Des opérations de maintenance ont augmenté les pertes du complexe industriel calédonien. Le géant minier brésilien assume des résultats dans le rouge au second trimestre de 2019. Vale compte désormais relancer la production de son usine de nickel. Depuis le 16 juillet, les cours remontent au LME.
Ce n’est pas vraiment une surprise, mais la conséquence d’un choix, d'une nécessité ; Vale a réduit sa production de nickel en Nouvelle-Calédonie afin de réaliser des opérations de maintenance pour mieux repartir de l’avant, c’est en tout cas l’objectif affiché dans le rapport de production trimestriel. Mais en réduisant la production, la direction de l’usine calédonienne en connaissait la conséquence : Au second trimestre, le coût de production de VNC a été deux fois plus élevé que le prix de vente mondial du nickel à la Bourse des métaux de Londres.
Le rapport trimestriel publié par Vale est d’une grande transparence, avec des éléments de comparaison entre plusieurs usines. Face au nickel indonésien, canadien ou brésilien, le nickel calédonien n’a pas été à la fête. Les coûts de production ont flambé pour l’usine du Sud. On peut néanmoins espérer que la remontée des cours du métal à la Bourse des métaux de Londres, si elle se poursuit, puisse améliorer les résultats à venir. À condition de produire et d’exporter davantage...
Cours moyen du nickel au LME 12.258 dollars par tonne au second trimestre
[Vale] Coûts de production de trois usines de nickel
Nouvelle-Calédonie 27.316 dollars par tonne
Brésil 9.991 dollars par tonne
Indonésie 7.774 dollars par tonne
Canada 5.159 dollars par tonne
La branche nickel s'en sort globalement
Concernant la totalité des sites industriels de sa branche nickel, Vale constate une augmentation de la production de 7.200 tonnes. Les revenus des ventes de nickel se sont élevés à 740 millions de dollars au second trimestre (+8,1%) augmentant de 108 millions de dollars par rapport au premier trimestre. Les ventes de métal ont été plus importantes souligne Vale. La multinationale brésilienne précise avoir utilisé deux leviers pour parvenir à ce résultat globalement positif, tout d’abord une optimisation des livraisons à ses clients ensuite une utilisation de ses stocks régionaux de nickel pour répondre à la demande des sidérurgistes et des batteries pour les véhicules électriques. Le rapport trimestriel de Vale développe tout particulièrement les potentialités du secteur de la transition énergétique.
Sauf en Nouvelle-Calédonie
Vale Nouvelle-Calédonie a enregistré des résultats financiers négatifs. Ils ont été de - 23 millions de dollars au second trimestre. Le résultat brut d’exploitation (EBITDA) est dans le rouge à hauteur de 87 millions de dollars, contre 64 millions de dollars au premier trimestre. "En relisant attentivement le rapport de Vale, il faut comprendre qu’ils n’ont pas produit ni commercialisé suffisamment de nickel calédonien pour faire baisser les coûts unitaires de l’usine. En résumé, le volume des ventes n’a pas permis d’amortir les coûts de production de l’usine du Sud" conclut Jean-François Lambert, consultant en investissement, ancien directeur du secteur des matières premières de HSBC à Londres.
Malgré le cobalt
Le rapport de Vale souligne que ces mauvais résultats ont été enregistrés en dépit de la progression des ventes de cobalt par VNC ; elles ont rapporté 9 millions de dollars à l’usine du Sud et ont permis de réduire sensiblement les pertes du nickel. Chiffre le plus marquant, les coûts de production de VNC ont plus que doublé par rapport au dernier trimestre de 2018 (12.515 dollars par tonne.) Le montant total des pertes du nickel au second trimestre de 2019 s’élève à 27 millions de dollars. Pour expliquer la mauvaise passe de son usine en Nouvelle-Calédonie Vale souligne notamment "un programme de maintenance pour améliorer la production future." Une stratégie assumée par la direction canadienne (Vale-Inco) de la multinationale brésilienne en accord avec la direction de l’usine du Sud.
C’est un trimestre à oublier pour Vale Nouvelle-Calédonie. VNC espère relancer sa production de nickel au second semestre. Les résultats dépendront aussi des cours du nickel à la Bourse des métaux de Londres.
London Metal Exchange (LME)
Ce lundi 5 août 2019 en début d'après-midi à Londres, le cours du nickel à trois mois valait 14.902 dollars par tonne (6,75 dollars par livre), en hausse de 2,90 %. Les investisseurs retiennent la forte demande de métal pur pour le marché des véhicules électriques. L’unité Nickel West du groupe BHP en Australie occidentale annonce qu'elle commencera à produire du sulfate de nickel à partir du second trimestre 2020. Enfin, les cours se maintiennent à des niveaux élevés après une note d'information du marché de Shanghai. Il indique que les préoccupations concernant l'interdiction d'exportation de minerai en Indonésie ont refait surface et que des producteurs locaux ont fait savoir que le ministère avait approuvé l'interdiction des exportations brutes en 2022. Bien qu'aucun détail ni annonce officielle n'ait encore été effectué, l'information a suffi pour relancer la spéculation à la hausse sur les prix du métal.