La Papouasie-Nouvelle-Guinée a échoué face à la corruption, aux abus de la police ou aux violences faites aux femmes, a accusé vendredi Human Rights Watch, qui demande que les autorités répondent de leurs abus éventuels.
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En juin, un homme avait été tué et des dizaines de personnes avaient été blessées lorsque la police de ce pays pauvre d'Océanie avait ouvert le feu sur des étudiants. Ils réclamaient la démission du Premier ministre Peter O'Neil accusé de corruption, ce qu'il dément. "Les gens sont descendus dans la rue pour exprimer leurs préoccupations face à la corruption et la seule réponse du gouvernement a été d'ouvrir le feu", a déclaré Elaine Pearson, directrice de HRW Australie alors que l'organisation publiait son rapport annuel sur les droits de l'Homme dans le monde. "La corruption et les abus ne prendront fin que lorsque les auteurs d'abus en position de pouvoir seront tenus pour responsables de leurs crimes", a-t-elle ajouté.
Les brutalités policières, y compris envers les enfants, "se poursuivent quasi dans l'impunité, même dans les cas de décès ou d'abus physiques flagrants", ajoute HRW dans son rapport. Entre 2007 et 2014, 1 600 plaintes concernant des abus présumés commis par des policiers ont été déposées, débouchant sur 326 procédures pénales. Mais les autorités n'ont pas révélé si des policiers avaient été reconnus coupables au terme de ces procédures, relève HRW. L'ONG souligne aussi que ce pays de plus de sept millions d'habitants, qui occupe la moitié orientale de l'île de Nouvelle-Guinée, reste l'un des endroits du monde les plus dangereux pour les femmes.
"Il n'y a eu aucune baisse significative des taux alarmants de violences domestiques et de violences sexistes", explique encore Elaine Pearson. Une loi visant à éliminer les violences faites aux femmes a été adoptée en 2013 mais elle n'est pas appliquée et la police enquête rarement sur ces affaires, ajoute l'ONG: "le gouvernement échoue misérablement à protéger les femmes et les filles contre les discriminations et les violences domestiques. Il y a toujours un manque extrême de services pour les victimes de violences domestiques".
La Papouasie est également mise en cause au sujet d'informations sur des violences contre des migrants dans le camp de rétention de l'île de Manus, où l'Australie envoie les demandeurs d'asile. Ce camp doit fermer suite à un arrêt de la Cour suprême de 2016 jugeant illégale la détention des migrants. Mais HRW accuse les gouvernements australien et papouasien de n'avoir pris aucune mesure significative pour le fermer effectivement.