Lutte contre la délinquance en Nouvelle-Calédonie : l’État détaille son “plan” pour “restaurer la sécurité au quotidien”

Vaste opération anti-stupéfiants, dite "place nette, aux tours de Magenta, à Nouméa, en février 2024.
Quelle stratégie cette année, pour combattre et prévenir la délinquance en Nouvelle-Calédonie, alors qu'elle s'est entrelacée avec la crise insurrectionnelle de mai 2024 ? Éléments de réponse dans le document transmis mardi par les services de l'État.

Après le constat, les orientations. Alors que le premier trimestre touche à sa fin, le haut-commissariat a précisé sa tactique pour combattre la délinquance en 2025. Une délinquance dont l'état des lieux porte la marque des violences déclenchées en mai dernier. À ce jour, vingt escadrons de gendarmerie mobile restent d'ailleurs présents en renfort. Plus largement, les services de l'État invoquent "un plan" afin de "restaurer la sécurité du quotidien". 

Des contrôles renforcés

Il passe par une "stratégie de contrôles renforcés sur la voie publique", détaille le bilan 2024. Objectif affiché, lutter contre le sentiment d'impunité. Face aux atteintes aux biens qui ont grimpé de 33 %, "les opérations anti-délinquance vont se poursuivre". Dans des secteurs et à des moments précis, "sensibles aux sujets de sécurité, notamment en termes de cambriolages et de vols de voiture". Il faut s'attendre à plus de contrôles routiers avec ouverture des coffres. "Une vigilance particulière" est annoncée pendant les vacances scolaires, "notamment en Brousse".

Le travail des forces de l’ordre sera orienté vers la lutte contre la délinquance dans les quartiers sensibles, l’appui aux unités d’enquête et la lutte contre les stupéfiants de voie publique.

Bilan de la délinquance 2024

Encore des restrictions sur l'alcool ?

C'est dit et répété par les forces de l'ordre et la justice : la délinquance en Calédonie ramène toujours à la (sur)consommation d'alcool. La preuve, encore, avec l'épisode du week-end dernier à Nouville. Sur le sujet, la stratégie 2025 appelle à "une véritable coordination entre les collectivités compétentes en Nouvelle-Calédonie, en concertation avec l’État, les coutumiers et l’ensemble des partenaires". De façon plus immédiate, le haut-commissariat pourrait prendre de nouvelles mesures restrictives sur la vente d’alcool dans les jours à venir. 

"Place nette" contre les stupéfiants

Autre élément récurrent, la présence de cannabis. L'an dernier, des opérations "place nette" ont été menées à Bourail, Dumbéa et Nouméa. Il s'agit d'agir contre le trafic de stupéfiants dans des quartiers où il affecte la vie quotidienne des habitants. Elles doivent être poursuivies en 2025. Un trafic de cannabis qui se réinvente, "tant sur la production à grande échelle que sur les techniques de vente". Le recours aux réseaux sociaux se confirme. Il y a aussi la recrudescence des cultures indoor en milieu urbain, liée aux conséquences des émeutes. 

Attention aux drogues dures

Toujours en matière de stupéfiants, un effort a été mené pour monter en moyens et en compétences, aussi bien chez les douanes que la gendarmerie et la police. Car "l’importation de drogues dures tend à se développer, en témoigne les saisies des deux dernières années", insiste le bilan de la délinquance, qui prévient : "L’ouverture de la ligne Nouméa/Bangkok présente une nouvelle menace. La Thaïlande concentre, avec le Myanmar et le Laos, les principaux producteurs d’héroïne dans le monde. Elle présente également un risque concernant l’importation de méthamphétamine et de kétamine."

Une étude sociologique sur les accidents

En matière d'insécurité routière, parce que le comportement des automobilistes est en cause dans la grande majorité des accidents : 

  • "les résultats d’une étude de sociologie devraient être prochainement finalisés, permettant de mettre en œuvre une campagne de communication ciblée". 
  • une réflexion est menée pour acheter un appareil qui permettra des dépistages plus massifs de stupéfiants.
  • Là aussi, contrôles routiers renforcés, notamment en fin de semaine, pour réprimer les (nombreuses) conduites en état d'ivresse, sous cannabis et sans permis, les dépassements de vitesse ainsi que le non port de la ceinture et des autres équipements de sécurité. 

Le retour des radars

Les radars nouvelle génération reviennent à la charge. Après une année qui ne s'est pas prêtée à l'utilisation de ces appareils mobiles et compacts, ils "seront remis en circulation sur l'ensemble du réseau routier afin de permettre un rayonnement et une couverture géographique globale dès le début de l’année 2025". Il est aussi question d'acquérir et de déployer des radars "de chantier", ce sont des appareils autonomes qui peuvent être déplacés de site en site.

De nouveaux services

Des services ont fait leur apparition à la police nationale.

  • La brigade des moyens aériens, BMA, a été créée le 20 janvier pour s'appuyer sur les drones. Usages possibles : prévenir la délinquance, réguler les flux de circulation, recueillir des preuves, filer un suspect, participer à la lutte anti-drones… La police nationale dispose désormais de quatre engins opérationnels et six télé-pilotes.
  • L'Office anti-cybercriminalité a ouvert un détachement l'an dernier. "En combinant expertise humaine et technologie de pointe, promet l'Etat, l’antenne Ofac de Nouméa jouera un rôle central dans la prévention et la répression de la délinquance, qu’elle soit numérique ou de droit commun." 

Vers un plan territorial de prévention

Le document dévoilé mardi, à Nouméa refait "le constat d’une délinquance dont le visage reste immuablement le même depuis 2018 : une délinquance juvénile d’appropriation, de plus en plus violente, dont le dénominateur commun est l’alcool". Dans ce contexte, le gouvernement calédonien et l'Etat ont décidé de relancer un PTSD. Un deuxième "plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance", après celui qui a été expérimenté de 2028 à 2023. Validé en avril 2024, il a été retardé par les violences qui ont suivi. "Un nouveau PTSPD 2025-2028 est en cours d’adoption."