"Nous étions cernés par les flammes", raconte le pompier réunionnais blessé lors des incendies dans l’Hérault

Originaire de La Réunion, David Fontaine fait partie des quatre pompiers blessés dans les incendies dans l’Herault, mercredi dernier.
Originaire de La Réunion, David Fontaine fait partie des quatre pompiers blessés lors des incendies dans l’Herault, il y a une semaine. Hospitalisé à Montpellier, il témoigne sur La1ère.fr.
Hospitalisé au service des grands brûlés de l’hôpital de Montpellier, David Fontaine est encore sous le choc. "J’ai vraiment eu très peur", souffle-t-il. La voix calme et posée, le Réunionnais raconte ce qu’il a vécu. A 41 ans, il fait partie des quatre pompiers blessés lors des incendies dans l’Hérault, mercredi dernier.

Les jambes recouvertes de bandages, la tête encore cabossée, David sait qu’il s’en est fallu de peu. "C’était une intervention banale, un feu de forêt classique, se souvient-il. Nous sommes arrivés sur l’incendie, puis nous avons rebroussé chemin en voyant que la zone était difficile en raison de lignes à haute tension. Nous avons voulu mettre les véhicules en sécurité, lorsque le vent a tourné très violement".


Courir pour survivre

Le feu arrive alors en direction de David et ses collègues. Très vite, ils sont cernés. "C’était cours ou crève. Nous n’avions plus le choix, il fallait prendre le risque de quitter le véhicule et fuir pour ne pas brûler sur place", raconte David qui se rend compte très vite que ses jambes sont sévèrement brûlées.

Sauvé par sa condition sportive

Le Réunionnais et les trois autres pompiers parviennent à se mettre en retrait. "Nous avons appliqué le protocole, ce que nous avions appris en formation, les réflexes de survie viennent vite face au danger", remarque-t-il. David court alors le plus vite et le plus loin possible. "C’est ma condition physique qui m’a permis de m’en sortir", assure cet ancien éducateur sportif.


"Tout dans cette journée était étrange"

En tant que pompier professionnel depuis juillet, et ancien pompier volontaire, ce Réunionnais a déjà connu des situations dangereuses, "mais celle-ci était particulièrement brutale". "Tout dans cette journée était étrange, se rappelle-t-il après coup. Il faisait très chaud avec des vents violents et tournants".

Rassurer La Réunion

Rapidement pris en charge par les secours, David et ses trois collègues sont évacués vers Montpellier en hélicoptère et ambulances. Une fois à l’hôpital, le Réunionnais rassure sa famille dans l’océan indien. Ma mère, mes frères et sœurs et mes amis étaient très inquiets. "Heureusement qu’il y a Facebook pour rassurer tout le monde", sourit-il.


Avoir la foi pour être pompier

Né à Saint-Denis, la famille de David vit à Saint-Benoît. Après avoir passé son bac à La Réunion, il a poursuivi ses études en métropole et "est tombé amoureux du sud de la France". Après une telle expérience, David a très envie de retourner à La réunion l’an prochain pour "retrouver mes sources, mes proches". Mais pas question pour lui de renoncer à son métier. "Il faut avoir la foi pour être pompier, je l'ai. Je n'ai pas du tout envie d’arrêter. Les gens ont besoin des pompiers".
 

Le danger peut aussi nous toucher

Hospitalisé, David bénéficie de soins quotidiens pour cicatriser ses blessures, avant d'entamer "des greffes, et de la rééducation fonctionnelle". Malgré tout, le moral est là. "Je veux sensibiliser les jeunes qui veulent être pompiers, ils doivent avoir une condition physique optimale, être conscient des dangers, et ne pas minimiser les risques, prévient David. Notre métier est de porter secours, mais nous pouvons aussi être touchés".

Depuis l’accident, David et ses coéquipiers ont reçu de nombreuses marques de sympathie. "Habituellement, on subit plutôt les violences urbaines, les tensions, alors les bonnes intentions font du bien", sourit-il. Régulièrement sollicités depuis le début de l’été en métropole, des milliers de soldats du feu luttent contre les incendies dans le sud de la France. Plus de 3 000 hectares sont déjà partis en fumée, "à cause de cigarette mal éteinte, d’actes de négligence ou de malveillance", se désole David.