Deux mois après son cambriolage, Marie* craint toujours des représailles. Elle est encore traumatisée par le pillage de son domicile. "On a trouvé notre maison complètement saccagée, avec de la peinture et des tags sur quasiment tous les murs".
Une maison sens dessus dessous avec de la nourriture explosée sur le sol, de l’huile, du soyo et du lait déversés dans les tiroirs. "Beaucoup d’affaires ont été souillées, endommagées ou cassées."
Sentiment de culpabilité
Pour la famille, la première conséquence de cette violation de domicile est psychologique. "Certains perdent leurs cheveux, d’autres ont des maux de dos récurrents, les enfants font des terreurs nocturnes. Dans la famille, il y a une personne qui a eu des crises de vomissements pendant un mois. On pensait que c’était une gastro-entérite mais c’était dû au stress."
Ces symptômes apparaissent souvent à la suite de ce type de traumatisme. "Un certain nombre de personnes et de patients le décrivent en entretien : ils vivent cela comme une intrusion, comme un viol, observe Angeline Pierre, psychologue clinicienne. Ce que l’on voit aussi beaucoup chez les victimes, c’est un sentiment de culpabilité. Elles croient qu’en faisant les choses différemment, cela aurait pu se passer autrement. Mais ce n’est pas le cas. C’est un travail à faire avec eux pour arriver à enlever ce sentiment de culpabilité."
Conséquences financières
L’impact est aussi financier : le préjudice s’élève à 4 millions de francs pour cette famille et l’assurance ne rembourse pas la totalité des affaires volées et des réparations.
Enfin, il y a l’aspect judiciaire. Pour Marie*, la justice est trop lente. "Même si les auteurs ont été identifiés, il faut attendre qu’ils soient jugés. Pour certains, ce sera en mai, pour d’autres en août. Mais entre-temps, ils restent dans la rue. Ça fait peur parce que ce sont des voisins de la rue d’à côté."
Aujourd’hui, Marie* témoigne pour mettre en garde la population contre la recrudescence de l’insécurité.
(*) Prénom d'emprunt
Un reportage de David Sigal :