Dans la commune de Dumbéa, les problématiques sont nombreuses : le budget 2025 est difficile à organiser et la rentrée scolaire s'annonce sous un nouveau jour. Mais la bonne nouvelle, c'est que selon le maire Yoann Lecourieux, les commerçants et les entrepreneurs de la commune continuent tant bien que mal à maintenir une activité économique, quand on sait à quel point Dumbéa a été sous tension en mai dernier.
Un milliard de francs en moins pour le budget communal
Si le quartier d'Apogoti semble reprendre une activité économique, la reprise se fait également "à l'échelle de la commune" indique le maire. "On voit aussi que sur Dumbéa centre, autour de l'Origin cinéma il y a énormément de commerces qui reprennent et je salue avec force cette volonté et cette détermination des entrepreneurs malgré quelques difficultés." Le maire indique notamment la difficulté de se réassurer. "C'est un problème majeur pour la plupart des entrepreneurs : cette incapacité à pouvoir se réassurer pour pouvoir relancer leur activité."
Côté finances, dans la commune, le débat d'orientation budgétaire a eu lieu la semaine passée et comme toutes les collectivités, "c'est très tendu." "Nous avons très peu de perspectives sur nos recettes, qu'elles soient de la Nouvelle-Calédonie ou attendues de la part de l'État sur la reconstruction. Sur la commune de Dumbéa, c'est quasiment un milliard et demi en moins, sur un budget d'environ 6 à 8 milliards de francs."
La difficulté est de pouvoir construire ce budget mais nous allons en proposer un et l'adopter comme prévu avant fin mars car c'est important pour les services, attendus par les habitants de Dumbéa.
Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa
Quid de l'investissement? Reste-t-il possible en cette période ? "Il reste possible grâce à l'emprunt auprès des bailleurs de fonds, au financement de l'État à travers les différents contrats mais c'est difficile car la part communale devient de plus en plus complexe."
En parrallèle, le maire a rappeler la construction actuelle d'un cimetière à Katiramona, qui va pouvoir être exploité pour "les trente prochaines années." Son ouverture est normalement prévue pour le mois de mars ou avril, selon l'avancement des travaux.
Une rentrée scolaire pas comme les autres
Dans quelques jours, la rentrée scolaire se profile pour des milliers d'élèves de la commune. Si à Nouméa, la cantine a augmenté de 150 francs par jour et par enfant, à Dumbéa, des changements sont aussi d'actualité. "Nous avons maintenu les prix, nous avons juste répercuté la non prise en charge au niveau des boursiers de la province sud mais l'ensemble des prix ont été maintenus. C'est difficile pour une commune."
En parallèle, le maire annonce une perte de 40% des effectifs pour la cantine en 2025. "Ça pose une question d'un point de vue social et ça doit interpeller l'ensemble des institutions."
Dans un quartier qui a énormément souffert des violences de mai dernier, sans compter les rumeurs qui annonçent de nouveaux troubles à l'ordre public, la sécurité inquiète certains parents à quelques jours de la rentrée scolaire. "Nous avons une réunion de coordination hebdomadaire avec la gendarmerie pour pouvoir préparer au mieux la rentrée. J'espère que les élèves sur Dumbéa pourront avoir une rentrée et une année scolaire normale."
La semaine dernière, le maire Patrick Robelin, rappelait la nécessité du vivre ensemble et de recréer du lien. "En Nouvelle-Calédonie, on est fait pour vivre ensemble et on doit vivre ensemble. On doit créer les conditions et c'est le rôle de tous les responsables politiques, c'est leur rôle de mettre en place les conditions, surtout au lendemain de ce que l'on a pu connaître."
On a des générations qui vont à l'école et c'est indispensable de leur donner les conditions pour vivre cette scolarité et ce vivre ensemble.
Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa
Yoann Lecourieux a tenu a rappeler en guise d'exemple, la fête de la ville, créée par l'ancien maire de Dumbéa, Bernard Marrant et récemment décédé. "Il avait créé en 1984, en plein milieu des évènements, la fête de la ville, pour que l'ensemble des éthnies et des communautés puissent cotoyer et donner du corps à ce vivre ensemble." 30 ans plus tard, cette fête de l'omelette géante est d'ailleurs toujours d'actualité.
"Il faut une stabilité politique"
Alors que les discussions sur l'avenir institutionnel se poursuivent à Paris, le forum économique mené par Manuel Valls ce week-end a confirmé le prêt d'un milliard d'euros pour la Nouvelle-Calédonie. "On voit que le ministre des Outre-mers a l'intention de concerter et de consulter un maximum de personnes d'un point de vue économique et social. On a hâte de le voir sur le territoire, pour matérialiser l'ensemble de ces annonces faites il y a quelques jours" confie le maire de Dumbéa.
Tout comme beaucoup d'autres élus politiques, Yoann Lecourieux confirme que "si on veut que la Nouvelle-Calédonie rebondisse, il faut une stabilité politique durable afin que le développement économique puisse suivre et mettre en oeuvre par la suite des mesures sociales." Il salue la méthode du ministre et surtout la volonté, comme le voulait Emmanuel Macron lors de sa dernière visite sur le territoire, "d'impliquer pleinement les maires de l'agglomération en tenant compte que nous représentons quasiment 75% de la population calédonienne."