Une structure de formation au très haut niveau devrait être lancée à partir de février 2017 en Nouvelle-Calédonie. Après une semaine d'entretiens sur le territoire, le vice-président de la FFR Daniel Falque, et le président de la ligue calédonienne Marc Barré, font le point pour NC1ère.
LE CONTENU DU PROJET
INTERVIEW DE DANIEL FALQUE, VICE-PRESIDENT DE LA FFR
NC1ERE : Dans les grandes lignes, que faut-il retenir de votre visite sur le territoire, en compagnie du directeur technique national, Didier Retière, et d'un autre vice-président de la Fédération française, Jean-Claude Peyrin ?
D.F : "Le constat de manière générale est que les clubs professionnels métropolitains récupèrent un certain nombre de garçons et de filles, surtout des garçons actuellement. Ils les font venir et leur proposent, éventuellement, de jouer à un plus haut niveau. Malheureusement, quand il y en a quatre qui partent, il n'y en a qu'un qui peut réussir, ou peut-être même pas. Ce sont parfois des drames. Ce n'est pas logique de laisser des gens dans cette situation. On est en train de voir comment nous pouvons apporter notre soutien au rugby local pour que les meilleurs joueurs restent un certain temps sur l'île, et partent quand les conditions sont réunies pour accéder à un plus haut niveau. On a un regard pour mettre en place une structure de type "pôle espoir", destinée à accueillir des moins de 16 à 18 ans, et de leur offrir une formation scolaire en même temps qu'une pratique poussée de rugby. La pratique serait de l'ordre de 10 heures d'entraînement par semaine. C'est déjà lourd. Sans compter la partie scolaire pour les amener au baccalauréat."
Quel serait, précisément, l'accompagnement de la FFR dans le projet ?
D.F : "On envisage d'abord la mise en place d'une structure médicale pour suivre les joueurs et joueuses intégrés au pôle. Ce serait quelque chose d'assez pointu avec la possibilité de passer tous les examens. Elle sera prise en charge entièrement par la fédération. Nous souhaitons aussi nommer un technicien adjoint qui viendra épauler le responsable du pôle. Il s'agira également de soutenir financièrement les familles qui mettront leurs enfants en pension, au sein du pôle. Il faut que ces derniers soient en internat pour ne pas avoir à courir le soir après les entraînements pour rentrer chez eux. La FFR prendra donc en charge une partie de ces pensions. Enfin, il y aura une aide pour le fonctionnement du pôle, l'administration, et les équipements. Ce seront les mêmes que dans les pôles espoirs métropolitains."
Le pôle espoir de Nouvelle-Calédonie accueillera-t-il, filles et garçons ?
D.F : "En métropole, il y a dix pôles masculins et quatre pôles féminins. En Nouvelle-Calédonie, on veut que ce pôle soit mixte. C'est ce que l'on fera par la suite en métropole. C'est plus logique pour couvrir l'ensemble du territoire. On veut aller davantage vers des pôles mixtes".
Quel type de jeu allez-vous proposer ? Rugby à XV, à VII ?
D.F : "Les deux, mais sur certains endroits, on insistera davantage sur du rugby à VII. Peut-être même avec des rassemblements d'équipes pour participer à des grands tournois avec, simplement, un aspect Nouvelle-Calédonie. La difficulté que l'on va rencontrer, globalement, c'est la compétition. Il faudra qu'elle soit de proximité avec les gens qui pratiquent le rugby dans la zone : Fidji, Tonga, Nouvelle-Zélande, Australie. Mais il faudra aussi créer le lien avec la métropole. Il faut bien travailler sur les mêmes objectifs ! Quand il y aura des stages nationaux pour les moins de 18 ans, les Calédoniens devront y participer en passant une semaine sur place".
Le choix de l'encadrement du pôle est-il arrêté ? Pourriez-vous faire appel à des Calédoniens issus du monde professionnel ?
D.F : "L'idée, c'est de choisir quelqu'un voulant travailler ici, et attaché au territoire. Il faut aussi avoir les compétences, à savoir posséder les diplômes, être professeur de sport. En tant que fédération, on a des exigences sur la partie rugbystique. Mais nous ne sommes pas tout seuls à décider. Le vice-rectorat sera associé à la décision. Notre souhait est que le candidat soit originaire d'ici. On ne veut pas de passages éclairs sur deux, trois, quatre ans. Il faut de la continuité."
Avant de venir sur en Nouvelle-Calédonie, vous êtes passés par Wallis et Futuna. Vous pensez à une passerelle entre les deux territoires ?
D.F : "Il peut y en avoir. Le projet là-bas sera dans le même esprit, mais pas aussi intense et soutenu qu'en Nouvelle-Calédonie. Ce sera quelque chose de moins important. Le but reste que les garçons puissent se former à Wallis et Futuna avec un départ un peu plus tardif qu'aujourd'hui, dans certains cas".
ECHEANCES ET INCIDENCES
INTERVIEW DE MARC BARRE, PRESIDENT DE LA LIGUE CALEDONIENNE
NC1ERE : Quelle est la date prévue pour la création de ce pôle espoir rugby en Nouvelle-Calédonie. La semaine dernière, vous évoquiez 2018 ?
M.B : "Nous sommes désormais sur la base d'un lancement progressif à partir de février 2017 et d'un lancement plein en février 2018. Les signatures devraient intervenir avant le mois de décembre 2016."
Quels seront les ajustements nécessaires pour la ligue calédonienne ?
M.B : "C'est sûr qu'il faudra alimenter ce pôle ! Les représentants de la FFR se sont rendus compte qu'il sera sans doute nécessaire, un jour, de créer un poste de conseiller technique en province Nord et sur les Îles Loyautés. Ils savent qu'un pôle unique à Nouméa n'a pas de sens. C'est un programme pays. Nous allons devoir mobiliser au sein du comité, et mobiliser les bénévoles amoureux du rugby. Il faudra sans doute aller chercher parfois des compétences extérieures au comité sur l'aspect technique et juridique".
D'autres "retombées" sont attendues sur le territoire ?
M.B : "Un pôle en Nouvelle-Calédonie, c'est aussi un pouvoir d'attraction pour les équipes de France. Une fois qu'il existe, les sélections viennent. On sera une base arrière de préparation pour les Bleus qui disputeront des tournois à Wellington, en Australie, ou encore à Hong-Kong. C'est à la fois un développement sportif et scolaire pour les enfants, mais aussi un élan économique et une certaine image pour le pays".
Avec le conseiller technique régional, Bruno Salvai, vous avez beaucoup insisté sur l'aspect éducatif du projet ? Quelles sont les garanties ?
M.B : "Il faut savoir que 100% des inscrits dans les pôles espoirs métropolitains ont obtenu leur bac l'an passé. Cela représente 75 jeunes. Deux ont obtenu la mention "très bien" en bac scientifique. Un pensionnaire a même réussi sa première année de médecine du premier coup. La réussite scolaire est un but."