La compétition, très peu pour elle. Louise Dionnet est plutôt du genre contemplative. Son itinéraire à vélo, elle l’a construit au gré des rencontres et des escales.
Partie du village breton de Pleucadeuc, en mars 2024, elle s'imagine, au départ, aller jusqu'en Italie. "J'ai bien aimé donc j'ai continué. Assez vite, la Turquie m'a semblé possible. Puis, de fil en aiguille, j'ai croisé d'autres gens qui allaient plus loin. Je me suis dit : "allez, moi aussi" ! Et j'ai fini par atterrir ici, en Calédonie."
>> L'itinéraire du périple de Louise Dionnet est à retrouver ici.
Un voyage en mode doux
La jeune globe-trotteuse de 28 ans traverse ainsi l’Europe, l’Asie centrale puis l’Asie du Sud-est à la force de ses mollets. "Je ne pensais sincèrement pas aller aussi loin à vélo mais j'ai vraiment accroché avec cette manière de voyager, de prendre son temps. On peut à la fois aller dans les zones touristiques mais aussi se rendre dans les zones plus reculées. On est très libre. Il n'y a pas besoin de planifier. On peut changer l'itinéraire si besoin."
Le plus dur dans ce voyage, ça a été de partir.
Louise Dionnet, globe-trotteuse à vélo
Au cours de son périple, Louise Dionnet évite quelques étapes, comme la Russie et l’Iran, pour des raisons administratives et de sécurité. "Je pense que le plus dur dans ce voyage, ça a été de partir. Les gens projetaient leurs propres peurs sur moi. Et en fait, ça a été assez fluide. J'ai eu beaucoup de chance."
Se préparer à la solitude
Sportive mais pas trop, cette éducatrice spécialisée n'était pas spécialement une inconditionnelle de la "petite reine", à l'origine. "Je n'utilisais mon vélo que pour me rendre au travail. Et puis, petit à petit, j'ai commencé à en faire un peu plus."
Avant le grand départ, elle teste d'abord ses capacités physiques et son mental face à la solitude, pendant une semaine. "Ça me faisait un peu peur. Je ne suis pas quelqu'un de solitaire. J'ai une vie assez active. Mais c'est aussi cela qui m'intéressait : voir comment je réagissais en étant seule face à moi-même."
Cette première semaine d'essai se déroule sans fausses notes, malgré une météo défavorable. "Il y avait de la pluie, de l'orage. Et j'ai découvert ce que c'était que de rouler avec le vent face à soi."
Nuits en bivouac ou chez l'habitant
Partir en solitaire exige tout de même de la logistique. À commencer par le financement du projet. Louise Dionnet avait mis "quelques sous de côté" avant de prendre son congé sabbatique.
Le matériel représente le poste de dépenses le plus coûteux. Pour le reste, la jeune cycliste a vécu pendant un an de manière très modeste. "J'ai essayé de faire le maximum de nuits en bivouac. J'ai beaucoup dormi chez l'habitant et j'ai mangé pour pas trop cher."
Pour vivre en nomade, elle a embarqué près de 20 kilos d'équipement sur son vélo : toile de tente, matelas, ustensiles de cuisine... Et même son oreiller. "Ça peut sembler anecdotique. Mais pour un voyage d'un an, c'est quand même bien appréciable."
Dessins à l'aquarelle
Dans ses bagages, la jeune femme a également emporté de quoi peindre et dessiner. Chacune de ses escales est consignée dans un journal de bord, qu'elle partage également avec ses proches sur Instagram et le site Polarstep.
Au fil du voyage, elle croque aussi bien les paysages que les habitants croisés sur son chemin. Louise a la fibre artistique, comme sa sœur Marion Dionnet, qui s'est fait connaître en Nouvelle-Calédonie pour ses fresques et ses dessins hauts en couleurs.
En altitude
Le Tadjikistan, avec ses cols à 4 000 mètres d'altitude, fait partie des escales les plus marquantes. "C'était une des épreuves physiques les plus difficiles et en même temps parmi les paysages les plus grandioses que j'ai vus."
Etape suivante, le Kirghizistan a aussi ébloui la voyageuse avec ses paysages sauvages et plus verdoyants. "J'ai beaucoup aimé la Turquie également pour l'hospitalité des gens et le Laos, en Asie du Sud-Est. En général, j'aime bien les coins un peu plus naturels."
Vivre le moment présent
Après un an de voyage et des milliers de kilomètres au compteur, Louise Dionnet dresse un bilan extrêmement positif de ce périple en solitaire. "Je me sens un peu plus légère. Avant, j'avais tendance à beaucoup planifier. Là, j'étais obligée de vivre le moment présent. Il m'est arrivé pas mal de péripéties mais j'ai toujours fini par trouver une solution. Ça m'a aussi donné confiance en moi, même si ce n'est pas miraculeux."
C'est surtout sa capacité à surmonter certaines épreuves physiques qui l'a le plus étonnée. "Je ne pensais pas que mon corps en serait capable. Et en fait si !"
Louise Dionnet compte bien profiter de son séjour calédonien pour découvrir le pays à vélo, avant de regagner l’Hexagone à sauts de puce, mais en avion cette fois.
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Deuxième partie du voyage en Asie