Les enjeux d’un week-end politique chargé pour les indépendantistes calédoniens

Le drapeau du courant indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.
Trois rendez-vous politiques déterminants pour l’avenir du mouvement indépendantiste calédonien sont programmés ce week-end. Alors que le FLNKS tient son congrès à Saint-Louis, deux de ses composantes historiques, le Palika et l’UPM, seront absentes. Les partisans ont choisi de se réunir de leurs côtés pour décider de leurs futures positions.

Partager un “objectif commun”, celui de l’indépendance, suffira-t-il à réconcilier les mouvements indépendantistes comme veut le croire Emmanuel Tjibaou, député, président de l’Union calédonienne ? Difficile, en tout cas, d’imaginer une position commune à l’issue du week-end. Un week-end politiquement chargé. Abordé dans la division.  

D'un côté s'ouvre le 44e congrès du Front de libération nationale kanak et socialiste, ce samedi 25 janvier, aux 4 cocotiers, à Saint-Louis, fief du contesté Christian Tein. Le leader de la cellule de cellule de coordination des actions de terrain, en détention provisoire à Mulhouse, accusé d’avoir joué un rôle dans les violences commises à partir de mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, a été élu président du FLNKS fin août, lors du 43e congrès de Pagou, à Koumac.  

Le “tournant” Christian Tein 

Depuis, le Parti de libération kanak et l’Union progressiste en Mélanésie ont clairement pris leur distance avec le FLNKS, considérant que Christian Tein n’est pas étranger “aux émeutes, destructions et incendies. Ce week-end, les militants de ces deux composantes historiques du Front ne seront pas au congrès de Saint-Louis. Des réunions sont organisées à Houaïlou et à Dumbéa.  

Le comité central de l’UPM travaillera sur le budget de la Nouvelle-Calédonie et sur le calendrier et l’organisation de l’année à venir, dans laquelle les discussions sur l’avenir institutionnel seront centrales.  

Ce samedi 25, toujours, les partisans du Palika se pencheront sur la poursuite des réformes, sur le plan de sortie de crise après la chute du gouvernement Mapou, sur la situation sociale et sur les discussions avec Paris.  

Quelles discussions ? 

Ces discussions sont un autre point de divergence entre les principales composantes du FLNKS, que sont l’Union calédonienne, le Rassemblement démocratique océanien, le Palika et l’UPM. Ces deux dernières, connues pour leurs positions plus modérées, sont prêtes à évoquer les conditions d’une indépendance-association avec la France. L’Union calédonienne refuse de parler d’autre chose que de pleine souveraineté.  

Une "date fixe d'indépendance" devrait d’ailleurs figurer parmi les revendications portées lors du congrès du FLNKS. Une autre motion portée par la CCAT demande à ce que Christian Tein intègre la délégation qui ira négocier à Paris. Un ordre du jour inacceptable pour le Palika et l’UPM.  

Le glissement vers la ligne dure se confirme 

Il est en revanche soutenu par la petite dizaine de mouvements dits nationalistes et de syndicats qui ont été intégrés au Front lors du congrès de Pagou. C’était l’un des autres symboles d’un glissement du centre de gravité du FLNKS vers la ligne dure. À Saint-Louis, ce week-end, le Mouvement nationaliste indépendantiste et souverainiste va lui aussi rejoindre le FLNKS. Décision prise après Pagou, "qui a mis en place la présidence de Christian Tein. C’est très important parce que ça marquait un tournant, le renouveau de la classe politique et de la mouvance indépendantiste”, résume Muneiko Haocas, présidente du MNIS. 

Il est important d’avoir un président et un FLNKS fort, uni, face à un État autoritaire

Muneiko Haocas, présidente du MNIS

 

Depuis qu’on s’est créé, nous avons toujours défendu le principe d’un leadership. Il y a eu un leader à chaque fois qu’un accord a été signé sur les statuts et l’avenir institutionnel de notre pays”, poursuit-elle. Le FLNKS n’avait plus de président depuis 2001. Jusqu’à août 2024, une “animation tournante” était assurée par les composantes historiques. “Là, nous sommes sur la sortie de l’Accord de Nouméa (...), il est important d’avoir un président et un FLNKS fort, uni, face à un État autoritaire”, défend Muneiko Haocas. Quitte à écarter les voix plus modérées ?