Ouvéa : quatre à six ans de prison ferme pour les agresseurs du pharmacien

Au tribunal correctionnel de Nouméa, mardi 25 mai.

Les trois hommes accusés d’avoir agressé et volé l’unique pharmacien d’Ouvéa comparaissaient mardi devant le tribunal de Nouméa. Deux d'entre eux ont été condamnés à six ans de prison ferme. Le troisième, à quatre ans. Tous ont été maintenus en détention.

Comme prévu, le trio mis en cause dans l’agression du pharmacien d’Ouvéa a été présenté à la justice, ce mardi 25 mai, en comparution immédiate. Les trois jeunes hommes, âgés de vingt à 21 ans, avaient été interpellés durant le week-end. Deux d'entre eux ont été condamnés à six ans de prison ferme. Ce qui va au-delà de la peine requise par le ministère public, à savoir cinq ans. Le troisième écope de quatre années. Tous ont été maintenus en détention.

On est dans le cadre d’une agression d’une extrême violence, avec quelqu’un qui était mis en danger de mort et qui a cru qu’il allait pouvoir mourir. Je pense que le tribunal a voulu prendre une décision forte pour prévenir des conséquences dans ce type de dossier.

Me Laure Chatain, avocate de la partie civile

 

Une semaine après les faits

Mardi 18 mai, en fin d’après-midi, le professionnel de santé qui tient la seule officine d’Ouvéa, depuis de nombreuses années, avait été attaqué à son domicile de Hulup, mitoyen de la pharmacie. Ses assaillants s'étaient masqué le visage en remontant leur t-shirt. Comme il l'a raconté à NC la 1ere, le pharmacien de 66 ans a été frappé au visage et immobilisé sous la menace d’un sabre d’abattis. Le fonds de caisse a été dérobé, ainsi que des médicaments, un écran plat, un ordinateur ou encore un véhicule.

L’usage d’une arme, forcément, porte question sur ce qui aurait pu se passer. Fort heureusement, il n’y a pas eu de drame. Mais les vols avec arme ne sont pas du tout appréciés par les juridictions. Ça fait vite grimper les peines.

Me Elodie Barket, avocate des accusés

 

La pharmacie a rouvert

La victime, hospitalisée sur la Grande terre pour des examens complémentaires, s’est vue reconnaître une incapacité de travail de quatre jours. La pharmacie est restée portes closes toute la semaine dernière. Mais comme annoncé, elle a rouvert mardi matin, au lendemain du pont. Raison pour laquelle le plaignant n'a pas assisté au procès. Il a privilégié l'officine et s'efforce désormais de reprendre une activité normale - sans véhicule de fonction pour aller chercher les médicaments au wharf ou à l'aéroport. 

Le soutien de l'ordre des pharmaciens

Dans un communiqué, le conseil de l'ordre des pharmaciens de Nouvelle-Calédonie a tenu "tout particulièrement à remercier [son] confrère pour l'effort qu'il fait en rouvrant sa pharmacie à Ouvéa dans l'intérêt du public, malgré l'agression dont il a été victime, les problèmes matériels qu'il subit et les séquelles dont il souffre encore à ce jour".

En insistant : "Il est tout à fait inacceptable que le personnel de santé du territoire soit à nouveau victime d'une agression. Notre métier consiste à aider la population et à lui permettre un accès aux soins de santé dans les meilleures conditions."

Regrets

Lors du procès, les agresseurs ont à plusieurs reprises émis des regrets, en expliquant que l’alcool et le cannabis avaient été les facteurs déclencheurs de leurs actions. Le jeune homme qui a tenu le sabre d'abattis - et qui a écopé de six ans de prison - n'avait pas de casier judiciaire. "Cette nuit d'incarcération m'a beaucoup fait réfléchir, a-t-il déclaré au tribunal. Je ne referai plus jamais ça." La défense n'a pas écarté la possibilité de faire appel.

Ecoutez le compte-rendu de Medriko Peteisi :

Procès des agresseurs du pharmacien d'Ouvéa

 

Et voyez la synthèse de Bernard Lassauce et Louis Perin :