La conférence de presse des Loyalistes commence par la lecture du discours de Dick Ukeiwë au Sénat le 24 janvier 1985. Quarante ans plus tard, les mots résonnent à l’oreille des quatre partis réunis en seul bloc, pour porter d’une voix les fondamentaux de leur projet à Paris. Là-bas, ils défendront l’idée d’une fédération territoriale.
"Une unité du territoire"
Nicolas Metzdorf, député de la première circonscription de Nouvelle-Calédonie, définit cette idée. "La fédération territoriale reprend cette nécessité d’avoir un partage du pouvoir interne en Nouvelle-Calédonie, comme l’ont fait les provinces, tout en gardant une unité du territoire. On trouvait que le terme de Dick Ukeiwë, sénateur RPCR de l’époque, était tout à fait adapté à notre vision politique".
“Il regroupe tous les termes un peu différents qu’on avait utilisés comme l'hyper provincialisation, le fédéralisme interne, la prédominance des provinces... On les regroupe dans une seule formule qui réunit toutes ces notions et les trois piliers de notre vision qui sont l’appartenance à la République, l'unité du territoire, le respect de nos diversités et de nos différences à travers un seul terme : fédération territoriale”, précise Sonia Backès, élue des Loyalistes.
Des accords "trop ambigus"
Après avoir parlé de l’héritage du RPCR, les Loyalistes pointent du doigt des accords trop ambigus, qui ont bercé d’illusions les deux camps. Il s’agit selon eux, d’éviter les mêmes erreurs lors des prochaines discussions.
“On portera au moment des négociations notre projet. Mais aussi de ne pas faire de phrases ambiguës pour se sortir des désaccords. Quand il y en a, on les accepte, on les organise, mais on ne les transforme pas en une phrase où chacun peut trouver ce qu'il souhaite entendre. Cela ne peut plus marcher, parce que l'on a essayé et cela ne fonctionne pas”, annonce la présidente de la Maison bleue.
Contre une "ethnisation de la politique"
L’ensemble loyaliste veut également lutter contre une certaine “ethnisation de la politique”. Marie-Laure Ukeiwë, militante, développe cette notion. "Il y a quelques jours quand le FLNKS s'exprimait en disant qu'ils étaient le porte-parole et l'unique représentant de la voix du peuple kanak, c’est quelque chose qui nous dérange. Le monopole de la voix du peuple ne leur appartient pas. Tous les Kanak, qu'ils vivent en province Îles, Nord ou Sud, ont une opinion politique, et ils ont le droit de l’exprimer même si cela passe par le fait de ne pas faire partie du groupe majoritairement représenté par le FLNKS."
Pour le premier point d’étape à Paris, les Loyalistes ont déjà une date prévue, celle du 5 décembre, fixée par le président du Sénat Gérard Larcher.
Plus d'informations avec les explications de Laura Schintu et Claude Lindor.
Pas soutenu par Calédonie ensemble
Une proposition qui a vite fait réagir. Dans un communiqué diffusé quelques heures plus tard, Calédonie ensemble annonce qu’il ne soutient aucun projet de "fédération territoriale". Pour CE, "le consensus à construire devra nous conduire à concilier les aspirations à la souveraineté externe du pays - exprimées par les indépendantistes - sans remettre en cause le lien avec la France, et l’ambition d’une souveraineté interne plus affirmée - exprimée par certains à l’échelle provinciale - sans porter atteinte à l’unité du pays."