A la barre, mercredi 12 avril, le médecin légiste. Il décrypte les conséquences des trois tirs reçus par Eric Martinez, le 13 septembre 2018. Cet après-midi-là, Olivier Pérès se rend en voiturette sur le green du golf de Tina. Arrivé au niveau du trou numéro 16, il sort son fusil de chasse, chargé avec deux cartouches de calibre 12.
Le détail des trois tirs
Et il fait feu à deux reprises en direction de son voisin. L’homme est atteint une fois à l’avant-bras, de loin. Puis au niveau de la hanche. Deux tirs successifs qui se font en mode dynamique. Le deuxième met à genou Éric Martinez. Le médecin légiste estime “que le tir est incapacitant, il ne peut pas se relever”.
L’accusé recharge son arme et tire une troisième fois, à moins de deux mètres. La victime est touchée au dos, ce tir s’avère létal. En l’absence de l’expert en balistique à la barre, ce matin, il est mis en évidence qu’avec un tir rapproché, les plombs sont concentrés. Il y a un effet balle. La bourre de cartouche est retrouvée dans le corps du défunt. Cela signifie que l’arme était proche. Le médecin légiste décrit "une phase d’agonie de quelques minutes chez la victime".
Qui dit vrai ?
Place à présent à un témoignage très attendu : on entend la veuve de la victime. La veille au soir, l’expert psychiatre criminologue interrogé par visio-conférence a évoqué l’importance, selon lui, de faire toute la lumière dans les dires de Laurence Martinez et d’Olivier Pérès. Il a estimé que “l’accusé était intoxiqué par la représentation objectivement inquiétante d’Eric Martinez”. Est-ce que Laurence Martinez s’est faite le relais des menaces de son mari à l’égard des enfants Pérès ? Est-ce qu’Olivier Pérès dit toute la vérité sur ses échanges avec elle avant son passage à l’acte ?
"Le Dr Pérès est mort en même temps que mon mari”
Frêle, en pleurs, Laurence Martinez revient sur le drame. “J’ai eu l’impression d’être percutée par un train à grande vitesse”, dit-elle. “Je ne m’attendais pas à ce que le Dr Pérès, pour qui j’avais le plus grand respect, puisse commettre ce geste. Le Dr Pérès est mort en même temps que mon mari.” Elle déclare avoir découvert des choses horribles : “J’ai été trahie par Mathilde Pérès, par mon mari et par Olivier Pérès.”
Deux facettes
Laurence Martinez explique que son mari avait une face lumineuse. “C’était un bon père, il était merveilleux avec ma mère en situation de handicap.” Mais “il avait aussi une face sombre”. Elle précise qu’elle n’était pas au courant de ses nombreuses infidélités (“seulement” de deux), ni la relation qu’il a entretenue avec Mathilde Pérès. Laurence Martinez ne savait pas non plus, ajoute-t-elle, que son époux n’avait pas de passé militaire prestigieux, que tout était inventé.
Se montrant en colère, déçue, elle confie être désormais en mode survie, avec son fils. Un jeune homme qui avait douze ans, au moment du drame. Le témoin évoque aussi les différentes violations de son contrôle judiciaire par l’accusé, lors de sa remise en liberté après les faits, son témoignage filmé et son livre Le Diable existe.
Toujours à la barre, Laurence Martinez est interrogée par la cour, la présidente et ses assesseurs. D'après ses dires, c’est Olivier Pérès qui l’appelle et lui donne des rendez-vous avant le drame. Lui, qui lui apprend l’infidélité de son époux avec Mathilde Pérès. Il lui dira aussi plus tard qu’il a demandé à sa femme de couper les ponts avec Éric Martinez. Elle revient sur une de ses dernières rencontres avec l'accusé. Il l’informe, déclare-t-elle, que sa relation avec son épouse est apaisée mais que son mari à elle voyait de jeunes prostituées dans des garçonnières, qu’il voulait partir avec Mathilde à Ibiza quand ils entretenaient leur relation extra-conjugale, qu’il voulait abandonner son fils…
La question d'éventuelles menaces envers les enfants
L'audition de ce témoin jugé clé se poursuit. Interrogée par Me Martin Calmet, avocat de la partie civile, Laurence Martinez répond en larmes. "Bien sûr que non, je ne suis pas satisfaite de la mort de mon mari." Elle précise n’avoir jamais été au courant que son conjoint a, ou aurait, proféré des menaces envers les enfants d’Olivier Pérès. Ensuite questionnée par l’avocate générale, Claire Lanet, elle dit avoir été informée par les forces de l’ordre, après le drame, "d’une rumeur comme quoi son mari aurait menacé les enfants Pérès".
Me Céline Lasek, avocate de la défense, revient sur les déclarations passées de Laurence Martinez - "Lorsque j’ai été au courant de la relation extra-conjugale, j’ai demandé à Olivier de ne pas en parler à Eric, parce qu’il pourrait être violent". Ce mercredi, la veuve de la victime répond que tout s’est emmêlé dans sa tête lors de ses déclarations. "Après le drame, j’ai été sous calmants durant près d’un an."
Fadettes
Avant les faits, Laurence Martinez déclare qu'elle a voulu des explications de la part de son mari. Elle ajoute que la situation était redevenue normale dans les deux couples, les amants ayant rompu. Lasse, dit-elle, de voir en cachette l’accusé, elle demande à Olivier Pérès de charger l’application messenger pour communiquer avec lui, afin que son mari ne découvre pas leurs échanges. Un message qu'elle lui envoie par ce biais va le bouleverser, la veille de ce fameux jour. Un non message, plutôt, car l’accusé n'a pas pu le lire, comme il a été déjà expliqué.
Les avocats de la défense continuent à décortiquer les déclarations du témoin. Interrogée par Me Cécile Moresco, elle revient sur sa profession d’hypnothérapeute. A-t-elle pu manipuler Olivier Pérès ? L’hypnose qu’elle pratique, répond Laurence Martinez, est conversationnelle, elle ne peut pas faire faire des choses à quelqu’un contre son gré. Me Moresco lit alors des échanges téléphoniques attribués aux époux Martinez, extraits d'un disque dur. Ils pourraient laisser entendre que Laurence Martinez était au courant de la liaison entre son mari et Mathilde Pérès.
La présidente suspend l'audience pour prendre connaissance de ce nouvel élément et savoir quelle suite donner à ces enregistrements. La cour décide finalement de poursuivre l'audience et de communiquer une copie de ces échanges à la partie civile.
Compte-rendu au JT du 12 avril par Natacha Lassauce-Cognard, Carawiane Carawiane et Nicolas Yann Martin :
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