Plainte en diffamation de Christian Tein envers Sonia Backès : la décision ne sera pas rendue avant début 2026

La présidente de l'assemblée provinciale Sud, personnalité non-indépendantiste de Calédonie, est accusée de diffamation par Christian Tein, leader de la CCAT et président du FLNKS, en détention provisoire à Mulhouse depuis sept mois. Elle l'a qualifié de "chef des terroristes", suite aux émeutes. Une première audience a eu lieu à Paris dans la nuit du mardi 21 au mercredi 22 janvier, heure de Nouméa. La décision n'est pas attendue avant fin janvier 2026.

L'affaire concerne une plainte en diffamation de Christian Tein à l'encontre de Sonia Backès. La première audience, dite de consignation, a eu lieu ce mardi 21 janvier, devant la dix-septième chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. Une séance surtout consacrée à fixer le calendrier. Les deux parties ont été convoquées le 23 septembre. Les avocats doivent plaider le 15 janvier 2026. La décision finale ne devrait donc pas survenir avant un an.

Un plaignant en détention provisoire 

De quoi s’agit-il ? Retour quelques mois en arrière, dans une Calédonie meurtrie et endeuillée par les violences de grande ampleur qui ont éclaté à la mi-mai 2024, c'est alors sur fond de contestation contre le projet d’élargir le corps électoral. Le 19 juin, Christian Tein est interpellé. Le commissaire politique de l'Union calédonienne et porte-parole de la CCAT, la Cellule de coordination des actions de terrain, est mis en examen, puis transféré dans l’Hexagone. Il se trouve depuis en détention provisoire au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach, en Alsace, dans l’attente de son procès. 

Christian Tein, leader de la CCAT, placé en détention provisoire à Mulhouse.

Les chefs d'accusation

Une série de charges graves sont retenues contre lui et d'autres membres de la CCAT, accusés d'avoir orchestré les émeutes - ils rejettent ces accusations : "complicité de meurtre", "vol en bande organisée avec arme", "destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes", "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et d’un délit" ou "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction de biens".

Élection à la présidence du FLNKS

Le 31 août, Christian Tein est désigné à la tête du FLNKS lors du congrès tenu par le front indépendantiste à Koumac. Une nomination très controversée, notamment commentée par la présidente des Républicains calédoniens et membre influente de l’intergroupe Loyalistes, le 3 septembre, sur la radio RTL. “Le FNLKS (...) s’est divisé en deux. Il y a normalement quatre partis. Il y en a deux qui sont sortis et deux qui ont élu le chef des terroristes comme président", déclare alors Sonia Backès, par ailleurs dirigeante de la province Sud, et ancienne secrétaire d’Etat à la citoyenneté.

 

Sonia Backès, près de l'Elysée, le 3 septembre 2024.

"Le chef des terroristes"

“Terroristes”, le terme est considéré comme diffamatoire par l’intéressé, qui a saisi la justice. “Nous sommes là pour s’expliquer", indique l'avocat de Christian Tein, François Roux. "Quand quelqu’un outrepasse les lignes, comme l’a fait selon nous Mme Backès, il faut venir s’en expliquer devant le tribunal et ce que je souhaite, c’est que le tribunal remette bon ordre à ce désordre. Mme Backès n’avait pas le droit de diffamer M. Tein en disant que c’est le chef des terroristes.” 

"Prisonniers politiques"

Mardi, une centaine de manifestants étaient présents sur le parvis du tribunal parisien, à l'appel du collectif Solidarité Kanaky. “On est venus dire deux messages, très forts", dit Michel Lolo, qui s'y est associé. "Libérer les 'prisonniers politiques' kanak, les ramener en Nouvelle-Calédonie, on a des prisons là-bas. Et deuxièmement, les indépendantistes kanak ne sont pas des terroristes.”

Le Collectif Solidarité Kanaky s'est réuni devant le tribunal judiciaire de Paris mardi 21 janvier 2025 en soutien à Christian Tein.

Sonia Backès "prend acte du calendrier"

À ce stade de la procédure, l’avocat de Sonia Backès n’a pas souhaité s’exprimer. Contactée par Nouvelle-Calédonie la 1ère, la présidente de l’assemblée provinciale Sud a réagi ce mercredi après-midi, heure de Nouméa. Elle "prend acte du calendrier défini par la justice" et annonce qu'elle "sera présente [en septembre] pour défendre, devant les juges, ses intérêts ainsi que les intérêts de ceux qui ont subi les conséquences terribles des exactions du 13 mai".

Publication

L'élue abordait le sujet via les réseaux sociaux, lundi 20 janvier, à la veille de l'audience. "Une note du CRGN (Centre de recherche de la gendarmerie nationale), directement rattaché au ministère de l’Intérieur vient d’être publiée qualifiant de 'terrorisme d’État' les actions de la CCAT. C’est la première fois qu’un organe d’Etat assume publiquement cette qualification", a-t-elle argumenté sur Facebook. 

Le document cité consacre en effet un paragraphe à la Nouvelle-Calédonie, sous l'intertitre "Terrorisme d'Etat et indépendantisme". Avec une précision : "Le contenu de cette publication doit être considéré comme propre à son auteur et ne saurait engager la responsabilité du CRGN."