La salle était comble à la mairie de Koumac. Réunis autour du maire, on trouvait des représentants du gouvernement, de la province, de toutes les communes du grand Nord, mais aussi les pompiers et les soignants. La prise en charge des patients se dégrade, tous sont d'accord pour le dire. Mais la situation, déjà fragile avant les émeutes, ne s'améliorera que si la sécurité des soignants est assurée.
L'insécurité, une des priorités
"On pourra recruter tant qu'on veut, prospecter partout, mais tant qu'on n'aura pas réglé cela, le personnel soignant partira, assume Claude Gambey, le membre du gouvernement en charge du secteur de la santé. Ce n'est pas la question de la rémunération qui arrive en premier, mais celle du bien-être, du cadre de vie. Ce sont des personnels qui viennent avec leur famille, il faut [leur garantir] ce cadre sécuritaire pour s'épanouir. C'est une des priorités."
Même constat pour le maire de Koumac. Si Wilfrid Weiss regrette la situation, il tient à rappeler que "les destructions ont lieu dans le Sud, et dans le Nord on n'a pratiquement pas eu ce genre d'exactions. C'est pour ça qu'on a des difficultés à comprendre que les gens veuillent partir du Nord."
Les gens meurent vraiment et silencieusement
Mireille Roth-Heitz, médecin libéral
"Les personnels de santé s'épuisent"
Pour les soignants présents, il est important de redimensionner l'offre de soins. Mais il faut surtout très vite pallier la fermeture des urgences de Koumac et Poindimié. Car si les cabinets libéraux ont pu soulager la crise de l'hôpital public, aujourd'hui les limites sont atteintes.
"Des patients, quand je leur demande s'ils ont passé de bonnes fêtes, me répondent : 'vous savez, en six mois, on a perdu douze personnes dans notre entourage proche. Ce n’était pas très joyeux, Noël'. Les gens meurent vraiment et silencieusement, se désole Mireille Roth-Heitz, médecin libéral et volontaire du collectif SOS du Nord. C'est dramatique, parce qu'on dirait qu'ils ont perdu espoir. Ils ne vont même plus manifester. C'est une situation dramatique à laquelle il faut remédier rapidement. Les personnels de santé s'épuisent aussi."
Le gouvernement a annoncé l'arrivée de médecins du Burundi et de Tunisie au pôle sanitaire nord de Koné.
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Le reportage de Nathan Poaouteta et d'Ismaël Waka-Céou :