La prévention du suicide au cœur d'une conférence à l'université

En août et en septembre derniers, deux étudiants inscrits à l'Université mettaient fin à leurs jours à leur domicile. Un événement choquant pour l'ensemble de la communauté universitaire. L'UNC a donc organisé une conférence sur le sujet ce jeudi afin de répondre aux interrogations des jeunes.
Plusieurs semaines après les drames, une ambiance pesante règne sur le campus de l'Université de la Nouvelle-Calédonie. En août et septembre derniers, un jeune homme de 22 ans et une jeune fille de 19 ans mettaient fin à leur jour à leur domicile. Aujourd'hui, les étudiants se disent encore très choqués. « Ça affecte les étudiants au sein du campus, parce que certains les connaissaient personnelement, d'autres les connaissaient que de vue et c'est que le fait de ne plus les voir, même sans les connaitre, ça laisse un vide », confie Pauline Bourbon-Waitronyie, présidente de l'association des étudiants de Nouvelle-Calédonie.
 

Ne plus les voir, même sans les connaitre, ça laisse un vide.
- Pauline Bourbon-Waitronyie, président de l'association des étudiants de Nouvelle-Calédonie


«C'est triste, parce qu'on est au début de notre vie encore et penser au suicide à cet âge-là, c'est triste d'en arriver là. Après, certainement qu'il y avait des raisons, mais on peut toujours trouver d'autres solutions», ajoute Mickaël Delandre, étudiant. «Il faut en parler à ses proches ou voir une assitante sociale, mais il faut en parler, c'est ça le plus important et pas garder tout pour soi», poursuit Jonathan Keletoana. 
 

Des personnes dynamiques et souriantes

Les jeunes gens étaient des ambassadeurs des étudiants. Ils étaient décris par leurs amis comme des personnes dynamiques et souriantes. « Pour ma part, je n'ai rien vu, comme pour la plupart des autre étudiants qui sont dans notre groupe, explique Lydie Greffet, chef des étudiants ambassadeurs. Je pense qu'il doit y avoir des signes. Ça serait bien de les connaître, pour que cela ne se reproduise plus. »
 

Poser des questions directes

L'université organisait en fin de journée une conférence-débat pour apprendre à identifier la crise suicidaire. Un événement animé par deux professionnels de la santé mentale. « L'intérêt de cette conférence, ça va être d'aider les gens à questionner lorsqu'on a un doute, quelqu'un qui va se replier, qui va avoir des symptomes dépressifs, d'aller vers la personne et d'avoir des questions plutôt directes pour avoir des éléments d'analyse et de réponse pour voir où ils en sont au niveau de la crise suicidaire si c'est le cas », détaille Grégoire Thibouville, psychologue.
 

Une quarantaine de suicides par an

Le deuxième intervenent de cette conférence, le Docteur Goodfellow a publié à la demande du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie une enquête sur les décès par suicide tout âge confondus pour la période 2014-2015. Il ressort de cette étude qu'une quarantaine de suicides est comptabilisée chaque année dans le Pays avec une majorité d'hommes en âge de travailler et d'origine kanak. « Les éléments essentiels qui ressortent de cette enquête sont les facteurs de risque du suicide qui se concentrent surtout la santé mentale. Ça, ce n'est pas surprenant parce que c'est ce qui se passe ailleurs. Peut-être moins qu'ailleurs, mais on a aussi un poids énorme des conflits amoureux, des conflits avec un partenaire amoureux ou concubins qui ressortent comme des éléments déterminants dans le décès par suicide en Calédonie », analyse Benjamin Goodfellow, psychiatre du CHS.

La conférence qui se déroulait jeudi soir a en tout cas aidé les jeunes présents à identifier les signes de malaise qui peuvent conduire au suicide. « J'ai mieux compris les différentes étapes qui mènent au suicide et à quel moment on peut intervenir aussi. Repérer ce qu'on croit être des banalités mais qui parfois ne sont pas si banales que ça et ce que l'on peut faire », indique l'un d'entre-eux. « On voit beaucoup sur les réseaux sociaux des textes, des choses comme ça, mais je ne me doutais pas que ça pouvait avoir une importance dans le geste de la personne qui l'a écrit en fait. Je me dis que ça peut toucher n'importe qui en fait, même dans ma classe ça se trouve il y a des gens qui ont déjà eu des pensées ou ont peut-être déjà tenté... C'est angoissant de penser que cela peut toucher des gens que l'on voit tous les jours », poursuit une camarade. 
 

Témoignages d'étudiants à l'issue de la conférence sur le suicide organisée à l'UNC


 

Les conflits avec un partenaire amoureux ressortent comme des éléments déterminants dans le décès par suicide en Calédonie.
- Benjamin Goodfellow, psychiatre au CHS

 

Se faire aider à tout moment

Pour le service de la vie scolaire de l'UNC, il est important de rappeler que des dispositifs existent pour accompagner les étudiants. Une assistante sociale, des médecins, ainsi qu'une cellule d'accompagnement spécifique et une cellule d'écoute psychologique peuvent être contactés à tout moment. En cas d'urgence, les jeunes peuvent composer le numéro vert de SOS écoute, le 05 30 30. 
 
Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Louis Perin : 
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