Crise en Nouvelle-Calédonie. Les auto-écoles aussi doivent s'adapter à un contexte difficile

Dans cette auto-école de Nouméa, les 15-18 ans représentent 80% de la clientèle, soit environ 1800 candidats par an.
De nombreux jeunes Calédoniens profitent de cette période de grandes vacances pour tenter de décrocher leur permis de conduire. Voiture, voiturette ou deux roues, le document rose est synonyme d'autonomie et de liberté pour beaucoup. Mais dans ce secteur aussi, la crise insurrectionnelle a laissé des traces.

Yazid Wajoka fait encore quelques fautes à son test du code, mais il est confiant : il aura son permis voiture d’ici quelques semaines. "Je vais peut-être partir en France d'ici deux ou trois ans et c'est bien d'avoir le permis. Il y a beaucoup d'employeurs qui le demandent, donc c'est un peu une porte qui s'ouvre", estime le jeune homme.

Clara Verhoeven, 14 ans, est un peu moins sûre d’elle. Mais, elle aussi compte bien réussir son code et son permis voiturette avant la rentrée.

"C'est pour aider mes parents dans les déplacements surtout et aussi pour être autonome."

Clara Verhoeven, 14 ans

Davantage d'urgences à gérer

Dans une des auto-écoles de Nouméa, les 15-18 ans représentent 80% de la clientèle, soit environ 1800 candidats par an. Sans surprise, beaucoup profitent des vacances scolaires pour décrocher le précieux papier rose. "Cette année, il y a pas mal de gens qui partent en Métropole, au vu de ce qu'il s'est passé. Donc on a de plus en plus d'urgences, des gens qui ont des billets d'avion par exemple. On doit composer avec tout ça", détaille Yohan Georges, gérant de l'auto-école Chrono 64. "Nous, en général, quelle que soit la période, on est complet sur trois semaines. Il faut quand même s'y prendre à l'avance." 

Des jeunes qui doivent travailler pour payer leur permis

Dans une autre auto-école, janvier est un mois creux, contrairement à décembre et février. Une tendance encore plus palpable cette année. Depuis les émeutes, l’enseigne a perdu 20 à 30% de clientèle.

Une baisse due aux nombreux départs, mais aussi aux difficultés de financement. Ici, comptez 130 000 francs pour le permis B. "Les paiements, ce n'est pas facile. Les gens rencontrent des difficultés. Et puis les parents disent aux élèves, pour la plupart, de se débrouiller, alors il faut qu'ils travaillent pendant les vacances pour payer leur permis", constate Serge Lorenzini, gérant de l'auto-école Schtroumpf. "Actuellement j'aide les jeunes, je pousse un peu les parents à sortir les billets."

 

Les jeunes, il leur faut le permis de conduire à 18 ans. C'est l'ouverture à la vie."

Serge Lorenzini, gérant d'une auto-école

Pour booster les inscriptions, les auto-écoles calédoniennes demandent un alignement de la réglementation avec la Métropole. Depuis le 1er janvier 2024, le permis voiture y est accessible dès 17 ans.  

Le reportage de Caroline-Antic-Martin et Héléna Kambérou :

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