Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : “Il faut se ressaisir”, interpelle Patrick Robelin, le maire de Bourail

Patrick Robelin, maire de Bourail, invité du journal télévisé du 2 février ©NC la 1ère
“Qu’est-ce qu’on veut pour la Nouvelle-Calédonie ? Est-ce qu’on veut une guerre civile ? Ou est-ce qu’on veut une solution ?” Invité du journal télévisé du dimanche 2 février, Patrick Robelin, maire de Bourail depuis 2018, appelle les Calédoniens à “se ressaisir” pour trouver un nouveau statut au territoire.

Des discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, qui doivent reprendre cette semaine à Paris, Patrick Robelin, maire de Bourail, n’attend pas grand-chose. “Je suis très inquiet parce que depuis 2022, les deux blocs se sont radicalisés et continuent de se radicaliser. Les leaders partis discuter sont ceux qui discutent depuis 2019. J’ai du mal à croire qu’ils vont miraculeusement trouver un accord”, confie-t-il lors du journal télévisé du dimanche 2 février, dont il était l’invité.  

Je veux trouver une solution. Je pense que c’est possible mais il faut être apaisé, ne pas utiliser les mots qui sont actuellement utilisés par les deux blocs. 

Patrick Robelin, maire de Bourail

"Les deux partent avec des propositions complètement fermées. Le FLNKS avec la Kanaky, seulement la Kanaky. Les Loyalistes avec la proposition d’un État fédéral, où la province Sud serait quasiment autonome”, y compris financièrement, pose-t-il. Des propositions a priori inconciliables. 

Et pourtant, au moment des référendums, Caldoches, Kanak, tout le monde disait ‘ce qu’on veut c’est vivre ensemble et en paix’. Il faut se ressaisir", interpelle l’élu local. “Je m’adresse à la population, j’ai envie de dire au petit peuple, dont je fais partie. Qu’est-ce qu’on veut pour la Nouvelle-Calédonie ? Est-ce qu’on veut une guerre civile ? Ou est ce qu’on veut une solution ? Moi je veux trouver une solution pour mon pays, de manière à ce que mes enfants et mes petits-enfants n’aient plus ce couperet sur la tête. Je veux trouver une solution. Je pense que c’est possible mais il faut être apaisé, ne pas utiliser les mots qui sont actuellement utilisés par les deux blocs. 

“Je suis pour que la France continue à nous accompagner” 

Une solution, à ses yeux, serait “un État associé, un statut qui permette plus de souveraineté politique tout en conservant la France avec nous.” Lui qui prône le dialogue entre les communautés assume : “Je suis pour que la France continue à nous accompagner. Sans la France, on ne pourra pas fonctionner, la preuve, on est tous à courir en Métropole pour avoir des aides. Il faut que la France reste ici, c’est le pays des droits de l’homme, c’est la garantie de liberté. 

Le vivre-ensemble, c’est une proximité, une présence dans les bons et les pires moments

Patrick Robelin

Le maire de Bourail veut croire au pouvoir du “vivre ensemble”. “Le vivre-ensemble ne s’est jamais arrêté à Bourail. Vivre ensemble, ce n’est pas forcément aller au commerce et saluer quelques personnes d’ethnies opposées, c’est plus que ça, c’est une proximité, une présence dans les bons et les pires moments", décrit-il. Il estime s’y inscrire, lui qui est allé à la rencontre de ceux qui tenaient les barrages avec des Bouraillais non-indépendantistes.  

Pour moi, sur les barrages, ce n’était pas des Kanak, c’était Pierre, c’était Paul, c’était Jacques

Patrick Robelin

Pour moi, sur les barrages de la Cellule de coordination des actions sur le terrain, ce n’était pas des Kanak, c’était Pierre, c’était Paul, c’était Jacques, des élèves que j’ai eus quand j’étais instituteur", leurs parents avec lesquels son père travaillait sur mine. "Ce sont des relations qui durent, on se fréquente et en mairie, on fait tout pour que nos relations soient les meilleures possibles parce qu’on ne pourra pas réussir à mener une politique communale seuls. Il faut que tout le monde participe”, développe Patrick Robelin.  

"Il faut que je finisse les chantiers commencés” 

Cette politique communale, il compte la poursuivre en se présentant aux municipales de 2026. Il la veut solidaire et fraternelle malgré les difficultés financières. “2025 sera une année d’austérité, nous n’avons pas le choix.” En 2024, la commune a perdu 30 % de recettes du FIP, le fonds intercommunal de péréquation par lequel la Nouvelle-Calédonie redistribue des ressources en fonction de critères comme le nombre d'habitants. La tendance devrait se confirmer.  

Les élus réduisent leurs indemnités 

Pour faire face, “tous les services ont participé à la recherche de solutions d’économies. Les indemnités du maire et des adjoints n’étaient pas à 100%” du montant maximal autorisé, “elles étaient à 80%, on les a ramenées à 60% et on a fléché cette économie, qui, sur une année pleine représente 5 millions de francs, sur les aides sociales parce qu’elles ont explosé. 35 personnes étaient accompagnées, on est passé à 250 personnes. Et on s’attend à ce que les aides au transport scolaire augmentent. 

Les écoles, une priorité budgétaire 

Le financement de la caisse des écoles sera justement l’une des priorités budgétaires de 2025. "La caisse des écoles, c’est une centaine de millions entre le transport scolaire, les cantines, le personnel”, précise Patrick Robelin.  

La commune soutiendra également la foire, qui sera de retour le week-end du 15 août à Téné. “Peut-être pas autant que les organisateurs le souhaitent mais la foire est importante pour Bourail”, dont l’économie repose sur l’agriculture et le tourisme.  

L’agriculture, autre priorité 

Pour préserver ce tissu économique, pendant les exactions, “au pire de la crise, en mai/juin, nous avons pris l’initiative de louer une barge de 3 000 tonnes, de faire monter 4 camions-citernes de mazout, dont 2 étaient destinés aux agriculteurs. On est passé dans les vallées de manière à ce que la saison des pommes de terre, des squashs et du maïs puisse se faire”, rappelle le maire.

Des marchés ont également été mis en place avec la Chambre d’agriculture et de la pêche. “Les gens se servent directement du producteur au consommateur, c’est un plus pour la commune”, souligne Patrick Robelin, qui a le sentiment que les prix ont baissé.