La pression de l'Unesco était trop forte : les autorités australiennes renoncent à exploiter les forêts de Tasmanie, classés au patrimoine mondial. Si les écologistes se réjouissent, la nouvelle ne plaît pas aux exploitants de la filière bois.
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L'ancien Premier ministre Tony Abbott considérait qu'il y avait trop de forêts protégées en Australie. En 2014, avec le gouvernement de Tasmanie, cette île située au sud de Melbourne, il avait donc essayé d'obtenir de l'Unesco le déclassement de dizaines de milliers d'hectares, pour permettre aux entreprises de la filière bois de les exploiter.
C'est un échec : après avoir envoyé une mission d'observations sur place, l'Unesco a recommandé de ne pas toucher à ces arbres protégés. Même s'ils n'ont été ajoutés qu'en 2013 à la « zone de nature sauvage de Tasmanie » protégée, elle, depuis 1982, ils doivent être préservés de toute activité industrielle, estime l'organisation des Nations unies.
Andrew Denman regrette cette décision, qui aura un impact sur son commerce ; il construit des bateaux et affirme avoir besoin de ces arbres :
« La seule façon que l'on a de prouver qu'il n'y aura plus assez de bois pour les industries locales, c'est de se pencher sur nos sources d'approvisionnement. Si l'on s'en tient à ce que propose la FMU, l'unité de gestion forestière, il n'y aura plus d'industrie d'ici 11 ans. On doit donc regarder ailleurs, du côté des réserves régionales et des aires de conservation, où la loi nous autorise à abattre des arbres. »
Certains de ces arbres de Tasmanie sont centenaires. Vica Bayleyk, de la Société pour la nature, craint que le gouvernement local n'autorise le commerce du bois dans la région de Tarkine, une vaste zone de nature sauvage, dans le nord-ouest de l'île :
« C'est un endroit spectaculaire, c'est une forêt humide nichée au cœur d'une région sauvage au climat tempéré. À cause des nouvelles lois introduites par le gouvernement en 2014, l'exploitation forestière y est désormais possible et il semble que certains secteurs commencent à regarder dans cette direction pour se fournir en bois, dans des proportions qu'on ne connaît pas encore. »
Le ministre local des Forêts, Peter Gutwein, admet que c'est une possibilité :
« La décision qu'on vient de prendre, c'est par respect pour le classement de la zone au patrimoine mondial de l'humanité. Très clairement, exploiter certains arbres au sein de cet espace n'est plus d'actualité. On essaie maintenant de voir quelles sont les ressources disponibles en-dehors de cette zone. »
Le gouvernement de Tasmanie prévoit de publier un plan d'ici la fin de l'année pour permettre aux industries de se fournir en bois sans abattre d'arbres protégés.