"Nous n'avons pas d'autres choix que de nous hisser à la hauteur de nos responsabilités", lance Alcide Ponga au début de son discours de politique générale, jeudi 20 février au Congrès. Tous les groupes politiques étaient représentés pour écouter le 18e président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie exposer ses objectifs dans un contexte décisif pour le territoire.
La priorité : restaurer les finances publiques
"Notre gouvernement ne dispose que de 9 mois avant les prochaines provinciales, c’est court", mais pas question de "colmater les brèches ni de gagner du temps", promet Alcide Ponga. "Nous avons peu de temps mais nous avons un cap clair", assure-t-il. La priorité : restaurer les finances publiques. "Un travail a déjà été engagé depuis plusieurs années, il faut maintenant accélérer. Rechercher partout des économies afin de consolider la puissance publique."
Il est impératif d'arrêter cette fuite en avant et de mettre un terme à cet incendie qui consume notre territoire. (...) Nous pouvons enclencher un cercle vertueux aux effets durables.
Alcide Ponga
Pour lui, "retrouver la maîtrise de nos équilibres budgétaires donnera à la Nouvelle-Calédonie un pouvoir de négociation accru avec tous ses partenaires, y compris avec l’État." Mais aussi la possibilité de reconstruire efficacement. "Certains enjeux dépassent les clivages politiques, celui-ci en fait partie."
Une réforme rapide du Ruamm ?
Pour assainir les finances publiques et dégager des capacités d'investissement, Alcie Ponga dessine plusieurs pistes. La mutualisation des moyens entre les collectivités. "La réduction du nombre de directions d'établissements publics et par conséquent une diminution du nombre d'agents publics." Une meilleure organisation de l'administration, qui doit se "recentrer sur ses missions essentielles". Il est également question de "refonte des régimes indemnitaires en s'appuyant sur la performance des agents" ou encore de l'accélération de la dématérialisation des démarches dans tous les secteurs. Et surtout, d'une réforme du Ruamm "mise en œuvre rapidement".
Pas d'augmentation des impôts mais...
Si le gouvernement s'engage à ne pas augmenter les impôts pour relancer l'activité, le président du 18e gouvernement prévient : "l'état de nos finances nous oblige aussi à revoir, à ajuster, à optimiser certains dispositifs d’aide et d’accompagnement". "C'est une opération de sauvetage qu'il faut mener", justifie-t-il. Parmi les décisions "drastiques", il évoque une réforme des critères d'attribution des subventions. Tout en annonçant la mise en place de consultations et de plateformes numériques pour recueillir les priorités des Calédoniens. Ou encore d'un "village de solutions" pour la formation, sorte de guichet unique, avec là encore un objectif de "pragmatisme" et de mutualisation, maîtres-mots de son discours.
Il est vrai que la violence de 2024 a beaucoup détruit et que nous affrontons une crise sans précédent dans notre histoire. Mais nous sommes encore debout et il n'est pas trop tard. Ce que nous avons perdu peut se reconstruire. Mais (...) il faut nous mettre au travail.
Alcide Ponga
Autre promesse : la culture et le patrimoine, le sport, la lutte contre les violences intrafamiliales, la protection de l’enfance, la prévention de la délinquance et la lutte contre la déscolarisation continueront à être soutenus.
Le transport scolaire et l'aide au logement en question
Côté éducation, “le gouvernement fera de la reconstruction des établissements scolaires une priorité, notamment celle du lycée Petro-Attiti, détruit à plus de 80%”, indique Alcide Ponga avant d’annoncer “un travail de réflexion sur la problématique du transport scolaire à l’échelle du territoire”. Il compte également réformer l’aide au logement, “cette réforme sera guidée par les principes d’équité et de durabilité”, garantit-il.
Vers un nouveau pacte nickel ?
Mais la reconstruction sociale ne pourra pas se faire sans les fameuses réductions de dépenses et sans relance économique. “Il est impératif d’identifier clairement les fondamentaux de notre économie, les piliers”, un préalable, énonce Alcide Ponga. “L’État est prêt à nous aider sur certains points”. Un nouveau pacte nickel par exemple ? Dans son discours, le président du gouvernement met en tout cas l’accent sur les enjeux d'une transition énergétique, indispensable pour “sauver le secteur du nickel”. Il parle de “la modernisation de la filière”, de “l’adaptation du cadre fiscal”, de la “sécurisation des débouchés”.
Nous pouvons refonder un secteur minier plus solide, plus compétitif et plus respectueux des attentes de nos populations.
Alcide Ponga
“La relance du secteur n’est pas qu’une affaire d’industriels, c’est le sujet de tous les Calédoniens. Nous devons garantir des retombées locales telles que les emplois, la formation ou encore le soutien à nos territoires”, pose-t-il.
Agriculture : l'enjeu des prix
En parallèle, il faut diversifier l’économie, développer “l’aquaculture, le numérique ou l’économie bleue”, en allant chercher des subventions, européennes notamment, pour “diminuer notre dépendance économique au secteur minier”, défend Alcide Ponga. Il promet aussi de moderniser la filière pêche, de “renforcer la compétitivité de l’agriculture” et de relancer le tourisme. Concernant le tourisme, il propose là aussi de mutualiser les moyens entre les acteurs et de moderniser les infrastructures maritimes. Concernant l’agriculture, de “réviser le système de prix réglementés afin de concilier pouvoir d’achat des Calédoniens et juste rémunération des agriculteurs”, d’optimiser les aides ou encore de “renforcer la recherche et l’innovation”, entre autres.
Un programme ambitieux. "Si nous n'avons, ne serait-ce qu'une chance de redonner un avenir à nos enfants, nous devons la saisir", appuie Alcide Ponga.