25 heures de vol dans le DC8 présidentiel de l’époque, pour un séjour calédonien d’à peine 12 heures, “sans aucune déclaration spectaculaire”, notait le présentateur du Soir 3 Jean-Jacques Peyraud, en annonçant la visite surprise de François Mitterrand en Nouvelle-Calédonie.
Mort de Yves Tual et Eloi Machoro
Un voyage qui s’inscrit dans un contexte difficile : moins d’une semaine auparavant Eloi Machoro était tué à La Foa par les forces françaises, un jour après la mort, le 11 janvier, du jeune Calédonien d'origine européenne Yves Tual tué sur sa propriété. La Nouvelle-Calédonie est placée en état d’urgence.
Interrogé sur ces événements par Christine Ockrent, le président avait assuré qu’il “irait en Nouvelle-Calédonie.” “Quand ?”, lui avait alors demandé la journaliste. “Demain”, répond François Mitterrand.
Arrivé à Nouméa, tandis que des milliers de partisans du maintien dans la France manifestent, le président de la République se rend directement au haut-commissariat, pour entendre les leaders politiques de tout bord.
Réactions calédoniennes
“Ce que j’ai pu dire au président de la République, c’est que toute solution de progrès ne peut avoir une chance de réussir que dans le cadre de la République Française”, expliquait le non-indépendantiste Jacques Lafleur à la sortie. Tandis que l’indépendantiste Jean-Marie Tjibaou se félicitait de cette visite, importante selon lui pour “la région qui prend en compte ce déplacement comme une prise en considération, encore peut-être plus, plus importante du problème posé par la revendication d’indépendance du peuple Kanak en Nouvelle-Calédonie mais problème posé aussi pour la région.”
Nouveau statut
François Mitterrand restera très prudent au cours de ce déplacement, dont le but était avant tout de réaffirmer le rôle de l’Etat et la reprise en main du dossier calédonien par Paris, alors que le statut d’indépendance-association proposé par Edgar Pisani, délégué du gouvernement à Nouméa (équivalent du haut-commissaire) est rejeté par les deux camps. “Il appartient à la France non pas de se substituer aux volontés populaires multiples, mais de chercher la voie commune et d'obtenir sur elle le consentement le plus général possible”, s’était donc borné à dire le président de la République dans une courte allocution.
À son retour à Paris, François Mitterrand annoncera un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie et la prolongation de l’état d’urgence.
Retour en images sur le déplacement de François Mitterand dans cette vidéo de l'INA :