L'opposition papoue vient de remporter une bataille : la justice ordonne au Parlement de se réunir d'ici cinq jours pour débattre d'une motion de censure contre le gouvernement de Peter O'Neill.
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Les élus n'ont pas siégé depuis le 8 juin, jour où les policiers ont ouvert le feu sur une manifestation d'étudiants à Port-Moresby, faisant une vingtaine de blessés. Le gouvernement avait suspendu le Parlement pour deux mois, jusqu'en août, donc. Cela lui permettait aussi de se mettre à l'abri : des élections sont prévues dans un an et aucune motion de censure ne peut être déposée au cours des douze mois précédant le scrutin.
L'opposition a porté plainte contre le gouvernement et la cour suprême vient donc de rendre son jugement : le président par intérim du Parlement, Aide Ganasi, n'avait pas le droit d'ajourner la session parlementaire. Les juges ont aussi critiqué la manière dont le gouvernement a rejeté quatre précédentes tentatives de dépôt de motions de censure.
Une victoire pour le chef de file de l'opposition, Don Polye. Voici la réaction de son avocat, Loani Henao :
« C'est une affaire très importante, parce que, encore une fois, cela montre que la constitution papoue est plus puissante que le gouvernement. »
La motion de censure pourrait être débattue ce vendredi, selon l'opposition, qui se montre confiante, comme en témoigne son porte-parole, Wanpis Ako :
« On a suffisamment d'élus de notre côté. Ils le savent depuis le début, on peut les renverser, c'est pour ça qu'ils ont empêché le dépôt d'une motion de censure. »
Le Premier ministre est en voyage officiel à l'étranger et il n'a pas réagi à cette décision de justice, pour le moment. Le gouvernement était occupé, aujourd'hui, à faire face à une autre menace, celle brandie par des « citoyens inquiets », tels qu'ils se présentent. Ces pilotes, avocats et syndicalistes affirment qu'ils feront grève et bloqueront des services essentiels du pays si Peter O'Neill ne démissionne pas et n'accepte pas de répondre aux accusations de corruption qui pèsent sur lui. Une demande portée essentiellement par les étudiants, jusqu'à présent.
En réponse, les autorités affirment qu'elles sont prêtes à faire appel à la police et à l'armée pour maintenir l'ordre dans la capitale. La menace brandie par les « citoyens inquiets » est qualifiée d'« acte criminel » par Isaac Lupari, le secrétaire en chef du gouvernement, dans les colonnes du Post Courier.