La police est intervenue ce lundi 20 janvier pour commencer l'expulsion des migrants installés au lycée Younoussa Bamana, à Mamoudzou. Depuis le passage du cyclone Chido, plusieurs centaines de personnes, principalement des demandeurs d'asile et réfugiés arrivés du continent africain, sont hébergées sur place. Alors que la rentrée administrative se déroule ce lundi dans la plupart des établissements, le collectif des citoyens de Mayotte 2018 et des parents d'élèves ont accentué la pression en organisant plusieurs manifestations devant l'établissement ces derniers jours, parfois dans un climat tendu.
Déloger, mais pour reloger où ?
Reste une interrogation : où vont-ils aller ? Certains sont restés à l'intérieur, ils ont reçu des bracelets et expliquent que la préfecture s'est engagée à trouver une solution de relogement. Une cinquantaine de migrants est assise devant les bâtiments, ils assurent ne pas avoir été informés d'un éventuel hébergement. "Je suis là depuis le cyclone, mon bébé est à l'hôpital, je ne sais pas ce qu'on peut faire", explique une femme. "C'est difficile, je n'ai pas de logement et je me sens bien seule." Un homme abonde : "on a entendu dire qu'il y avait des tentes à Kawéni, mais on ne sait pas exactement, ça nous angoisse. On a commencé à enregistrer les gens, mais on dépassait l'effectif. On se retrouve dehors et on n'est plus considéré. Ça fait un mois et demi que je suis ici, je suis dehors et je n'ai nulle part où aller." Sollicitée, la préfecture n'a pas donné suite à nos questions à ce stade.
Le projet de camp à Kawéni
Ces fameuses tentes à Kawéni, c'est le projet de camp prévu par la préfecture au gymnase du lycée des Lumières, sur le site du chantier de renouvellement urbain. Ce lundi matin, un barrage a été érigé sur la route nationale, après le rond-point SFR, par un collectif d'habitant pour protester contre ce projet. Le préfet s'est rendu sur place pour défendre cette mesure temporaire, le temps d'effectuer des terrassements et trouver d'autres sites. "C'est ce temps-là que je vous demande, si je n'ai pas ça, on retrouve dans une situation bloquée, avec des migrants que je devrais relâcher dans la nature parce que je n'ai pas d'autre choix", avait alors expliqué François-Xavier Bieuville. L'État ne semble pas avoir abandonné son projet, comme en témoigne l'arrivée sur place de nombreuses toilettes de chantier, amenées par des camions militaires.
Le lycée Younoussa Bamana n'est pas le seul établissement concerné par cette problématique. Le collège de Kwalé est également occupé ainsi que le collège Zena M'déré, en Petite-Terre. Une trentaine de migrants sont installés sur place, la municipalité de Pamandzi explique ne savoir qui leur a ouvert l'accès, l'établissement ne faisant pas partie de la liste des centres d'hébergement d'urgence.