Il n’y avait presque pas de suspense quant au sort de cette motion de censure portée par les députés Insoumis et votée par les communistes et les écologistes. Déposé au lendemain du discours de politique générale de François Bayrou, ce texte avait très peu de chance d’aboutir, dès lors que les députés du Rassemblement National et ceux du Parti Socialiste avaient déjà annoncé leur intention de ne pas la voter. Ce jeudi 16 janvier, à l’Assemblée nationale, la motion n’a donc obtenu que 131 voix, bien loin des 288 requises.
Manuel Bompard (LFI) est monté à la tribune pour défendre la mention et dénoncer un gouvernement "sourd aux demandes d’égalités" des Ultramarins, en ajoutant que Mayotte, territoire durement touché par le passage du cyclone Chido était "abandonné depuis des années".
Une motion votée par huit députés socialistes
Les députés ultramarins du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), tout comme ceux du RN et du parti socialiste sont restés sur leur position et ont suivi les consignes de leur groupe en refusant de voter ce texte. "Si nous devons censurer, nous le ferons sur des actes et non des discours", prévient la députée socialiste martiniquaise, Béatrice Bel lay.
Cette position est aussi partagée par le président du groupe LIOT à l’Assemblée nationale et député de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Lenormand. "Aujourd’hui, ce serait un peu stupide de voter une motion de censure, alors qu’il n'y a eu qu’un discours de politique générale. En plus, le Premier ministre semble vouloir collaborer avec les oppositions" déclare-t-il.
Malgré leur annonce très tôt de ne pas voter la motion de censure, huit députés socialistes ont tout de même voté le texte, dont le député de la Réunion, Philippe Naillet. Sur X, ce dernier s'est défendu dans un communiqué en estimant que François Bayrou "ne laisse pas d'autre choix que de le censurer. [...] Il fallait au moins accepter des négociations exigeantes avec la gauche pour ne pas se mettre dans la main de l'extrême droite".
Le vote du budget des Outre-mer a pesé dans la balance
D’autres parts, les élus ultramarins n’ont pas voulu voter cette motion de censure, dans le but aussi de préserver le budget des Outre-mer, revalorisé par un vote des sénateurs, le mercredi 15 janvier. Ce dernier, en augmentation de 6% par rapport à 2024, devrait atteindre les 3 milliards d’euros. "Ça fait des années que nous menons ce combat pour une revalorisation du budget et nous l’avons obtenu pour notre peuple, donc nous ne voulons pas le perdre. C’est ainsi que nous avons voté en notre âme et conscience contre cette motion de censure" se justifie le député socialiste guadeloupéen, Elie Califer.
"Nous restons vigilants et nous attendons de voir le budget pour savoir s’il y aura une traduction, a lâché de son côté Christian Baptiste, député socialiste de la Guadeloupe. On peut ne pas voter le budget, et là, on verra quelle position on prend". Ce dernier a déclaré que son groupe voulait être une " opposition constructive" et "attendait de voir la volonté du gouvernement". Le Premier ministre François Bayrou et son gouvernement s’offrent donc une première victoire et un peu d’air frais avec ce rejet de la motion de censure par l’Assemblée Nationale. Mais la bataille n'est pas finie et les prochaines semaines s’annoncent compliquées pour le chef du gouvernement, avec, notamment, l’ombre d’une seconde motion de censure à la suite des débats à venir autour du futur budget.