Phuc Dat Bich, le canular qui a fait marcher le monde entier

Capture d'écran de la photo du passeport de Phuc Dat Bich qu'il a mise en ligne sur son profil Facebook.
Un poisson d'avril au mois de novembre ? C'est l'histoire de Phuc Dat Bich, ou comment un jeune Australien a réussi à tromper Facebook, Internet et les médias du monde entier autour de sa présumée identité.
Vous vous en souvenez probablement tous. Il y a quelques temps, les médias du monde entier, dont NC1ère, relayaient l'histoire d'un internaute de nationalité australienne et d'origine vietnamienne, qui s'était plaint sur le réseau social Facebook du fait que ce même réseau avait supprimé l'accès à son compte, lui reprochant d'utiliser un faux nom. L'utilisateur avait en effet déclaré s'appeler "Phuc Dat Bih", ce qui, prononcé par un anglophone, sonne plutôt comme une injure que comme un prénom et nom de famille. 
 
Au mois de janvier de cette année, l'internaute avait donc publié le post suivant sur Facebook : "On m'a accusé d'utiliser une identité fausse et mensongère, ce qui est blessant. Est-ce parce que je suis Asiatique? Que l'on me ferme plusieurs fois mon compte Facebook?". Le post était accompagné d'une photographie de passeport indiquant comme nom : Phuc Dat Bich. 
 
Le post était en ligne depuis le début de l'année. Mais c'est à partir du 18 novembre et des jours qui suivent qu'Internet s'enflamme soudainement pour cette histoire. Partagé plus de 80.000 fois, le post du jeune Australien crée un véritable buzz international. Certains s'émeuvent, d'autres s'indignent, beaucoup s'amusent. Bref, il ne laisse pas indifférent. Et surtout pas les médias, agences de presse comprises. Ces derniers s'emparent de l'affaire les uns après les autres et relaient la mésaventure du jeune garçon qui n'avait d'autre tort que de porter un nom étonnant. 
 
Certains médias, comme la BBC, iront jusqu'à créer des vidéos dans lesquelles ils font expliquer par des personnes de langue vietnamienne comme prononcer en vietnamien le nom "Phuc Dat Bich". 

Sur son blog, l'auteur Trevor Long avait attiré l'attention sur le fait que la photo du passeport apportée comme preuve de l'identité de "Phuc Dat Bich" lui semblait photoshopée. Il indiquait aussi que Phuc, Dat, et Bich étaient des prénoms vietnamiens et non des noms de famille. Le média Mashable Australia avait toutefois mis en ligne une photo tirée d'un album de classe et envoyée au média par un prétendu ancien camarade de classe de celui qui se faisait appeler "Phuc Dat Bich" sur Internet. La légende de cette photo indique Thien Nguyen comme prénom et nom. 

Mais l'histoire est trop croustillante et ces mises en garde passent presque inaperçues au milieu de l'engouement général. Contacté par certains médias, l'internaute aurait même complètement joué le jeu, assumant son indentité de "Phuc Dat Bich".
 
Sauf que le 25 novembre, revirement de situation. Ce même internaute, jusque-là prétendument appelé Phuc Dat Bich, poste un nouveau commentaire, dans lequel il explique cette fois qu'il s'appelle en fait "Joe Carr" et que l'histoire de Phuc Dat Bich était un canular : "Ce qui a commencé comme une blague entre amis est devenu un canular qui s'est joué des médias et a fait ressortir le meilleur chez les personnes qui m'ont contacté. Bien sûr, ça a fait ressortir de la colère et la noirceur que l'on retrouve toujours sur Internet, mais ça a aussi amené de la légèreté et de l'humanité dans une période où on en a bien besoin."
 
Il va même jusqu'à se moquer des médias, qui sont tous tombés dans le panneau : "Tout ça prouve qu'un mec ordinaire comme moi peut tromper les plus grosses sources d'informations facilement."
 
Ce qui peut aujourd'hui sembler une mauvaise blague pour certains aura eu au moins le mérite de pointer publiquement les limites de Facebook au sujet de l'identité de ses utilisateurs. Devant la marée de réactions suscitées fin novembre par le post, Facebook s'était en effet empressé d'autoriser l'internaute à accéder à son compte avec le nom Phuc Dat Bich. En attendant, d'autres utilisateurs sont toujours victimes de suppressions de comptes car soupçonnés - souvent à tort - de ne pas utiliser de "nom authentique", comme le stipule le règlement du réseau social.