La Nouvelle-Calédonie va retrouver un fonctionnement budgétaire normal a annoncé le haut-commissaire. Mais des réformes devront être engagées par le gouvernement et le congrès pour assurer la viabilité du système de protection sociale.
Après la validation du budget de la Nouvelle-Calédonie, mardi 11 mai, le haut-commissaire de la République a rappelé, mercredi, qu'il est urgent que des réformes soient menées, notamment pour sauver les régimes sociaux. Il détaille les grandes orientations de ce budget.
NC la 1ère : Le budget de répartition, c’est-à-dire les dotations aux provinces et aux communes, est-il maintenu ?
Laurent Prévost : Les dotations versées aux provinces et aux communes seront identiques à 2020. Sur le fonctionnement des établissements publics et des comptes sociaux, le niveau des ressources arrêté permet en particulier à la Cafat de tourner sans difficulté jusqu'au mois de juin, mais au 17e gouvernement de la Nouvelle-Calédonie de prendre ses responsabilités. Il va falloir que le nouveau gouvernement, lorsqu'il sera enfin entré en fonction, prenne des mesures.
Les impôts vont-ils augmenter ?
Je n'ai pas souhaité augmenter les impôts, comme c'était proposé par la Chambre territoriale des comptes, car la fiscalité est une compétence historique de la Nouvelle-Calédonie. Ce sont aux élus calédoniens de prendre cette responsabilité. Si cela a été faisable, en étroite collaboration avec la CTC, c'est parce que des recettes exceptionnelles ont été identifiées les derniers jours avant que le budget ne soit signé.
Quelles sont ces recettes exceptionnelles ?
Elles proviennent en particulier des résultats positifs de l'OPT et des dividendes d'une banque dans laquelle la Nouvelle-Calédonie a des participations. Reste le budget propre, qui est arrêté à l'équilibre avec des efforts d'économie extrêmement importants qui ont été identifiés et proposés par les services du gouvernement. Ils traduisent des réductions importantes sur les investissements, près de 40% de moins, et sur les dépenses de fonctionnement notamment sur le recrutement. La Nouvelle-Calédonie sera dans une situation très contrainte.
Quel est l'impact de la pandémie de Covid-19 sur le budget ?
Il a des conséquences immédiates dans les dépenses liées à la quatorzaine et à l'achat de matériel médical. L'aide de l'Etat est venue compenser en partie cette dépense, à hauteur de 10 milliards de francs. Une somme qui a été intégrée dans le budget 2021. Les impacts seront visibles plus tard sur le niveau des recettes fiscales en fonction de l'activité économique et les revenus des Calédoniens.
Quelles sont les prévisions fiscales ?
On a des prévisions fiscales qui vont devoir être confirmées. C'est maintenant à la Calédonie de reprendre la plénitude de son pouvoir budgétaire. Il ne m'appartient pas de commenter les choix politiques de ce 17e gouvernement, mais je ne souhaite pas que l'on vive sur l'illusion que le budget qui a été mis en place va permettre de répondre à toutes les exigences sur l'année 2021. Des décisions vont devoir être prises par ce nouveau gouvernement, en matière de fiscalité, avec l'aval du Congrès.
Face aux échéances, notamment celles sur les comptes sociaux, il est effectivement important qu'une équipe en plein exercice arrive à les mettre en place.
Le gouvernement sortant, qui fait face depuis maintenant plus de trois mois à cette situation de gestion des affaires courantes, est arrivé au bout de ce qui était déjà engagé et l'on voit bien que l'on arrive un peu aux limites de l'exercice.
Que se passera-t-il en juin en l'absence d'un gouvernement de plein exercice ?
La Nouvelle-Calédonie va continuer de travailler et de faire fonctionner les comptes sociaux. L'équilibre des différents systèmes d'aide sont mis en place, mais il appartiendra au gouvernement d'identifier des solutions comme c'est fait depuis plusieurs mois. Il est évident que les pistes mises en œuvre permettent d'aller jusqu'au mois de juin. Ensuite, des travaux doivent être engagés par les élus et les membres du 17e gouvernement.