Le duel "fratricide" dans le camp non indépendantiste et le discours "consensuel" du FLNKS qui prend le contrôle du congrès de Nouvelle-Calédonie jusqu'en 2014

Cette élection a définitivement balayé une possible entente avant les provinciales de  2014 entre Calédonie Ensemble et la nouvelle alliance "Engagement pour une Calédonie dans la France". Aujourd'hui, c'est le FLNKS qui joue le rôle de "rassembleur" au nom de l'Accord de Nouméa. (Vidéo: réactions).
Roch Wamytan ( FLNKS) a été élu président du congrès de Nouvelle-Calédonie au troisième de tour de scrutin à la majorité relative avec 23 voix sur 54 élus, le camp non indépendantiste ( 31 voix) n' ayant pas réussi à présenter un candidat unique. Pour le groupe" Engagement pour la Calédonie dans la France", Simon Loueckhote a obtenu 17 voix et le président sortant Gérard Poadja ( Calédonie Ensemble) 13 voix. 1 bulletin blanc, celui d' une élue qui siège sans étiquette car elle a rejoint le MPC de Gaël Yanno.


Un dialogue de sourds


L' opposition entre Calédonie Ensemble et le Rassemblement-UMP a atteint son niveau le plus haut en ce jour d' élection au congrès de Nouvelle-Calédonie.
Tant que les urnes de 2014 n' auront pas parlé, il sera impossible d' envisager une entente et même un simple apaisement.

D' un côté Calédonie Ensemble, de l 'autre la nouvelle alliance " Engagement pour la Calédonie dans la France" avec le Rassemblement-UMP, l' Avenir Ensemble, le LMD et  Didier Leroux et une guerre des mots sans pitié où chaque camp rend l 'adversaire responsable de l' élection à la tête du congrès d' un candidat du FLNKS.

L' alliance " Engagement pour la Calédonie dans la France"  dénonce "l’attitude jusqu’au-boutiste et irresponsable de Calédonie Ensemble qui préfère laisser une institution majeure entièrement aux mains des indépendantistes par haine du Rassemblement-UMP.
La règle républicaine demande que le 2ème se désiste au profit du 1er, donc Poadja (13 voix) aurait dû se désister au profit de Simon Louechkote (17 voix), mais Calédonie Ensemble ne respecte rien." 

Selon le sénateur Pierre Frogier, président du Rassemblement-UMP, la seule volonté de Calédonie Ensemble c 'est de " nous faire disparaître car nous sommes à leurs yeux des ennemis ".


De son côté Calédonie Ensemble accuse l 'alliance d ' avoir utilisé une méthode sournoise pour réélire Roch Wamytan à la tête du FLNKS: "  le RUMP et ses alliés ont, en votant pour Simon Loueckhote jusqu’au troisième tour, porté Roch Wamytan à la présidence du congrès.C’est là un choix délibéré du RUMP et de ses alliés : après avoir installé Roch Wamytan au perchoir en 2011 en votant ouvertement pour lui dès le premier tour, ils ont permis sa réélection cette année en faisant barrage à la reconduction de Gérard Poadja.
En 2011, la trahison était frontale. En 2013, elle est fourbe."

Calédonie Ensemble revendique toujours d' être le premier parti de Nouvelle-Calédonie après sa victoire aux élections législatives en oubliant néanmois de rappeler que ce n' est pas le même corps électoral qui désignera les élus des assemblées de province et du congrès en 2014.

Selon Philippe Gomès, le président de Calédonie Ensemble " c' est l 'ultime trahison de la bande des 4 ".


Le discours " rassembleur " du FLNKS


Lors de son premier discours de président du congrès ce jeudi, Roch Wamytan n' a pas prononcé une seule fois le mot indépendance mais a préféré utiliser l' expression " émancipation politique " moins brutale et plus consensuelle. "Nous sommes liés, attachés par l' Accord de Nouméa" a précisé Roch Wamytan en insistant sur le fait que le congrès est la représentation de la diversité du "peuple calédonien".

Face à un camp non indépendantiste qui a implosé, le FLNKS se retrouve, malgré lui, dans le rôle du groupe politique qui va devoir apaiser les tensions.
Une situation presque surréaliste lorsque l 'on se souvient de railleries subies par le FLNKS tout au long de ces dernières années,  le camp non indépendantiste critiquait ouvertement les divisions au sein du Front.

Mais malgré ce discours " consensuel " le FLNKS n' a pas joué la carte du partage dans la répartition des postes clés du congrès de Nouvelle-Calédonie.


Selon Jean-Piere Djaiwé du groupe Uni-FLNKS du congrès, cette tension au sein du camp non indépendantiste est une source de tension qui peut sérieusement pénaliser le fonctionnement des institutions calédoniennes.