Australie-Nouvelle-Zélande: la guerre des miels est déclarée

C'est un super médicament naturel. Il est connu dans le monde entier sous le nom de miel de manuka. Les Néo-Zélandais en revendiquent la marque déposée. Seulement voilà, une découverte de chercheurs australiens démontre que c'est le miel australien qui est le plus efficace contre les bactéries.

Ce miel est produit par des abeilles qui butinent les arbres à thé, appelés "manuka" en maori, qui sont aussi une espèce endémique en Australie. Selon une étude réalisée par trois chercheuses de l'université de technologie de Sydney, plus de 16% des miels australiens testés ont des qualités antibactériennes plus élevées que les miels néo-zélandais. 
 

Le miel australien, super puissant, y compris contre les staphylocoques dorés

« En Australie, nous avons certains miels manuka qui sont au moins aussi puissants que leur cousin néo-zélandais, et quand je dis plus puissant, je veux dire que ces miels australiens ont une action antibactérienne qui peut tuer des superbactéries, comme par exemple, les staphylocoques dorés », explique la microbiologiste Nural Cokcetin, l'une des auteures de l'étude. Mieux: l'activité antibactérienne de ce miel ne faiblit pas avec le temps. Conservé au frigo pendant 7 ans, le miel est toujours aussi actif. 
 
Le miel d'arbre à thé contient du méthylglyoxal, une substance antibactérienne naturelle. Il est donc utilisé comme agent anti-infectieux, sur les coupures, les brûlures et autres blessures. Beaucoup de bactéries développent une résistance aux antibiotiques, mais pas contre le miel d'arbre à thé, qui pourrait donc être utilisé de plus en plus, en guise de substitut. Si le miel australien est plus antibactérien que le miel néo-zélandais, c'est tout simplement parce que la Nouvelle-Zélande ne possède qu'une espèce d'arbre à thé (nom générique latin: leptospirum), alors que l'Australie en a 83 espèces sur son sol. Les abeilles se nourrissent sur différents arbres, ce qui expliquerait la puissance supérieure de la version australienne. 
 

Le manuka, bientôt marque déposée

Ces découvertes pourraient ouvrir un nouveau marché santé aux apiculteurs australiens. Mais il faudra compter avec la concurrence kiwie. Car en octobre dernier, l'association du miel à l'indice unique de manuka (Unique Manuka Factor Honey Association, qui a créé sa propre échelle d'indices de puissance antibactérienne pour les miels de manuka) adéposé une demande auprès du bureau de la propriété intellectuelle néo-zélandais, pour faire homologuer le miel de manuka comme marque déposée - une sorte d'appellation d'origine contrôlée. Le bureau pourrait prendre des années avant de rendre sa décision. Les apiculteurs ont aussi déposé cinq demandes d'homologation dans des organisations internationales pour faire du « miel de manuka » une marque déposée. 
 

Manuka: mot maori ou aborigène?

John Rawcliffe, le porte-parole de la Unique Manuka Factor Honey Association, rappelle que « manuka » est un mot maori, et demande aux Australiens d'appeler leur propre miel autrement. « Ce miel est connu sous le nom de miel d'arbre à thé ou de gelée du bush depuis 130 à 140 ans, dans la littérature scientifique. Donc changer subitement d'avis et utiliser le terme qui a maintenant une renommée mondiale liée à la Nouvelle-Zélande, je trouve que c'est inadmissible », a-t-il déclaré sur ABC. 
 
Côté australien, Trevor White, le directeur du conseil de l'industrie du miel d'abeille, affirme que le mot « manuka » était utilisé par les Aborigènes de Tasmanie, et que les Kiwis n'ont donc pas le monopole du mot. Il affirme aussi que le miel d'arbre à thé australien est produit depuis les années 1800. Le Néo-Zélandais John Rawcliffe, lui, estime que le miel de manuka est produit depuis les années 1840 en Nouvelle-Zélande.