ont pas de dispositif de collecte et de traitement des eaux usées, des habitations qui ne sont pas étanches ni isolées, certains n'ont pas d'accès à l'eau potable.
Un quartier qui abrite les plus "illustres" délinquants
Les modes de construction, particulièrement fragiles, sont identifiés comme "des risques pour la sécurité des occupants." Le rapport du commandant de la gendarmerie de Mayotte fait état d'un problème de délinquance, prégnant à Dzoumogné. "Nombre des plus 'illustres' délinquants du village ont élu domicile dans ce quartier", explique la préfecture, qui évoque un site "difficile à boucler et qui nécessite énormément de moyens humains." Les patrouilles sont "systématiquement la cible de jet de projectiles" et "la densité démographique de personnes en situation irrégulière offre également un refuge aux nouveaux arrivants sur le territoire."
Depuis un an, les gendarmes ont multiplié les interventions dans ce village, notamment durant l'opération Mayotte Place Nette entre avril et juillet 2024. La préfecture précise également que cinq habitations avaient été détruites en mai suite à une opération de flagrance, les cases ayant été découvertes durant leur construction.