"Le mérite d'exister", "on va voir", "très satisfait", "des réponses" : le forum économique de Bercy vu depuis Nouméa

Un forum entre Bercy et Nouméa. Ce temps dédié à la grave crise calédonienne, samedi 8 février, s'est tenu à la fois au ministère de l'Economie et des finances, en présence de toutes les délégations politiques venues du Caillou, et dans l'auditorium de la CCI. Là, le parterre nocturne, décalage horaire oblige, était composé d'une soixantaine de personnes : chefs d'entreprise, élus, représentants des chambres consulaires et du monde syndical...

Nombreux intervenants

Certains d'entre eux faisaient partie des intervenants appelés à s'exprimer sur un sujet en particulier : 

• la situation économique, pour la présidente du Medef-NC Mimsy Daly, le secrétaire général de l'Usoenc Jean-Marc Burette ou le membre du gouvernement en charge de l'économie Christopher Gygès. 
• les enjeux des finances publiques, pour le membre de l'exécutif calédonien chargé du budget, Thierry Santa.
• la diversification de l'économie, pour David Guyenne qui préside la Chambre de commerce et d'industrie.  

Le forum a donné la parole à deux ministres (Manuels Valls, aux Outre-mer, et Amélie de Montchalin, aux comptes publics), à Emmanuel Moulin pour la mission interministérielle dédiée à la Calédonie, au président du gouvernement Alcide Ponga, à la présidente de l'assemblée provinciale Sud Sonia Backès mais aussi aux dirigeants de l'IEOM (l'Institut d'émission d'Outre-mer) et de l'AFD (l'Agence française de développement). 

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Après les débats et les annonces, échantillon de réactions recueillies à Nouméa. Elles apparaissent mitigées.

Stéphane Yoteau, CCI : "le problème crucial des assurances"

Pour le représentant de la Chambre de commerce et d'industrie, "cette conférence économique arrive un petit peu en fin de parcours, mais elle a le mérite d'exister". "On a eu une première rencontre par visio avec Bercy mercredi soir et on s'est aperçus qu'il avait un vrai écart de perception des réalités", signale Stéphane Yoteau. Ressenti différent samedi : "On a eu l'impression, et notamment avec le discours de clôture du ministre Manuel Valls, qu'on était beaucoup plus alignés sur les constats puis les objectifs." 

À ses yeux, "le succès est multifactoriel. Il y a l'accord politique, mais aussi le problème absolument crucial des assurances. Et puis il y a les aides de l'Etat, fortes, mais surtout orientées vers la sphère publique et la résorption des déficits. Les entreprises privées, qui sont les créateurs de la valeur ajoutée, [ont] une part beaucoup plus faible. L'État nous dit : 'On vous aide beaucoup.' Oui, mais peut être pas au bon endroit." 

Henry Calonne, chef d'entreprise : "On va voir"

"Je crois que ce forum était important", considère Henry Calonne, qui insiste sur un point "revenu plusieurs fois sur le tapis" : "Il va falloir un accord politique rapidement. Quels que soient les moyens financiers qu'on va mettre sur la table, à un moment donné, ça passe par là, je pense que tout le monde en a conscience."

Le chef d'entreprise retient aussi "des échanges divers et variés, mais tout le monde se rejoint à peu près sur le fait qu'il est impératif de trouver des solutions pour arriver à reconstruire, à remettre la Calédonie sur quelque chose de dynamique, parce que les indicateurs sont plus que pessimistes." Et de conclure : "On va voir…" 

Christophe Coulson, UT CFE-CGC : "Je suis très satisfait"

Le président de l'UT CFE-CGC pose un regard positif sur ce forum. "On sent de la part de notre ministre de l'Outre-mer un engagement très fort, pris par l'Etat, pour nous aider à sortir de l'impasse, et des difficultés économiques et sociales. Je crois que c'est un très très bon signe, déclare Christophe Coulson. Je suis très satisfait à la fin de cette première réunion, on a été pris en compte, et j'attends avec impatience de voir la suite. Le ministre a dit qu'il viendra en Calédonie et j'espère qu'on aura le droit de le rencontrer."

Christopher Gygès, gouvernement : "On a eu des réponses et des engagements"

Le membre du gouvernement Ponga en charge de l'économie met en avant la volonté politique de soutenir le Caillou. "Il a été dit plusieurs fois par le ministre Manuel Valls que l'Etat serait aux côtés de la Nouvelle-Calédonie", rapporte Christopher Gygès. "On a eu des réponses sur la question des assurances. Des engagements, aussi, sur le financement du chômage partiel et du chômage de droit commun."

"On voit que tous les partenaires politiques étaient autour de la table, indépendantistes comme non indépendantistes, souligne l'élu des Loyalistes. Il faut qu'on travaille ensemble à reconstruire. C'était un sujet extrêmement important. L'engagement des ministres était affiché. Maintenant, il faut que ça se matérialise. Sur les assurances, sur la reconstruction, sur les investissements prévus… Je crois que les chefs d'entreprise attendent ça." 

Le reportage de Caroline Antic-Martin et Christian Favennec

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