Chômage "total", "partiel", "total spécifique exactions", "partiel spécifique exactions" ... Difficile de s'y retrouver ces derniers mois. Avec la crise, le lexique des dispositifs d'indemnisation existants en Nouvelle-Calédonie s'est étoffé et peut logiquement sembler flou aux non-initiés. Retrouvez ci-dessous les différents régimes et ce en quoi ils consistent précisément.
Chômage total classique
En temps normal -et donc hors période de crise-, il est le dispositif qui concerne le plus de personnes sur le Caillou. Le chômage total classique, dit aussi "de droit commun", concerne les Calédoniens de moins de 61 ans qui ont perdu leur emploi ou qui l'ont quitté avec un motif légitime.
Pour bénéficier du dispositif, il faut toutefois remplir deux conditions :
- Avoir effectué sur le territoire au moins 1521 heures de travail lors des douze mois précédant la rupture du contrat. Le nombre d'heures requis peut toutefois être inférieur pour certaines professions.
- Avoir cotisé au régime d'assurance chômage de la Cafat pendant au moins neuf mois.
Si ces conditions sont remplies, il faut enfin prouver que vous êtes en recherche d'emploi. Pour cela, il est notamment nécessaire de vous inscrire comme demandeur d'emploi auprès de votre province ou de votre mairie.
Une fois toutes les démarches effectuées, vous pourrez bénéficier d'un montant mensuel pouvant aller jusqu'à 123 000 francs. La durée d'indemnisation dépendra de votre âge : elle va de 9 mois pour les moins de 50 ans à 14 mois pour les plus de 55 ans.
Ce dispositif, qui concerne 5500 Calédoniens en janvier 2025, semble dans une posture très fragile. Par manque de liquidités à la Cafat, il pourrait être interrompu dès le mois de mars, les destructions d'entreprises ayant considérablement déséquilibré le ratio entre cotisants et bénéficiaires.
Chômage partiel classique
Le chômage partiel de droit commun, en revanche, ne concerne pas des personnes ayant perdu leur emploi, mais des salariés dont l'entreprise se trouve en difficulté et doit de ce fait réduire ou suspendre son activité. Avec ce dispositif, les bénéficiaires de l'allocation ne sont pas tenus d'avoir travaillé ou cotisé un certain nombre de mois.
Dans le détail, les conditions pour prétendre au chômage partiel sont les suivantes :
- Voir son horaire de travail réduit sous la barre des 39 heures par semaine.
- La situation de l'entreprise doit être temporaire uniquement, et donc liée à des circonstances particulières comme la conjoncture économique, un sinistre ou encore une restructuration de l'entreprise.
Contrairement aux indemnités du chômage total, celles du chômage partiel sont versées au salarié par l'employeur, qui sollicite ensuite un remboursement de la part de la Cafat.
En ce qui concerne le montant des aides, il varie selon deux cas de figure :
- S'il s'agit d'une réduction de l'activité, les salariés perçoivent 66% du SMG horaire pour chaque heure non-travaillée, soit 650 francs. L'aide est plafonnée à 1800 heures par an pour chaque bénéficiaire.
- S'il s'agit d'une suspension de l'activité, les salariés perçoivent 66% du SMG les quatre premières semaines. Puis le montant passe à 75% entre quatre semaines et deux mois. Au-delà de cette durée, les bénéficiaires peuvent prétendre au chômage total comme si le contrat de travail avait été rompu.
Dispositifs spécifiques liés aux exactions
Outre les dispositifs classiques du chômage partiel et du chômage total, deux nouvelles versions bien plus avantageuses ont termes d'indemnités ont également fait leur apparition durant les émeutes : "le chômage partiel spécifique lié aux exactions" et "le chômage total spécifique lié aux exactions".
Le chômage total spécifique concerne les employés des entreprises contraintes de cesser leur activité en raison de l'atteinte de leurs locaux durant les émeutes. Pour y prétendre, il faut que l'entreprise soit homologuée dans une liste mise en place par le gouvernement.
Les trois premiers mois, les bénéficiaires du dispositif perçoivent 70% de leur ancienne rémunération, dans la limite de 412 000 francs. Le trimestre suivant, le traitement est réduit à 100% du SMG. Enfin, durant les trois terniers mois, les chômeurs ne perçoivent plus que 75% du SMG.
Le chômage partiel spécifique s'adresse de son côté aux salariés des entreprises contraintes de réduire ou de suspendre leur activité en raison des exactions. La compensation s'élève à 70% de leur rémunération horaire brut, dans la limite de 2,5 fois le salaire horaire minimum garanti. Elle peut toutefois s'élever à 100% du salaire horaire brut pour les salariés payés au SMG et les alternants.
La mesure s'inscrit dans la continuité du chômage spécifique Covid, qui durant la crise sanitaire, visait à éviter l'effondrement du tissu économique. Le dispositif pourrait toutefois s'arrêter dans un futur proche. S'il vient d'être reconduit jusqu'au 31 mars par le Congrès, l'Etat n'est plus favorable à la prolongation de la mesure.