En août et en septembre derniers, deux étudiants inscrits à l'Université mettaient fin à leurs jours à leur domicile. Un événement choquant pour l'ensemble de la communauté universitaire. L'UNC a donc organisé une conférence sur le sujet ce jeudi afin de répondre aux interrogations des jeunes.
Natacha Lassauce-Cognard, Louis Perin et Anne-Claire Lévèque (S.C.) •
Plusieurs semaines après les drames, une ambiance pesante règne sur le campus de l'Université de la Nouvelle-Calédonie. En août et septembre derniers, un jeune homme de 22 ans et une jeune fille de 19 ans mettaient fin à leur jour à leur domicile. Aujourd'hui, les étudiants se disent encore très choqués. « Ça affecte les étudiants au sein du campus, parce que certains les connaissaient personnelement, d'autres les connaissaient que de vue et c'est que le fait de ne plus les voir, même sans les connaitre, ça laisse un vide », confie Pauline Bourbon-Waitronyie, présidente de l'association des étudiants de Nouvelle-Calédonie.
Ne plus les voir, même sans les connaitre, ça laisse un vide.
- Pauline Bourbon-Waitronyie, président de l'association des étudiants de Nouvelle-Calédonie
«C'est triste, parce qu'on est au début de notre vie encore et penser au suicide à cet âge-là, c'est triste d'en arriver là. Après, certainement qu'il y avait des raisons, mais on peut toujours trouver d'autres solutions», ajoute Mickaël Delandre, étudiant. «Il faut en parler à ses proches ou voir une assitante sociale, mais il faut en parler, c'est ça le plus important et pas garder tout pour soi», poursuit Jonathan Keletoana.
Le deuxième intervenent de cette conférence, le Docteur Goodfellow a publié à la demande du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie une enquête sur les décès par suicide tout âge confondus pour la période 2014-2015. Il ressort de cette étude qu'une quarantaine de suicides est comptabilisée chaque année dans le Pays avec une majorité d'hommes en âge de travailler et d'origine kanak. « Les éléments essentiels qui ressortent de cette enquête sont les facteurs de risque du suicide qui se concentrent surtout la santé mentale. Ça, ce n'est pas surprenant parce que c'est ce qui se passe ailleurs. Peut-être moins qu'ailleurs, mais on a aussi un poids énorme des conflits amoureux, des conflits avec un partenaire amoureux ou concubins qui ressortent comme des éléments déterminants dans le décès par suicide en Calédonie », analyse Benjamin Goodfellow, psychiatre du CHS.
La conférence qui se déroulait jeudi soir a en tout cas aidé les jeunes présents à identifier les signes de malaise qui peuvent conduire au suicide. « J'ai mieux compris les différentes étapes qui mènent au suicide et à quel moment on peut intervenir aussi. Repérer ce qu'on croit être des banalités mais qui parfois ne sont pas si banales que ça et ce que l'on peut faire », indique l'un d'entre-eux. « On voit beaucoup sur les réseaux sociaux des textes, des choses comme ça, mais je ne me doutais pas que ça pouvait avoir une importance dans le geste de la personne qui l'a écrit en fait. Je me dis que ça peut toucher n'importe qui en fait, même dans ma classe ça se trouve il y a des gens qui ont déjà eu des pensées ou ont peut-être déjà tenté... C'est angoissant de penser que cela peut toucher des gens que l'on voit tous les jours », poursuit une camarade.
Témoignages d'étudiants à l'issue de la conférence sur le suicide organisée à l'UNC
Les conflits avec un partenaire amoureux ressortent comme des éléments déterminants dans le décès par suicide en Calédonie.
- Benjamin Goodfellow, psychiatre au CHS
Pour le service de la vie scolaire de l'UNC, il est important de rappeler que des dispositifs existent pour accompagner les étudiants. Une assistante sociale, des médecins, ainsi qu'une cellule d'accompagnement spécifique et une cellule d'écoute psychologique peuvent être contactés à tout moment. En cas d'urgence, les jeunes peuvent composer le numéro vert de SOS écoute, le 05 30 30.
Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Louis Perin :